« Je crois que notre nouvelle conquête est chose heureuse et grande. C'est la civilisation qui marche sur la barbarie. C'est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde, c'est à nous d'illuminer le monde ».
L'exemple algérien enthousiasme Victor Hugo qui livre au début de l'année 1841 ce propos traduisant la haute considération qu'à pour elle-même la civilisation européenne.
C'est également dans cette marche à la civilisation que s'inscrit le texte étudié. Il est extrait du discours prononcés par Jules Ferry le 28 juillet 1885 à la Chambre des députés. Cette assemblée se montre agitée face aux idées que Ferry tente d'exposer à son auditoire. Si au moment de cette justification Jules Ferry n'est plus aux affaires, il profite d'un débat concernant des crédits à attribuer à Madagascar où la France entend imposer son protectorat, pour lancer un véritable hymne à la colonisation.
[...] Le chancelier Bismarck (1871-1890), soucieux de détourner la France de la ligne bleue des Vosges n'hésite pas à lancer des revendications coloniales pour l'Allemagne qui s'était alors montrée réservée. Il propose la tenue d'une conférence s'intéressant non pas aux questions humanitaires, mais à la définition d'une règle commune pour les nouvelles conquêtes africaines. C'est à cette conférence, qui se tient à Berlin du 15 novembre 1884 au 26 février 1885, que Ferry fait allusion aux lignes 23 et 24 : dans les établissements qu'il a formés, qui viennent d'être consacrés par l'aréopage européen et qui sont désormais le domaine de la France C'est à Berlin que l'autorité française a été reconnue sur les zones conquises par Brazza mais c'est surtout le partage du contient africain entre les puissances européennes qui y est consacré. [...]
[...] Plus que les indemnités de guerres, c'est la perte de l'Alsace-Lorraine qui rend la cicatrisation difficile. La mal est si profond que les dix premières années de la III e République se caractérise par un effacement diplomatique pendant que La France se recueille Le président du conseil Freycinet, adresse le 16 avril 1880 une circulaire aux ambassadeurs pour souligner que la politique extérieure est avant tout, un politique de paix et de conciliation Au milieu des années 1870, les puissances européennes se lancent cependant dans une course au clocher (Ferry). [...]
[...] Pour Ferry, l'archétype en la matière et le fidèle Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905) qu'il loue des lignes 19 à 25. Italien naturalisé en 1874, cet explorateur réussi au terme de trois missions, entre 1875 et 1885, à prendre possession du Congo au nom de la France par le traité de protectorat avec le MakokoIloô, chef des Bateké Tio. Alors que son concurrent d'alors, le journaliste américain Stanley place sa brutalité au service de la couronne belge, Brazza réussi par une douce diplomatie basée sur la discussion, à se faire accepter par les peuples qu'il entend coloniser. [...]
[...] Si au yeux de Ferry, néo-mercantilisme, mission civilisatrice et nationalisme forment donc une même entité indissociable, c'est l'argument politique qui se place au plus prêt de l'objectif propre à l'expansion coloniale française. Le triptyque prôné par Ferry n'a rien d'original. Lors de la première colonisation, le commerce et les missions religieuses envoyait avec l'armée des négociants, des jésuites ou lazaristes. Ce n'est cependant qu'a posteriori que le Tonkinois justifie sa politique en n'hésitant pas pour cela à largement puiser dans les thèses antérieures. [...]
[...] Cependant la réflexion en terme de race est bien loin de faire l'unanimité parmi l'auditoire qu'est la Chambre des députés. Devant cette même assemblée le 31 juillet 1885, Georges Clemenceau déclare cyniquement Depuis que j'ai vu des savants allemands démontrer scientifiquement que la France devait être vaincue dans la guerre franco-allemande parce que le Français est d'une race inférieure à l'Allemand. Depuis ce temps je l'avoue, j'y regarde à deux fois avant de me retourner vers un homme et vers une civilisation et de prononcer : homme ou race inférieure Bien que hautement républicain, le motif humanitaire est loin de suffire à justifier à lui seul l'impérialisme de la III e République. [...]
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