Réforme-humanitaire-cluster-OCHA-Haiti-coordination
«La multitude d'ONG venues couvrir les besoins de base de la population, arrivent parfois trop tôt. Il peut y avoir un encombrement de colis inutiles, on l'a vu lors du tsunami de 2004 : les gens envoyaient n'importe quoi », analyse Frédéric Meunier , consultant et formateur à l'institut Bioforce développement à Lyon. En effet, en 2004, des pécheurs ayant vu leur unique bateau détruit à la suite du tsunami dans l'océan indien, se sont vus offrir plusieurs nouveaux bateaux à moteurs en remplacement de leur outil de travail de fortune. Pourtant, ces bateaux ne correspondaient pas aux besoins des populations sinistrées . Ces dernières étaient désireuses de pouvoir reprendre leurs activités grâce à des bateaux similaires à ceux perdus lors du séisme, mais n'avaient pas l'utilité de plusieurs bateaux par pécheurs. Cette aide inutile aurait pu être utilisée à des fins plus salutaires.
En effet, malgré l'existence de mécanismes de coordination comme l'OCHA (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs ) dont la mission est « de mobiliser et de coordonner efficacement l'aide humanitaire, en partenariat avec les acteurs nationaux et internationaux en vue de soulager la souffrance humaine lors des catastrophes et des situations d'urgence et de défendre les droits des personnes dans le besoin » , l'aide était souvent inadaptée et arrivait en double.
En 2005, pour pallier à ce manque de coordination de l'aide, les Nations Unis ont entamé une réforme de la coordination humanitaire. Elle avait pour but de favoriser une mise en place rapide de l'aide internationale, qui soit en accord avec les besoins des populations, disposant d'un soutien financier suffisant et permettant à tous les types d'acteurs (ONG, Nations-Unies, société civile, gouvernements nationaux) de collaborer de façon organisée.
[...] Ainsi le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires remplace le Département des Affaires Humanitaires (DHA)[8]. Il est créé en 1998 dans le cadre de la réforme du Secrétariat général de l'ONU. Il a pour mandat de coordonner l'assistance délivrée par les différents organes de l'ONU à travers la coopération inter-agences et l‘amélioration des procédures ainsi que de veiller à sa cohérence sur le terrain. L'OCHA dépend directement du Secrétariat des Nations-Unies et sa structure emploie 800 personnes, dont la moitié à l'international. [...]
[...] C'est là qu'interviennent les Nations Unies et les partenaires humanitaires. L'OCHA se charge de mettre en place, en soutien au gouvernement, une réponse appropriée à la situation. Pour cela, le coordonnateur des secours d'urgence nomme le coordonnateur humanitaire qui est généralement le coordinateur résident des Nations Unies sur le terrain (du fait de sa connaissance approfondie de la situation sur place). Le coordonnateur humanitaire entame, de façon cohérente et rapide, des réflexions avec les autorités compétentes et les différentes entités d'ordre humanitaire présentes. [...]
[...] Ceci prouve une chose, la coordination humanitaire aussi bien organisée soit elle ne pourra jamais rassembler tous les acteurs de terrain. Et d'une, les réunions deviendraient rapidement ingérables, et de deux, cela ne favoriserait pas la création de projets à taille humaine, à l'initiative de locaux, implantés au cœur des populations, à mille lieues d'intégrer un système de coordination onusien. Par ailleurs, l'approche mise en place par l'ONU reste politique et donc soumise à des jeux d'intérêts. Certains acteurs y prennent part, d'autres en sont exclus ou tout du moins pas les bienvenus. [...]
[...] Les entretiens et l'analyse de la documentation montrent que cela [la naissance de conflits] s'est produit pour les Clusters Relèvement précoces, Éducation et Abris De même, en Haïti, le bureau du Haut commissariat aux Droits de l'Homme devait être le chef de file du cluster Protection Cependant le fait que ce bureau soit intégré au sein de la MINUSTAH[51] a créé des conflits d'intérêts. En effet, la MINUSTAH a pour rôle de soutenir la police nationale d'Haïti, qui est souvent la cause de problèmes concernant la protection, comme l'explique le rapport IASC. L'impartialité du cluster a donc été remise en cause. En effet, certaines agences «-chefs de file faisaient parfois passer les intérêts de leur agence avant ceux du cluster. [...]
[...] Le modèle Qui? Fait quoi? Où? a contribué grandement à cette évolution positive. La négligence des sujets transversaux et le manque d'implication des acteurs nationaux ont tout de même entraîné la conduite de certains projets jugés similaires. Parfois, l'aide bilatérale a aussi handicapé l'approche cluster, car les projets ainsi financés pouvaient se recouper avec ceux financés par l'aide multilatérale, et créer des duplications. Concernant la localisation de l'aide humanitaire, il apparaît clairement qu'elle s'est surtout concentrée sur une région précise: les Gonaïves. [...]
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