L'obésité menace aujourd'hui la plupart des pays développés par sa prévalence, les pathologies qui lui sont associées et le gouffre financier qu'elle pourrait représenter si elle continue de se propager à sa vitesse actuelle. Il semble donc qu'il soit urgent de réagir en mettant en place un vaste plan public de lutte contre l'obésité, qui encouragerait la recherche, limiterait les discriminations dont sont victimes les personnes obèses, freinerait la propagation de l'épidémie et prendrait en compte l'existence d'une responsabilité collective.
Mais, avant qu'un plan d'une telle ampleur soit mis en place, il faudrait dépasser les obstacles qui se posent à lui (poids de l'individualisme, poids des lobbies, obésité encore partiellement incomprise qui empêche la mise en place d'une politique ciblée et efficace). Il est également nécessaire de définir des stratégies de luttes efficaces, notamment en se basant sur les exemples étrangers.
« Nous sommes assis sur une bombe à retardement », aurait déclaré un haut responsable de la santé publique à propos de l'obésité. Dans toutes les régions du globe, sa prévalence augmente et atteint des niveaux préoccupants, ce qui a conduit certains à parler de « globésité ». Des scientifiques ont estimé que l'obésité serait « la première épidémie mondiale non infectieuse de l'histoire ».
La maladie progresse à raison de 5% supplémentaires chaque année aux États-Unis, le pays étant par ailleurs le premier à avoir atteint la proportion critique d'une personne sur trois obèse. Si, en France, les chiffres restent plus modérés, avec « seulement » 14.5 % de personnes obèses et 31.5 % de personnes en surpoids, l'obésité augmente de 0.5 % chaque année, en particulier chez les enfants. En France, on devient donc obèse de plus en plus tôt, ce qui rend le traitement de la pathologie difficile, long et coûteux.
L'obésité, calculée en mesurant le tour de taille de la personne ainsi qu'en regardant son Indice de Masse corporelle (taille divisée par le poids au carré), est généralement associée à de nombreuses pathologies dangereuses comme le diabète, l'hypercholestérolémie, les maladies cardio-vasculaires, certains troubles hormonaux ou encore l'apparition précoce de certains cancers. À cela, il faut ajouter les troubles psychologiques dont souffrent les personnes obèses, souvent stigmatisées et rejetées par leurs paires.
L'obésité touche donc une part de plus en plus importante de la population et les pathologies qui lui sont associées sont à la fois graves et nombreuses. C'est pourquoi l'obésité est désormais devenue le nouveau credo des acteurs de santé publique, se classant juste après la lutte contre l'alcool et le tabac. En 2008, le président de la haute autorité de santé s'inquiète : « seuls les pays qui auront su maîtriser l'épidémie d'obésité pourront préserver leurs systèmes de protection sociale ».
L'enjeu est donc de taille. Mais, pourquoi, malgré la nécessité presque unanimement reconnue de mettre en place une politique publique pour lutter contre l'obésité, les plans mis en place jusqu'à présent manquent-ils d'ambition ? Quels sont les obstacles à la mise en place d'une politique ambitieuse pour empêcher l'augmentation de la prévalence de la maladie en France ?
[...] Ne serait-il pas juste que la responsabilité soit également endossée par les industries qui poussent à la consommation ? Ainsi, bien que les responsables des industries alimentaires répètent sans cesse qu' il n'y a pas de mauvais aliments, il n'y a que de mauvais comportements alimentaires (Président de l'ANIA, association nationale des industries agroalimentaires), la question de la responsabilité collective dans le développement de l'obésité ne manque pas de se poser. D'autre part, le manque d'activité physique est également l'une des causes de la progression de l'épidémie d'obésité. [...]
[...] L'enjeu est donc pluriel et les politiques semblent l'avoir compris. Dans son discours de soutien au Plan National de Nutrition et de Santé version Xavier BERTRAND, alors ministre de la santé et des solidarités en 2006, a en effet déclaré : la nutrition est devenue un enjeu de santé majeur, un enjeu d'égalité devant les soins, un enjeu de justice sociale Une maladie dont la prévalence ne cesse de croître et qui représente un gouffre financier majeur a. L'obésité en chiffres Fig 2 : Carte et graphiques illustrant la prévalence de l'obésité en France Source : Le Figaro, 10/11/2009 Ces quelques illustrations montrent bien l'importance de l'obésité en France. [...]
[...] Il est en particulier essentiel, vital de poursuivre la recherche sur l'obésité. En comprenant mieux tous les mécanismes qui engendrent cette pathologie, elle sera plus facile à traiter et permettra peut-être de s'affranchir de certaines mesures extrêmes pouvant s'avérer compliquées comme le sont les opérations. Si la France fait partie des pays européens avec le plus faible taux d'obésité, il ne faut pas qu'elle se laisser engluer dans le marasme qu'est la lente action pour lutter contre l'obésité mais au contraire qu'elle agisse vite et sur tous les tableaux. [...]
[...] Les chiffres ne semblent pas démentir l'inquiétante prédiction faite par le président de la HAS. En effet, l'UE a récemment estimé que les dépenses liées à l'obésité s'élevaient à du PIB, cad environ 15 à 32 Mds d'euros. De même, une étude de l'Irdes (Institut de recherche et de développement en économie de la santé) sur les données de 2002 situe le coût de l'obésité entre 1.5 et des dépenses de santé et révèle que la consommation moyenne de soins et de biens médicaux d'une personne obèse s'élèverait à environ 2500 euros, soit le double de celle d'un individu non obèse. [...]
[...] Plus encore que toutes les maladies à forte prévalence, l'obésité appelle à une prise en charge spécifique par les politiques publiques. Elle possède en effet au moins trois causes qui peuvent toutes faire l'objet d'une action étatique efficace et ciblée Facteurs sociétaux, environnementaux et socio-économiques a. Des habitudes alimentaires malmenées : excès, malbouffe L'obésité est une maladie qui touche essentiellement les pays développés ou en cours de développement. C'est donc surtout une maladie de pays riches où l'environnement favorise l'opulence alimentaire. [...]
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