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Le mouvement dit des " piqueteros " est le mouvement social le plus important d'Argentine depuis plus d'une décennie, devant le syndicalisme traditionnel.
L'histoire de ce dernier est pourtant importante dans un pays où l'industrie est l'un des principaux secteurs économiques depuis la seconde moitié du XXème siècle. Le milieu des années 90 a cependant vu naître cette nouvelle forme de contestation consistant à bloquer les routes à l'aide de piquets et donc les marchandises afin de nuire au système économique néo-libéral suivi par le pays durant la présidence de Carlos Menem (1989-1999) , moyen de lutte s'avérant beaucoup plus efficace et perturbateur que les grèves et manifestations traditionnelles.
Cet essai a donc pour objectif de tenter de comprendre l'évolution de ce mouvement à travers sa diversité et le contexte à la fois politique et économique dans lequel il naît d'abord puis perdure ensuite.
[...] C'est dans cet esprit qu'il propose à certains leaders de mouvements piqueteros des postes au gouvernement ou dans la province de Buenos Aires. Selon Maristella Svampa, sociologue argentine, le rapprochement de certaines franges des piqueteros avec le président Kirchner s'explique par le fait que " ces organisations ont une matrice anti-néolibérale mais pas anticapitaliste. En ce sens, elles sont liées à la tradition nationale-populaire qu'incarnait de manière paradigmatique le péronisme des années 1950 et certains courants péronistes des années 1970, tradition qui, bien entendu, a été complètement marginalisée dans les années 1990. [...]
[...] De plus la plupart des associations préfèrent se limiter à la production selon le besoin dans le but d'éviter d'avoir à mettre de côté le surplus qui est l'une des composantes du capitalisme (la production à outrance et la revente dans la recherche de profit). Seules quelques organisations produisent davantage dans le but de revendre pour pouvoir réinvestir dans la nourriture ou les matières nécessaires au fonctionnement des ateliers. Le statut de travailleur autonome n'est aujourd'hui plus une honte et la plupart des individus préfèrent cette configuration à la situation de subordonnée à laquelle ils étaient soumis dans leur entreprise. [...]
[...] Ce sont ces organisations et leurs satellites que les médias qualifient de piqueteros "méchants" bien que la plupart n'organisent quasiment plus de blocage ou d'actions mais se concentrent sur la façon dont elles doivent s'autogérer pour continuer à faire vivre les chômeurs piqueteros qui les composent. Cependant ces organisations constituent la majorité des mouvements piqueteros en Argentine depuis 2003, les mouvements s'étant rattachés au pouvoir étant ralliés à des syndicats depuis leur naissance dans les années 90. Pour finir, il est important de comprendre que les mouvements ne se développent pour la majorité pas dans une logique d'affrontement avec l'Etat mais plutôt dans le but de se substituer à lui tout en cohabitant avec, comme c'est le cas par exemple du MTD. [...]
[...] Le 9 avril 1997, la route 22 est à nouveau bloquer par les piqueteros auxquels s'ajoutent étudiants et fonctionnaires. Mais le 12 avril est marqué par l'assassinat de Teresa Rodriguez lors de l'intervention de la police, devant ainsi la première martyre piquetera son nom sera repris plus tard par l'une des branches du mouvement. Dans la continuité des blocages organisés de manières disparates dans le pays par les chômeurs ayant rejoint un mouvement aux lieux de naissances multiples et indépendants, des puebladas (manifestations populaires violentes allant parfois jusqu'à l'insurrection) éclatent en juin 1997 ) à Neuquen, Salta, Jujuy, Cordoba. [...]
[...] L'exemple le plus marquant est l'affrontement entre le gouvernement et les puissantes industries agroalimentaires en 2010. En effet au mois de mars le gouvernement argentin a annoncé une mesure de retenue sur les énormes revenus de l'exportation agroalimentaire. Mesurant entrainant le blocage des routes par les patrons de ces entreprises afin de ne pas faire passer la loi. Le conflit a duré jusqu'au 17 juillet jusqu'à ce que le vice- président Julio Cesar Cobos annonce que les députés et sénateurs se sont prononcés en faveur de l'industrie agroalimentaire et donc contre la " Loi des Retenues " . [...]
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