Journal Libération, Mai 68, APL Agence Presse Libération, Jean-Paul Sartre, classes populaires, lutte des classes
Depuis sa fondation en 1973, l'évolution de la ligne éditoriale du journal Libération retrace celle de la société française, en tout cas celle de la génération qui aura marqué le plus l'après-guerre, celle de mai 1968.
[...] En 1973, la fondation du journal Libération se fait sous le parrainage de Jean-Paul Sartre, une figure phare de Mai 68, mais également d'une certaine démarche militante révolutionnaire. Le symbole de l'implication de Sartre dans le journal est celui d'une revendication de la pluralité de la parole politique, à une époque où cette dernière était un oligopole entre les grands groupes médias privés, soit l'ORTF public. Paradoxalement, l'homogénéité de l'obédience politique chez Libération était présentée comme un gage de représentation de la parole des classes populaires. [...]
[...] Cette influence bilatérale se retrouve dans la publicité. Hier rejetée comme symbole de soumission à des intérêts financiers capitalistes, la nouvelle direction de Libération y voit une expression artistique plus que vénale. Les années 1980 correspondent à un renouveau de la publicité, qui ne s'embarrasse plus de briser des tabous, et emprunte allègrement le côté subversif à l'art et à la rhétorique soixante-huitarde. Libération, journal « Bourgeois-Bohème » La fin de la guerre froide met définitivement fin aux rêves révolutionnaires, et jette Libération - comme un large segment de la gauche française- dans le désarroi. [...]
[...] Une deuxième phase qui correspond à une remise en cause de l'image militante du journal, laquelle coïncide avec le dépérissement du militantisme révolutionnaire qui a motivé les fondateurs du journal. Enfin, la troisième phase inscrit le journal comme une composante dominante du paysage médiatique français. Libération perd de sa verve révolutionnaire, et se retrouve dans une position inédite, celle de faire partie de l'Establishment sous la forme de la Rive Gauche parisienne. Libération : porte-parole de l'intelligentsia parisienne révolutionnaire Le journal se veut comme une expression plus structure du militantisme de Mai 1968. [...]
[...] Ensuite, les fondateurs de Libération cherchaient à créer de nouvelles structures qui s'affranchissent des liens de hiérarchie, notamment en adoptant l'auto-gestion comme mode de fonctionnement du journal. Enfin, la création d'une agence de presse (Agence Presse Libération - APL) cherche à casser le monopole de la diffusion d'information par des médias véhiculant le langage des classes dominantes. Les fondateurs de l'agence APL, prédécesseur du journal, ont choisi une date symbolique, le 18 Juin 1971, capturant la posture de résistance au pouvoir gaullien ; cet esprit d'insoumission était une caractéristique intrinsèque au mouvement de Mai 68. [...]
[...] Paradoxalement, alors que Libération perd ses repères idéologiques, du fait d'une assimilation rapide de plusieurs revendications de Mai 68, le journal se trouve porte-parole d'une certaine élite. Cette dernière est parfois composée de soixante-huitards, ce qui en affaiblit le côté subversif. Ce rapprochement des cercles dominants n'est cependant pas gage de stabilité financière, puisque le journal subit une forte baisse de son lectorat, peu intéressé par l'approche du 'tout-politique', ou réceptif à d'autres supports, notamment électroniques au début des années 2000. [...]
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