Le concept « d'intervention » fait débat dans les écoles de pensée des Relations internationales car il traduit les diverses actions qu'un Etat entreprend dans un Etat étranger, au nom de ses intérêts nationaux propres ou de l'équilibre du système international . Comme le souligne Thierry Tardy , « intervention » appelle les concepts de souveraineté nationale, ingérence, autodétermination des peuples, etc. Elle soulève donc la question de la légitimité d'un Etat à intervenir dans un autre Etat et s'inscrit souvent dans le cadre d'un conflit armé.
Dans son article « Les « réalistes » contre les interventions : arguments, délibérations et politique étrangère », Pascal Vennesson s'attache à montrer que les réalistes ont tendance à condamner les interventions. Cette thèse tire son intérêt de son caractère paradoxal : comment les réalistes peuvent-ils à la fois décrire le système international comme un système anarchique dans lequel les Etats recherchent unilatéralement un gain de puissance et se montrer en même temps frileux dans l'action ?
Il faut d'abord revenir sur la thèse de Pascal Vennesson pour comprendre et dépasser ce paradoxe. Ensuite, il faut vérifier la pertinence de cette thèse en étudiant le discours de certains réalistes à la veille de l'intervention militaire des Etats-Unis en Irak en 2003.
[...] o Mearsheimer John, Walt Stephen, Kristol William, Boot Max, Iraq the war debate http://www.cfr.org/publication/5513, Council on Foreign Relations février 2003. o Posen Barry, Foreseeing a Bloody Siege in Baghdad http://select.nytimes.com/gst/abstract.html?res=FA0A10F8395E0C708 DDDA90994DA404482&n=Top%2fNews%2fWorld%2fCountries%20and%20Territ ories%2fIraq, New York Times octobre 2002. Arreguín-Toft Ivan, How the weak win wars, a theory of asymmetric conflict International Security, pp. 96-128. Hassner Pierre & Vaïsse Justin, Ascension ou déclin de la puissance américaine ? http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues- collections/questions-internationales/3/ascension.shtml , Questions Internationales, septembre-octobre 2003 Mearsheimer John & Walt Stephen, An Unnecessary War Foreign Policy, No 134 (Janvier-février 2003), pp. [...]
[...] Ainsi, il reprend[12] les quatre critères propres aux réalistes, établis par Hans Morgenthau dans Politics among Nations. Les entités principales des Relations internationales sont les Etats. Baignés dans un environnement anarchique, ces Etats ne peuvent compter que sur eux- mêmes dans leur recherche de puissance et de sécurité. De plus, c'est le système international qui influence les actions des Etats (de façon plus ou moins prépondérante selon le réalisme classique ou le réalisme structuraliste). Enfin, la force est le mode d'action effectif de ces Etats. [...]
[...] John Mearsheimer pense qu'une stratégie de containment est suffisante au sujet des armes de destruction massive. Pour lui, Saddam Hussein n'agira pas irrationnellement contre les Etats-Unis à moins que ces derniers ne le provoquent. De plus, l'Irak ne saurait être la cause d'une prolifération nucléaire dans la région : chaque Etat est conscient de l'enjeu de puissance qui découle de l'arme nucléaire et cherche à se l'approprier indépendamment de son voisin. John Mearsheimer et Stephen Walt concluent : Both logic and historical evidence suggest a policy of vigilant containment would work [54]. III. [...]
[...] Selon lui, les néo-conservateurs au pouvoir ont une mauvaise vision des Relations internationales. Ces derniers pensent que les Etats- Unis disposent d'un pouvoir militaire conséquent dont ils peuvent user à leur guise pour défendre les intérêts nationaux américains. Ils usent de la big-stick diplomacy qui les conduit à favoriser l'action unilatérale d'emploi de la force plutôt que la traditionnelle diplomatie nécessitant des bases multilatérales. De plus, ils croient au principe du bandwagoning alors que pour les réalistes c'est le balancing qui régit les Relations internationales. [...]
[...] La triple rhétorique réactionnaire dans le discours des réalistes sur les interventions 1. La perversité : les interventions produisent l'effet inverse L'observation faite par Pascal Vennesson est que les réalistes condamnent les interventions car elles conduiraient au résultat inverse du but initial. Les Etats agissent pour maximiser leur puissance. Or bien souvent, si cette démarche se traduit par une intervention, l'objectif n'est pas atteint. Pour Pascal Vennesson, cet argument a été utilisé par les réalistes à l'égard de la politique interventionniste développée par Reagan. [...]
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