« Un nouvel ordre mondial émerge » : voici l'axe de pensée de James Rosenau. Théoricien du fait transnational et professeur des affaires internationales à la George Washington University, James Rosenau s'est fait connaître par sa « théorie de la Turbulence » qu'il développe notamment dans son ouvrage Turbulence in World Politics (1990). Pour lui, nous assistons actuellement à une « bifurcation » de l'ordre international qui débouche sur un monde multicentré mêlant les entités étatiques en perte de vitesse à de nouvelles entités non étatiques qui deviennent les principaux déterminants des relations internationales.
Pour lui, ce phénomène de turbulence ne se traduit pas seulement à l'échelle internationale mais également à celle des Etats au sein desquels les individus sont désormais capables de remettre en cause l'autorité quand elle n'est pas efficiente. Ce phénomène revêt une telle ampleur selon James Rosenau qu'il revient sur l'étude de l'érosion de l'autorité de l'Etat et sur la nécessité primordiale pour l'Etat de susciter l'allégeance de ses citoyens dans son article Les Constitutions dans un monde en proie aux turbulence. Aussi, la problématique envisagée est la suivante : quelles modalités doivent désormais remplir les Constitutions en tant que normes constitutives de l'autorité étatique pour s'adapter au monde turbulent ?
[...] La présence des albanais en Macédoine remonte à la Conférence des Ambassades des Grandes Puissances de 1913 qui se déroula sans représentants albanais. Celle-ci aboutit à un découpage de la région en Etats sans tenir en compte de la population albanaise. Celle- ci se retrouva ainsi disséminée entre la Grèce, le Monténégro, la province serbe du Kosovo et la Macédoine. En Macédoine, les albanais sont majoritairement concentrés au nord et à l'ouest de la République dans une région très montagneuse située autour de la ville de Tetovo, à la frontière entre le Kosovo et la Macédoine. [...]
[...] La crise politique commença en janvier 2001 par un attentat revendiqué par l'Armée de Libération Nationale (UCK-M). A partir de février, environ 6000 guérilleros albanais rassemblés au sein de l'UCK-M mirent en place des actions armées dans les montagnes autour de Tetovo. Les requêtes qu'ils avancèrent en mars furent, non pas la construction d'une Grande Albanie mais la modification du préambule de la Constitution de Macédoine. La République de Macédoine vit en ce mouvement une remise en cause de son intégrité nationale. L'armée de Macédoine fut donc envoyée sur les lieux des opérations armées de l'UCK-M. [...]
[...] En effet, il apparaît dans d'autres contextes qui mettent en jeu des Etats plus puissants, que l'influence des acteurs transnationaux est plus limitée. Par exemple, dans le cas de l'Union européenne, la Grande Bretagne a toujours fait figure de cas d'exception en refusant de se plier à certaines demandes de l'Union européenne, notamment en matière de monnaie européenne. Aussi dans ce cas, l'Etat prévaut sur l'acteur transnational. Ce qui paraît plus pertinent dans la vision de Rosenau est le fait que les individus accroissent leur pouvoir et jugulent celui, tant des Etats que de certains acteurs transnationaux. [...]
[...] Mais l'objectif principal de cet accord, ainsi qu'il est indiqué dans son Préambule, est de favoriser le développement pacifique et harmonieux de la société civile tout en respectant l'identité ethnique et les intérêts de tous les citoyens macédoniens Il accroît ainsi les droits octroyés aux albanais de Macédoine. Ces derniers sont tangibles à travers la modification du préambule de la Constitution mais surtout par les lois de décentralisation du pouvoir inhérentes à celle-ci. Il convient de les passer en revue avant de voir s'ils ont suscité l'allégeance des citoyens macédoniens. a. [...]
[...] L'impact du temps sur la maturation de l'accord d'Ohrid L'accord d'Ohrid organise une nouvelle structure d'autorité avec la décentralisation de certaines fonctions publiques de l'Etat vers des collectivités locales. La maturation de cet accord a t-il cependant suffit a réhabiliter l'autorité étatique ? Les membres actuels du gouvernement macédonien sont unanimes et parmi eux le premier ministre Vlado Buckovski affirme : L'accord a définitivement atteint ses objectifs Au niveau de la population, le sentiment est ambivalent comme le souligne Thomas Claus : Les Macédoniens perçoivent surtout les Accords comme une défaite (ce qui a été perdu varie d'une opinion à l'autre). [...]
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