Consolidation de la paix, paix libérale, communauté internationale, démocratie libérale, Conseil de sécurité, ONU
« Sans cette étape de consolidation de la paix, sans l'intégration de cette étape dans la conception même et la conduite des opérations de maintien de la paix, nous échouerons ».Cette déclaration faite en octobre 2010 par Gérard Araud, représentant permanent de la France au Conseil de sécurité de l'ONU, traduit ainsi l'enthousiasme créé par cette conceptionintégrée récemmentdans la majorité desopérations internationales de paix.En effet, si le terme anglais peacebuilding apparaît dès le XVIe siècle, les origines conceptuelles de la consolidation de la paix procèdent de la distinction entre « paix négative » et « paix positive » développée par Johan Galtung dans les années 1970, soit la simple « absence de violence directe et organisée entre groupes humains ou nations » pour la première tandis que la seconde se caractérise par la construction d'une paix durable par la coopération entre ces groupes et l'éradication des causes profondes du conflit (Galtung, 1975 :29).Cette notion de « paix positive » a rapidement été consacrée par la communauté internationale– portée par l'idéal de paix émergeant à la fin de la guerre froide – dans les années 1990 à travers le concept de consolidation de la paix.
[...] En effet, si le terme anglais peacebuilding apparaît dès le XVIe siècle, les origines conceptuelles de la consolidation de la paix procèdent de la distinction entre « paix négative » et « paix positive » développée par Johan Galtung dans les années 1970, soit la simple « absence de violence directe et organisée entre groupes humains ou nations » pour la première tandis que la seconde se caractérise par la construction d'une paix durable par la coopération entre ces groupes et l'éradication des causes profondes du conflit (Galtung : 29). Cette notion de « paix positive » a rapidement été consacrée par la communauté internationale – portée par l'idéal de paix émergeant à la fin de la guerre froide – dans les années 1990 à travers le concept de consolidation de la paix. Cependant, la déclaration de M. Araud renvoie également à toutes les controverses qui entourent l'effort de conceptualisation de cette notion de « consolidation de la paix ». [...]
[...] On retrouve également une multitude d'acteurs internationaux – ONGs notamment – ou régionaux tels que l'Union de la rivière Mano et le Forum pour la paix en Afrique. Cette multiplicité des acteurs contribue d'ailleurs à la diversité des formules de consolidation de la paix proposée, selon les cas où l'ONU s'attribue à la fois les tâches militaires et civiles, ou les partage avec plusieurs acteurs. Ceci entretien ainsi l' « élasticité » du concept. Une diversité d'acteurs à l'origine également d'un problème de coordination réduisant l'efficacité des missions et favorisant l'unilatéralisme américain dans leurs interventions internationales Cette diversité d'acteurs engendre également des difficultés de coordination pouvant perturber le bon déroulement des opérations de consolidation de la paix. [...]
[...] Cet avis est loin d'être partagé par tous. L'absence de consensus sur sa définition en a d'ailleurs fait un concept « élastique », réapproprié par divers acteurs investis dans des interventions à dimensions variables. Ainsi, la communauté internationale ne devrait-elle pas mettre de côté son idéalisme initial et recentrer ses actions afin de consolider ce concept encore en quête d'identité et ainsi lui rendre les moyens de ses ambitions ? Malgré un relatif consensus autour d'un modèle de « paix libérale », la conceptualisation de cette notion devenue multiforme tant sur le plan théorique que pratique reste difficile, alimentant sa perte de légitimité et d'opérabilité Un exercice de conceptualisation périlleux, source de conflits entre différents courants de pensée Malgré un relatif consensus autour d'un modèle de « paix libérale » La chute du bloc soviétique engendre de nombreuses transformations du système international avec notamment deux évo-lutions majeures : le triomphe de l'idéologie libérale mais également la fin de l'équilibre artificiel maintenu par le bipolarisme de l'espace mondial laissant libre cours à l'éclatement de multiples conflits régionaux. [...]
[...] Cependant, l'emprunte libérale demeure et l'interventionnisme des acteurs occidentaux reste source de nombreuses critiques. Les efforts entrepris au cours de la dernière décennie doivent donc se poursuivre afin d'un véritable passage du discours à la réalité. Bibliographie : CHETAIL (Vincent), Dir., Lexique de la consolidation de la paix, Bruylant, Bruxelles CONOIR (Yves) et VERNA (Gérard), Dir., Faire la paix – Concepts et pratiques de la consolidation de la paix, Les Presses de l'Université Laval, Canada GALTUNG (Johan), War and Defense : Essays in Peace research, Vol ROCHA MENOCAL (Alina) et KILPATRICK (Kate), Comment consolider la paix le plus efficacement ? [...]
[...] Les organisations civiles elles-mêmes – acteurs du développement, institutions financières – ne s'entendent pas toujours pour la définition du programme de consolidation de la paix. Ces difficultés d'entente et de coordination minent ainsi l'efficacité des missions et engendrent une perte de légitimité du concept, au sein de la communauté internationale mais aussi parmi les populations locales. Les critiques les plus virulentes proviennent des Etats-Unis – notamment après les attentats du 11 sep-tembre – qui saisissent de ce prétexte, dans le contexte de guerre contre le terrorisme, pour proposer une formule de consolidation unilatérale de la paix en Afghanistan puis en Irak, dénaturant les fondements du concept. [...]
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