Les quatre textes sont dédiés à la sociologie de l'armée en France, l'une des administrations régaliennes. Afin de les présenter et mieux les comprendre, on peut organiser ces documents en partant des deux travaux plus généraux et approfondis de Fabrice Hamelin et de Joan Joana pour arriver aux deux études de cas plus spécifiques réalisées par Alex Alber et Sébastien Jakubowski, des chercheurs plus jeunes au moment de leurs respectives publications (tous les deux doctorants), qui permettent d'illustrer les propos des deux premiers.
[...] Enfin, pour le dernier auteur c'est la tradition et les pratiques de la hiérarchie qui relève de l'importance dans la culture du secret, comme le montre l'étude de cas analysé par Jakubowski ce qui constitue un seul aspect bien sûr de la culture et de l'identité militaire. Peut-être faut-il ajouter que les identités et cultures militaires dépendent de la typologie sociale des individus ou groupes en question : officiels, soldats, combattants sur des terrains d'opérations ou exerçants dans une administration de gestion. Et du contexte historique et particulier s'il s'agit des cas spécifiques. [...]
[...] Comment se forge-t-elle cette identité selon les différents auteurs ? Pour Hamelin l'idéologie technocratique a beaucoup influencé la formation des officiers pendant la République, ce qui a marqué considérablement l'identité des militaires. Ainsi le projet formulé dans les années 1960 d'élever l'École spéciale militaire au niveau des trois principales grandes écoles de l'État (Polytechnique, École normale supérieure, École nationale d'administration) (p. 439) pour créer un corps de direction performe au sommet de cette institution. Par contre va se perpétuer un certain isolement des élites miliaires par rapport à l'ensemble des élites civiles marqué par la technocratie. [...]
[...] L'étude apporte le poids que peuvent avoir les origines sociales et familiales dans la formation des opinions politiques des jeunes officiers, en particulier pour ceux qui ont des pères, grands-parents ou autres membres de leurs familles qui ont été des officiers. D'autre part les résultats sont parfois contrastés, ce qui montre la diversité des points de vue dans ce corps social parfois considéré comme très homogène. Par exemple une bonne partie des interrogés se dit avoir de solides convictions politiques, et ce malgré l'obligation de réserve et de non-engagement politique que stipule leur statut de militaire. Un autre point de vue spécifique aborde Sébastien Jakubowski dans son « Analyse des liens entre secret et commandement dans les armées. [...]
[...] Les approches ont en commun la recherche d'éléments qui permettent de comprendre les positions idéologiques et politiques des militaires en tant qu'acteurs de la société et la vie institutionnelle du pays : leurs positionnements vis-à-vis de la société en général et de l'élite civile de l'administration et l'appareil de l'État en particulier. Quel est le rapport des officiers de l'armée à la politique et à l'idéologie, ces éléments ainsi que leur origine sociale et culturelle sont-ils homogènes ou divers ? Chaque auteur répond à ces questionnements depuis des points de vue spécifiques. Comme on le verra par la suite, l'une des différences importantes remarquées entre les différents documents est les sources utilisées sur lesquelles se fondent leurs analyses et conclusions. Dans « Le combattant et le technocrate. [...]
[...] Ainsi, tandis que les études montrent qu'aux États-Unis les élites militaires sont de plus en plus formées et influentes dans la prise de décisions sur l'engagement militaires des armées de leur pays dans le monde, en France prédomine l'idée de l'isolement des élites militaires, une « domination de celles-ci par les élites civiles dans la formulation des politiques qui les intéressent et ( . ) une mise à l'écart pour les autres politiques » (p. 436). Une situation qui n'empêche pas que ce corps particulier et intégrant de la société n'aspire pas à être de mieux en mieux reconnu, mettant en avant une compétence professionnelle plus performante. [...]
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