Les trois articles sélectionnés pour la note sont les suivants :
-Collectif de 100 femmes dit Collectif Deneuve,
« Nous défendons une liberté d'importuner indispensable à la liberté sexuelle »,
tribune dans Le Monde, 9 janvier 2018
-Eugénie Bastié, « Avec #Metoo c'est un 1793 sexuel qui se joue »,
entretien dans Le Point, 30 septembre 2018
-Elisabeth Roudinesco,
#metoo : « Jamais une explosion de rage, fût-elle nécessaire, ne doit devenir un modèle de lutte », Le Monde, 31 octobre 2018
« Le Porc émissaire : Terreur ou contre-révolution », d'Eugénie Bastié, éditions du Cerf, 170 pages
[...] Le choix du quotidien Le Monde montre que ces auteurs ont voulu entrer dans le débat public et se faire les porte-voix d'un anticonformisme. La menace de la contre-révolution sexuelle -défendre un modèle de séduction à la française des fantasmes sur la relation hommes femmes où le « non » est comme dans les romans, conditionnel. Eugénie Bastié le reconnaît elle-même, elle n'accorde pas une importance primordiale aux chiffres de la violence sexuelle : ça n'est « pas sur ce terrain » qu'elle place sa réflexion. [...]
[...] C'est qu'ils craignent de voir Me Too comme un processus d'émasculation des hommes contemporains et leur tempéraments nationaux. Eugénie Bastié explique que l'homme a des désirs et que c'est le rôle de la société d'éduquer ce désir. L'idée donc que les femmes ont un devoir d'éduquer le désir des hommes. Cette nostalgie d'un âge d'or du désir des hommes est une démarche négationniste : elle nie la réalité violente des relations entre les hommes et les femmes et elle parle de désir quand on lui parle de violence. [...]
[...] Le viol de la femme est dans ce film le dommage collatéral de la liberté des hommes d'être des hommes, d'exprimer leur désir. Seul la loi et la pratique montrent qu'il n'y a pas de zone grise avec le consentement. Si il n'y a pas de consentement, ou que la victime n'est pas en capacité juridique de donner son consentement alors il y a un délit. Le libertarisme social hérité de la révolution sexuelle fantasme la notion de consentement et nie la réalité et les mécanismes des violences sexuelles. [...]
[...] -La crainte de la codification du désir Le Collectif Deneuve évoque sa crainte que l'on ne dessine une société conforme aux vœux des exrémistes religieux et autres puritains. Ces arguments semblent venir d'un autre temps, celui où l'on prescrivait aux hommes et surtout aux femmes comment se comporter dans leur intimité. Mais le problème est qu'il y a ici une confusion : intimité n'est pas consentement et Me Too défend le respect de celles qui ne consentent pas à partager leur intimité. [...]
[...] Et d'ailleurs elles refusent la qualité de victime à ces femmes qui témoignent puisqu'elles en font les bourreaux, celles coupables d'organiser la délation et la publicité d'hommes présumés innocents. Le Collectif Deneuve comme Eugénie Bastié contestent la réalité d'une culture du viol dans nos sociétés occidentales. Il suffit de voir les scénarios des films pour adultes ou les jeux vidéos pour s'en convaincre. Selon elles il y aurait un problème judiciaire de traitement des plaintes pour violences sexuelles, mais pas un problème sociétal, global, idéologique. [...]
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