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Le présent discours a été prononcé par le président russe Vladimir Poutine lors de la 43è édition de la Conférence sur la sécurité à Munich le 10 février 2007. Cette conférence rassemblait un cénacle très atlantiste comportant 270 personnes provenant de plus de 40 pays, dont une cinquantaine de ministres des affaires étrangères et de la défense. Dans un contexte de tensions croissantes entre les Etats-Unis et Israël d'une part, et l'Iran de l'autre, la conférence visait à préciser les intentions iraniennes, le rôle de l'Union européenne et de l'OTAN, ainsi que la position de la Russie sur la scène internationale. Elle était intitulée « Restaurer le partenariat transatlantique », puisqu'il s'agissait de pouvoir réunir à nouveau les Européens après que ceux-ci se soient divisés sur la question de la guerre contre le terrorisme. C'est la première fois que Poutine se rend à la conférence depuis qu'il a accédé au pouvoir en 2000 et il est déterminé à prouver qu'à l'inverse de ce qui s'était produit sous Eltsine où elle avait été laissée pour compte, la Russie est bel et bien un Etat avec lequel il est nécessaire de composer et dont les intérêts doivent être compris et respectés. Poutine a en effet été l'homme de la rupture et celui qui a redonné du prestige à son pays. Pour peser de tout son poids dans le règlement des différends qui l'opposent aux autres membres de la communauté internationale, il utilise la technique du linkage c'est à dire qu'il relie bon nombre de dossiers entre eux qui, selon lui, doivent être solutionnés simultanément. Cela ne facilite pas l'analyse puisque la position russe apparaît dès lors comme un bloc homogène qu'il faudra observer sous différents angles tout en gardant en tête le très fort lien unissant les différentes questions soulevées.
[...] Lorsque Poutine affirme que « le prix des hydrocarbures doit être établi par le marché et ne doit pas faire l'objet de spéculations politiques ni de pressions ou de chantages économiques » 137-138), il ne fait là que de simples déclarations rhétoriques. En décembre 2005 par exemple, la Russie a annoncé une hausse de ses tarifs de gaz en direction de l'Ukraine en réponse aux volontés émancipatrices du président Iouchtchenko, porté au pouvoir par la révolution orange au grand dam de Moscou, et qui cherche à tourner son pays vers l'Europe occidentale. [...]
[...] Dans cette perspective, l'arme économique se met directement au service de la politique étrangère russe. Néanmoins, cela ne va pas sans lui poser certains problèmes, notamment en ce qui concerne « le processus d'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du Commerce » 143-144). En effet, si les « négociations [ont été] longues et difficiles » c'est aussi parce-que l'économie russe a du mal à se conformer aux critères d'adhésion de l'OMC. Il lui faudrait respecter la clause de la nation la plus favorisée et étendre les avantages octroyés aux Etats de la CEI à tous ses membres. [...]
[...] Poutine y voit « une provocation sérieuse [ ] abaissant le niveau de confiance mutuelle » 108). Le Kremlin interprète ces agissements comme une volonté de morceler l'espace post-soviétique et d'entraîner certaines de ses parties dans le système d'alliances américain afin d'empêcher la réintégration économique ou militaro-politique de cette zone sous l'égide de Moscou. « On s'efforce de nous imposer de nouvelles lignes de démarcation et de nouveaux murs » qui « ne manquent pas de diviser, de compartimenter notre continent »(l 116-117). [...]
[...] Gates, secrétaire américain à la Défense, en accusant les Etats-Unis de garder « quelques centaines de charges nucléaires pour les 'mauvais jours' »(l 70-71). Il fait allusion ici au traité russo-américain sur la réduction des potentiels offensifs stratégiques qui risque d'être mis à mal puisqu'en vertu de la nouvelle politique nucléaire américaine (2002) le nombre de charge sera réduit en recyclant des vecteurs pour des missions non nucléaires, donc la possibilité de déployer à nouveau ces charges demeure. Ainsi, Poutine fustige la prétention hégémonique américaine, se présente alors comme un politicien soucieux de préserver les « intérêts de tous » par un renforcement du dialogue et de la coopération. [...]
[...] Poutine, discours de Munich Dans quelles mesures le discours de Poutine révèle-t-il les nouvelles ambitions de la politique étrangère russe : la puissance et l'indépendance, et sont elles réalisables ? I. Un état des lieux critique de l'état du système international de sécurité A. La remise en cause de la prétention des Etats-Unis à structurer le système international . B . appelle à une reconfiguration des rapports de puissance pour répondre à des enjeux sécuritaires essentiels II. Les points de crispation de la politique étrangère russe A. [...]
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