La polémologie naît d'une réflexion sur l'échec du pacifisme : constatant que les incriminations successives des causes de la guerre n'avaient jamais réussi à la prévenir, Bouthoul, puis les chercheurs qui ont travaillé après lui, ont voulu redéfinir l'étude de la guerre et de la paix en adoptant pour principe : « si tu veux la paix, connais la guerre ». La polémologie se pose ainsi en sociologie des guerres, dans une démarche positiviste et « axiologiquement neutre ». L'alternance constante de la guerre et de la paix dans l'histoire des sociétés humaines ne peut, selon lui, être due qu'au hasard, aux aléas ou à des ressorts psychologiques inexplicables positivement.
L'extrait soumis à l'étude est issu de "Huit mille traités de paix" (1948) et nous propose une réflexion méthodique sur l'efficacité des différents plans de paix et sur l'éventuelle relation causale qui lierait la démographie à la bellicité : quelles sont les conditions et limites de la mise en œuvre des théories de la paix ? La pression démographique d'une société peut-elle la pousser à la guerre ?
[...] La politique de la population doit tendre à ramener les éléments divergents vers le point qui a été déterminé comme le meilleur Pour Eugène Dupréel, rechercher l'optimum de la population, c'est déterminer pour une humanité grandissante le point à partir duquel les inconvénients qui résultent de la densité l'emporteront sur les avantages qui résultent de l'état de croissance L'optimum de la population correspond en cela au rapport optimal de la démographie avec les ressources économiques. Bouthoul nous explique qu'au cours des siècles, bien des auteurs ont abordé la question de l'optimum de la population, mais qu'aucun n'est réellement parvenu à la cerner. [...]
[...] Jusqu'à présent du moins, celles-ci ont tôt fait, hélas, de prendre la place laissée libre par les facteurs éliminés. L'expérience de plusieurs siècles a donc montré l'efficacité véritable des plans de paix. Chaque fois que ceux-ci se sont attaqués à l'une des causes minées des conflits, ils ont en général réussi à rendre cette cause inoffensive. Une seule propagande n'a jamais donné que des résultats négatifs: c'est celle qui s'attaque non pas à tel ou tel facteur, mais à la guerre en elle-même. [...]
[...] Gaston Bouthoul, "Huit mille traités de paix", Paris, Julliard p. 189-193 Table des matieres INTRODUCTION PARTIE 1 : la mise en œuvre des théories de la paix et leur relative efficacité A. Les processus de pacification : limites et conditions d'efficacité B. Le principe de la cause unique et les mouvements d'opinion PARTIE 2 : LA DÉMOGRAPHIE, UNE FONCTION PERMANENTE DE LA GUERRE A. La question démographique : un facteur jusqu'alors peu envisagé B. L'équilibre démo-économique C. L'« optimum de la population et la critique bouthoulienne bibliographie ANNEXE Annexe 1 : Extrait de Gaston Bouthoul, Huit mille traités de paix (1948) Juriste et sociologue, docteur en droit et en lettres, Gaston Bouthoul est l'un des principaux sociologues du conflit au XXe siècle. [...]
[...] Et enfin, à ceux qui pensent que la paix doit passer par le désarmement[13], Bouthoul oppose que s'armer n'est pas la cause du conflit mais la conséquence de celui-ci. Si Bouthoul réfute la recevabilité des causes attachées aux théories de pacification élaborées jusqu'à lui, il salue néanmoins le fait qu'à chaque fois que la communauté internationale a pris pour cible l'une de ces causes fragmentaires de la guerre, elle est presque toujours parvenue à la neutraliser. Cette réussite est conditionnée par l'existence de mouvements d'opinion que l'auteur définit comme la croyance de l'opinion publique en la virulence d'une des causes de la guerre (l.33- 34). [...]
[...] Une fois ce rapport de la population et de ses ressources saisit sous l'angle de la surpopulation relative, il faut encore ajouter à ces facteurs démo-économiques des facteurs psychologiques : ainsi, nous explique Bouthoul, lorsqu'il existe dans une société une forte aspiration à adopter un niveau de vie élevé, cette aspiration équivaut à elle seule à une brusque hausse de la population. Bibliographie Ouvrages generaux Bouthoul, Gaston, Traité de polémologie, Paris, Payot p. Bouthoul, Gaston, Huit mille traités de paix, Paris, Julliard p. Bouthoul, Gaston, La surpopulation dans le monde, Paris, Payot p. Buquet, Léon, L'optimum de la population, Paris, Presses Universitaires p. Periodiques Landry, Adolphe, Le maximum et l'optimum de la population Scienta Sources internet Bourgeois-Pichat, Jean, Surpopulation http://www.universalis.fr/encyclopedie/R171281/surpopulation.htm. Bouthoul, Gaston Avoir la paix Politique étrangère pp. 212-214, http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032- 342x_1967_num_32_2_6039_t1_0212_0000_2. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture