Chaque auteur apporte ici son point de vue sur le sujet et tente d'apporter des pistes de réflexion sur les enjeux passés, présents et futurs de l'APD. Pour les saisir au mieux, il faut avoir en vue le parcours de ceux-ci.
Olivier Charnoz travaille depuis 2002 comme chercheur interdisciplinaire en sciences sociales à l'Agence Française de Développement (AFD), une institution financière publique faisant partie du dispositif français de l'APD. Elle soutient les pouvoirs publics, le secteur privé et les associations de proximité pour mettre en oeuvre des projets économiques et sociaux.
Jean-Michel Severino y a été directeur de 2001 à 2010. Précédemment, il occupait le poste de directeur pour l'Europe centrale puis de vice-président de la Banque mondiale pour l'Asie.
Olivier Guillaume travaille sur le développement comme ingénieur et économiste. Il fait partie de l'association Survie qui mène des campagnes d'information et d'interpellation pour une réforme de la politique française en Afrique et des relations Nord-Sud.
Jean-Jacques Gabas est un économiste, chercheur et universitaire.
[...] De plus, il montre le caractère absurde d'une fixation d'un pareil volume : comment calculer le budget nécessaire au développement d'un pays ? Le développement est une notion trop complexe, qui prend en compte trop de variable pour être évalué par un montant dans une devise donnée. L'auteur pointe donc ici un paradoxe entre la rigidité de l'APD et la délicatesse d'appréciation du développement d'un pays. Charnoz et Severino adoptent une approche technique pour mettre en avant le fait que les montants officiels de l'APD sont surévalués par rapport aux montants effectifs. [...]
[...] Olivier Guillaume travaille sur le développement comme ingénieur et économiste. Il fait partie de l'association Survie qui mène des campagnes d'information et d'interpellation pour une réforme de la politique française en Afrique et des relations Nord-Sud. Jean-Jacques Gabas est un économiste, chercheur et universitaire. On peut donc se poser la question suivante : quel constat et quelles critiques font les trois auteurs de l'aide publique au développent actuelle et quels sont les enjeux auxquels ils se confrontent pour penser l'aide publique au développement de demain ? [...]
[...] En premier lieu, le vocabulaire utilisé souligne l'inégalité entre pays développés et en développement : en parlant de pays en retard on suppose qu'il n'existe qu'une seule trajectoire de développement et que certains sont plus en avance que d'autres. Gabas remarque donc qu'une relation verticale asymétrique s'instaure entre PED et pays du Nord. L'action du don n'est effectivement pas neutre. Donner implique une position de supériorité sur le receveur (à moins que celui-ci réponde par un contre-don). Ainsi, donner à des pays incapables de contre donner permet de mettre en place cette relation de domination. Son analyse emprunte ici à l'anthropologie et aux travaux de Marcel Mauss dans Essai sur le don. [...]
[...] A l'inverse, celle de Guillaume Olivier est beaucoup plus critique : étant membre de l'association Survie, il défend une thèse militante à l'encontre des politiques clientélistes des pays occidentaux et notamment de la France. Enfin, Jean-Jacques Gabas se distingue par son profil d'universitaire : il part de définitions théoriques précises pour mettre en lumière les contradictions présentes dans la réalité. Au final, la lecture de ces trois angles de vue permet de constater l'écart existant entre les objectifs officiels de l'APD (l'essor des pays du Sud) et la complexité de la réalité (l'importance des intérêts stratégiques et économiques des pays occidentaux, la multiplicité des acteurs locaux et internationaux). [...]
[...] Le bilan actuel de l'APD Les travaux de Jean-Jacques Gabas datent de 2004. Ainsi, il note que le montant total de l'APD venant des pays membres du CAD n'a pas véritablement évolué depuis les années 1990. Le graphique de l'OCDE présenté dans le livre de Charnoz et Severino (graph : APD nette totale des pays membres du CAD, 1960-2005) confirme ce constat : l'APD nette totale stagne aux alentours de 50 milliards de dollars en 2004. Jean-Jacques Gabas déplore donc cette stagnation alors que le RNB des pays ne cesse de croitre. [...]
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