En France, des « quartiers défavorisés », dits « sensibles » existent. Même s'ils ne sont pas laissés à l'abandon par les pouvoirs publics, comme ce peut être le cas pour les ghettos américains, ces quartiers éveillent la méfiance, voire le rejet, des gens de l'extérieur.
Les pouvoirs publics interviennent afin de lutter contre l'exclusion de ces cités : ils assurent l'entretien des bâtiments et des abords, afin de garantir une qualité de vie acceptable aux personnes défavorisées qui y sont logées. En outre, dans les territoires regroupant des Habitations à Loyers Modérés (HLM), sont attribuées de nombreuses prestations sociales, qui permettent de garantir cette « qualité de vie » si importante pour les politiques.
Malgré cela, ces dispositifs semblent eux-mêmes intensifier le processus d'isolement social et d'exclusion. Ainsi, il semble que, bien que l'on cherche à recréer un lien social entre ces territoires et la société, les politiques de lutte contre l'exclusion aboutissent à renforcer l'existence de « zones » à l'intérieur desquelles les populations se sentent enfermées, maintenues malgré elles éloignées du jeu social. Au lieu d'intégrer et d'émanciper cette partie de la population, les multiples dispositifs ont pour effet paradoxal de claquemurer ces gens dans un système qui les maintient dans la dépendance, ce qui les empêche d'accéder à une véritable reconnaissance par le reste des Français.
C'est à cause de cela que la singularité de l'intervention de la prévention spécialisée s'est inscrite dans le mouvement de l'éducation populaire.
Jusqu'alors, les interventions sociales étaient ponctuelles et faisaient l'impasse sur l'environnement des personnes. De plus, on prenait en charge les adolescents en fonction d'un « symptôme » qu'on leur associait (délinquant, marginal, inadapté…).
La prévention spécialisée s'éloigne de tout cela, parce qu'elle est mandatée non pour une personne bien définie, mais pour un territoire. L'intervention n'a plus pour objet de corriger des erreurs de socialisation, mais de créer des conditions favorables pour que les potentialités des personnes concernées par l'action puissent émerger librement.
[...] Pour terminer, je parlerai du type d'accompagnement qui peut être mis en place en prévention spécialisée. En parlant de l'accompagnement éducatif tantôt individuel, tantôt collectif, et en m'appuyant sur une étude de cas clinique, je souhaite, à travers cette partie, mieux faire comprendre les objectifs visés. Afin de réaliser cela, je me suis inspiré, pour l'essentiel, de mon expérience auprès de la population gitane pour laquelle l'équipe de prévention spécialisée qui m'a accueilli était missionnée. Par surcroît, j'ai eu l'opportunité de me rendre sur différents quartiers de la ville de Limoges, afin de voir comment les éducateurs en place intervenaient, et les différences qui pouvaient apparaître en fonction des personnes et du milieu. [...]
[...] Et j'ai dû lire la lettre. Après quoi je lui ai demandé s'il avait des problèmes avec la lecture car à chaque fois, il s'échappait ; il m'a répondu que non. Cependant, quelques semaines plus tard, il est venu me demander de lire une lettre importante et m'a avoué qu'il ne savait pas lire. Il m'expliqua sa difficulté à en parler et la honte qu'il en éprouvait ; de fait, la plupart des gens l'ignoraient, et il espérait que je ne dirais rien non plus. [...]
[...] La petite taille de la cité rend ce constat plus évident. En effet, lorsque le professionnel arrive en son sein, il se retrouve immédiatement investi d'une fonction et d'un rôle qui ne sont pas les mêmes que lorsqu'il croise des jeunes ou des familles dans d'autres endroits. Ainsi, j'ai pu voir que lorsque j'effectue un travail dans les institutions fréquentées par les jeunes, et que je croise un habitant de la cité que je connais, il pense forcément que je ne travaille pas, et me dit : Tiens c'est repos, bonne journée. [...]
[...] La création d'animations socio-éducatives par un éducateur de prévention spécialisée intègre l'idée de rencontrer, d'« accrocher le public concerné par ce moyen. Je pousserai plus loin encore l'utilisation de l'activité comme support, en lui reconnaissant une dimension dans le développement même des potentialités de l'individu par son implication dans la réalisation de l'activité. Ce temps de structuration devient un espace où la relation éducative peut naitre. Le travail éducatif trouve sa préfiguration dans une activité partagée, qui ouvre sur l'aléatoire de la rencontre. [...]
[...] fut considérable. En effet, ses démarches, ainsi que la résolution de ses problèmes identitaires, ont représenté un travail plus conséquent, même s'il est moins visible, que l'accompagnement dont monsieur T. a été le bénéficiaire. Les démarches pour lesquelles il a dû s'employer se sont focalisées sur quatre sujets récurrents : le droit, les finances, l'emploi et la santé. Mon travail dans ce domaine se résumait à faire avec lui, dans un premier temps, afin de lui apprendre, puis de l'accompagner ensuite en le laissant se débrouiller, pour qu'enfin il y arrive seul et soit autonome dans ses démarches. [...]
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