Michel Foucher, dans Fronts et Frontières, définit la géopolitique comme suit : « Une méthode globale d'analyse géographique de situations socio-politiques concrètes, envisagées en tant qu'elles sont localisées, et des représentations habituelles qui les décrivent. Elle procède à la détermination des coordonnées géographiques d'une situation et d'un processus socio-politique et au décryptage des discours et des images cartographiques qui les accompagnent » . Beaucoup d'auteurs ont condamné la géopolitique en raison de son implication dans les politiques de puissance et d'empire après la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, Hervé Couteau-Bégarie remarque : « la géopolitique [fut] disqualifiée pour des raisons techniques (révolution nucléaire) et idéologiques après la deuxième guerre mondiale » . Jean-Paul Joubert remarque cependant dans son article Dussouy, Quelle géopolitique au XXème siècle que cette discipline tend à émerger à nouveau. Par exemple, il note que récemment, un membre du gouvernement israélien a réactivé le concept « d'espace vital » définit par la géopolitique de Ratzel et d'Haushofer. De même, l'Américain Zbigniew Brzezinski se sert de la géopolitique pour penser et préserver la puissance hégémonique américaine.
[...] Ainsi la géographie est-elle responsable des luttes qui se perpétuent à travers l'histoire, alors que passent gouvernements et dynasties Comme Mackinder et Mahan avant lui, Spykman part du constat de l'émergence des puissances maritimes au début du XXème siècle. Pour lui, l'émergence de puissances maritimes a reconfiguré l'espace géopolitique mondial. En effet, les empires maritimes britannique, français, japonais et américain ont remplacé les anciens empires continentaux qu'ont été les empires romain, chinois et russe. D'ailleurs pour lui, c'est la force maritime qui a rendu possible la conception du continent eurasiatique A ce propos, il reprend à Mackinder le concept de heartland (qu'il appelle aussi plaine centrale ainsi que celui de croissant intérieur ou inner crescent qu'il rebaptise le rimland De même, il réutilise le concept de ceinture maritime qui entoure le rimland et, plus à la périphérie, le croissant extérieur ou outer crescent constitué des continents off-shore (l'Australie, l'Afrique, le Japon, la Grande Bretagne) ainsi que la ceinture océanique et le Nouveau Monde transocéanique . [...]
[...] Aussi, il est probable que sa thèse ait influencé l'administration américaine au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. En effet, il convient de noter que Spykman élabore son modèle géopolitique en 1943. Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les hauts responsables américains à la Défense établirent que tout groupe de puissances qui essayerait de dominer l'Eurasie devrait être considéré par les États-Unis comme potentiellement hostile D'ailleurs, dès l'été 1946, Kennan dessine la doctrine du containment, adoptée et reprise par Truman en mars 1947[44]. [...]
[...] De plus, certains Etats de cette zone disposent de l'arme nucléaire. Au regard de ces éléments, les Etats qui occupent cette région ont une puissance cumulée supérieure à celle des Etats-Unis ; c'est pourquoi il est de l'intérêt de la puissance mondiale américaine d'empêcher l'union de leurs forces pour ne pas être concurrencée dans sa position d'hégémon. Sans citer précisément les acteurs sensibles de cet échiquier eurasien, Brzezinski constate que le plus fort concurrent des Etats-Unis est la Chine. Indirectement, il est de leur intérêt de contrôler la Chine en s'appuyant sur le Japon[67]. [...]
[...] Les alliances et conflits de la Guerre Froide dans le rimland Michael Gerace souligne, avec raison, que les plus grands conflits de la Guerre Froide eurent lieu dans le rimland dessiné par Spykman. Par exemple, la Guerre de Corée de 1952 à 1953, les trois crises du Détroit de Formose entre 1954 et 1958, la crise de Berlin de 1961, la guerre d'Indochine puis du Vietnam entre 1964 et 1975 se situèrent précisément dans la zone géographique bordant l'URSS et ses sphères d'influence[51]. [...]
[...] Elle doit simplement essayer d'ouvrir son territoire par des fenêtres maritimes[17]. C'est d'ailleurs toute son entreprise pendant la première moitié du XXème siècle. Cependant, dès 1941, le Pacte germano-soviétique de 1939 est rompu par l'Allemagne, réduisant à néant la perspective d'alliance crainte par Mackinder. Mackinder a su adapter son modèle de structuration du monde aux évolutions du système international. Ainsi, en 1904, il parlait de pivot géographique du monde En 1943, il préférait le terme de heartland pour traduire les bouleversements internationaux et l'intégration de perspectives idéologiques dans la politique. [...]
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