D'après Judith Butler (Gender Trouble), les homosexuels et les hétérosexuels sont soumis à des injonctions comparables pour affirmer leur identité. Les homosexuels ne sont pas forcément visibles et ne cherchent pas à l'être en permanence. A l'inverse, beaucoup de personnes hétérosexuelles peuvent être prises à tort pour des homosexuels.
[...] Judith Butler étudie deux exemples. Un transgenre est une personne qui s'identifie aux deux sexes, successivement ou pas. Ils peuvent se désidentifier de leur sexe d'origine. Le cas le plus connu sont les M to F (male to female), c'est-à-dire les transgenres qui passent d'une apparence masculine à une apparence féminine. Il y a aussi des F to M (female to male). Mais il y a aussi F/M to X qui signifie qu'on refuse une identification ou qu'on s'identifie aux deux genres. [...]
[...] Le sexe n'est pas qu'une catégorie biologique, c'est aussi une catégorie légale. L'idée qu'il n'existe que deux sexes administratifs ne peut se réaliser que par la négation des personnes intersexes des naissances). Il y a tout un travail sur les corps pour que les corps se conforment aux représentations dominantes. Mais, ces représentations ne sont pas nécessaires. Aujourd'hui, cinq pays dans le monde reconnaissent trois catégories de sexe administratif : l'Australie, l'Allemagne, le Népal, le Bangladesh et l'Inde. En Argentine, il est possible de changer de sexe d'état-civil sans subir d'opération de changement de sexe génital, notamment pour les transgenres. [...]
[...] C'est pour cela qu'il faut distinguer le sexe, l'identité de genre et l'orientation sexuelle. Le sexe relève à la fois de la nature et du droit. L'identité de genre est une identification au masculin ou au féminin et l'orientation sexuelle est une préférence en termes de partenaires. Ces trois dimensions concordent chez la plupart des individus mais pas chez tous. Les transgenres sont subversifs parce qu'ils ne rentrent pas dans les classements. Le transgenre est à la fois homme et femme, et il est à la fois hétérosexuel et homosexuel. [...]
[...] L'homosexualité ne remet pas l'identité en question. D'après Judith Butler (Gender Trouble), les homosexuels et les hétérosexuels sont soumis à des injonctions comparables pour affirmer leur identité. Les homosexuels ne sont pas forcément visibles et ne cherchent pas à l'être en permanence. A l'inverse, beaucoup de personnes hétérosexuelles peuvent être prises à tort pour des homosexuels. Le rôle de genre est aussi de l'ordre de la performance théâtrale pour les hétérosexuels. Elle compare les hétérosexuels à Sisyphe. Dans les enfers grecs, Sisyphe doit rouler une pierre pour l'éternité. [...]
[...] On va montrer comment la frontière entre les sexes est socialement construite, mais en tenant compte de la matérialité des corps, que Françoise Héritier qualifie de « butoir de la pensée », à la fois pour l'individu et pour le chercheur. On prend l'habitude de ces gestes catégorisés comme masculins ou féminins qui deviennent comme une seconde nature. Dans cette optique, le genre fait que le sexe finit par prendre l'apparence de la nature. Ainsi, pour Butler, le genre construit le sexe et lui dénie son caractère construit. Le postulat des médecins et psychologues est que l'identité de genre s'alignera sur le sexe biologique de la personne. [...]
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