Le texte présenté ici est l'un des textes fondateurs de la théorie transnationaliste qui renouvela l'étude des relations internationales en proposant de nouveaux sujets d'études, de nouveaux paradigmes, de nouvelles questions aux observateurs de la politique mondiale.
Plus précisément, ce texte introduit un recueil de différents essais, produits de la réflexion de plusieurs auteurs sur la pluralité des acteurs et des enjeux dans la politique mondiale. Il tire son origine d'une conférence organisée en 1970 par Joseph Nye et Robert Keohane sur les nouveaux acteurs dans la politique mondiale, conférence dont seront tirés plusieurs essais qui apparaîtront dans un premier temps dans une édition spéciale de la revue International Organizations en 1971 puis seront publiés sous forme de recueil par Cambridge University Press en 1972. Dans l'introduction –mais aussi dans la conclusion- de cet ouvrage Nye et Keohane cherchent non seulement à faire la synthèse de toutes les analyses proposées par les différents auteurs mais aussi à en dégager un nouveau paradigme, une nouvelle façon de penser les relations internationales.
[...] Des normes et des valeurs peuvent se diffuser à l'échelle transnationale. Tout cela contribue à ce que les auteurs appellent le changement de mentalité (attitude change) Le développement du pluralisme international est le second effet des relations transnationales. Des groupements d'intérêt national appartenant à des Etats différents peuvent satisfaire des intérêts communs en liant et coordonnant leurs activités. Les organisations transnationales qui se mettent ainsi en place contribuent alors à l'internationalisation de problèmes au départ domestiques. En outre, les Etats se trouvent au cœur d'un ensemble de réseaux transnationaux qu'ils ne contrôlent pas, qui lient entre eux divers domaines de politique intérieure et extérieure et qui les lient à d'autres Etats et d'autres organisations transnationales. [...]
[...] Sidney Tarrow reproche notamment aux auteurs de sous- estimer l'influence des contestations transnationales sur la scène politique mondiale. Est-ce que l'intégration de l'étude des relations transnationales est de taille à introduire une révolution bienvenue dans l'étude des relations internationales ? Le succès rencontré par la théorie telle que développée en 1971 va être pour le moins limité auprès des universitaires : non seulement à cause d'événements qui attirèrent de nouveau l'attention sur les Etats nation mais aussi car le transnationalisme n'a pas réussi à développer un cadre d'analyse pertinent pour expliquer les stratégies d'acteurs aussi variés que les Firmes multinationales, les organisations non gouvernementales, les médias, etc . [...]
[...] Enfin, les organisations transnationales peuvent s'imposer comme des acteurs autonomes dans la politique mondiale. Elles peuvent pratiquer une politique étrangère privée, sans lien et parfois même en opposition totale avec celle suivie par leur gouvernement. Ayant développé des objectifs qui leur sont propres, elles recourent alors aux mêmes outils que ceux traditionnellement utilisés par les Etats. Contrairement au paradigme classique, Nye et Keohane insistent donc sur le fait que les relations transnationales peuvent avoir une influence fondamentale sur les relations interétatiques. [...]
[...] Né en 1937, Joseph Nye a aussi été élu en 2005 l'un des dix professeurs les plus influents en relations internationales. Il a occupé le poste d'adjoint au sous-secrétaire d'Etat sous l'administration Carter, de secrétaire adjoint à la défense sous l'administration Clinton. Il est actuellement professeur à l'université de Harvard où il avait précédemment occupé le poste de doyen et professeur de relations internationales du sultan d'Oman. En outre des théories développées en collaboration avec Robert Keohane, il est le théoricien du concept de soft power. [...]
[...] Dès la fin des années 1960, les transformations de la scène transnationale rendent donc nécessaire le développement d'un autre modèle d'explication de la politique mondiale. Dans la préface du volume, Nye et Keohane expliquent que l'origine de leur réflexion provient d'un dîner du comité de rédaction de la revue International Organization lors duquel ils se sont mis d'accord sur la nécessité de renouveler l'étude des organisations internationales en s'interrogeant sur les raisons de leur apparition et de leur maintien. Cela supposait donc de s'intéresser aux modes d'interaction dans la politique mondiale avant de se demander quel rôle les institutions internationales devaient remplir. [...]
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