Mobilisation des prostituées lyonnaises, mobilisation des ressources, occupation de Saint-Nizier, action collective, militantisme, proxénétisme, répression policière, mouvement du Nid
Selon Philippe Braud, professeur à l'institut d'études politiques de Paris, la participation politique ou action collective désigne l'ensemble des activités d'ordre politique, individuel ou collectif que peuvent avoir les individus au sein d'une société et susceptible d'influencer le fonctionnement du système politique. L'occupation de l'église de Saint-Nizier par les prostituées lyonnaises peut être rapprochée de la définition de Braud dans la mesure où cette action avait la volonté d'influer sur les décisions politiques, et plus précisément celle de la police.
[...] En quoi la mobilisation des prostituées lyonnaises constitue-t-elle un cas limite du point de vue du courant de la mobilisation des ressources ? Selon Philippe Braud, professeur à l'institut d'études politiques de Paris, la participation politique ou action collective désigne l'ensemble des activités d'ordre politique, individuel ou collectif que peuvent avoir les individus au sein d'une société et susceptible d'influencer le fonctionnement du système politique. L'occupation de l'église de Saint- Nizier par les prostituées lyonnaises peut être rapprochée de la définition de Braud dans la mesure où cette action avait la volonté d'influer sur les décisions politiques, et plus précisément celle de la police. [...]
[...] L'acquisition et la mobilisation de ressources politiques La première raison est que, pour le courant de la mobilisation des ressources, le processus d'action collective repose sur l'acquisition et la mobilisation de ressources politiques. Cela signifie que les individus doivent disposer d'un « répertoire de l'action politique » (Tilly), c'est-à- dire de moyens utilisables pour défendre leurs intérêts communs. Le problème est que les prostituées sont marquées par une inexpérience et une « nette carence en ressources » politiques, si bien que cette population semble inapte à l'action collective comme le témoigne l'échec de leur première manifestation en 1972. [...]
[...] Une cohésion interne La deuxième raison pour laquelle on peut qualifier la mobilisation des prostituées comme un « cas limite » est que, pour le courant de la mobilisation des ressources, le processus d'action collective repose sur une « cohésion interne » (Oberschall) de ses membres. Le problème est que, de prime abord il semble que la prostitution soit un ensemble social désorganisé, soumis à la volonté des proxénètes, ce qui tend à révoquer une cohésion interne des prostituées. Pour Lilian Mathieu, l'espace prostitutionnel lyonnais peut être rapproché du « modèle communautaire » (Oberschall), selon lequel « l'organisation interne d'un collectif, l'existence préalable de leaders reconnus et de forme traditionnelle de relations sociales constituent des éléments favorables au développement d'une action collective ». [...]
[...] Des pratiques en enjeux hétérogènes La dernière raison pour laquelle on peut qualifier la mobilisation des prostituées comme un « cas limite » est que la sociologie de l'action collective a tendance à « restituer un sens unitaire aux mobilisations », alors que la mobilisation des prostituées est le résultat d'acteurs orientés par des pratiques et enjeux hétérogènes. Si les prostituées lyonnaises se mobilisent pour pouvoir « continuer à se prostituer sans être réprimées par la police ni risquer d'être découvertes par leurs proches », leurs soutiens, à savoir le mouvement du Nid et le mouvement féministe ont pour but de leur donner les moyens de se libérer du joug de la prostitution. [...]
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