[...] Dans le cadre de mon stage de deuxième année dans le service de neurochirurgie d'un Centre Hospitalier Universitaire, j'ai remarqué que l'entourage des victimes n'est pas épargné dans ce contexte accidentel. L'épreuve du diagnostic médical notamment, se présente comme une étape particulièrement difficile à traverser pour les familles. Les examens révèlent parfois une paralysie irréversible des membres inférieurs (paraplégie) ou des quatre membres (tétraplégie) du patient. La survenue d'un tel handicap a d'importantes conséquences sur la vie de la personne paralysée et celle de ses proches. La victime perd soudainement son autonomie et devient dépendante de son entourage pour la plupart des gestes de la vie quotidienne : déplacements, alimentation, toilette, habillage...
Au cours de cette expérience, j'ai remarqué que le conjoint du patient est parfois désigné comme la « personne de confiance » dont le rôle est défini dans la loi du 4 mars 2002 relative aux droits du malade et à la qualité du système de santé. Dans ce cadre, il accompagne la personne malade tout au long de son hospitalisation par une aide administrative et décisionnelle. Au-delà du rôle qu'il peut remplir dans le cadre de « la personne de confiance », j'ai constaté que le conjoint est amené à soutenir son partenaire sur le plan psychologique et dans certaines activités comme le repas ou les déplacements lors des visites. Le conjoint n'a pas de lien de filiation avec son partenaire. Le soutien du conjoint apporté à ce dernier ne relève donc que d'un devoir matrimonial de secours et d'assistance aléatoire puisque celui-ci peut cesser dans le cadre d'un divorce. Cette obligation juridique est rappelée lors de chaque union notamment en cas de maladie de l'un des partenaires, dans l'article 212 du Code Civil : « Les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours, assistance. »
[...] Des professionnels évoquent que l'annonce du handicap ne se limite pas à l'énonciation de la pathologie en phase aiguë mais se prolonge à toutes les étapes du soin et tout au long de la vie du patient et celle de ses proches, car les situations de handicap changent. La révélation des risques encourus et des progrès qu'ils peuvent espérer s'effectue à toutes les étapes du soin. De même, il n'y a pas un annonceur, mais un ensemble de personnes qui vont co-construire cette vérité : des parents, la famille, l'interne, le professeur... Au regard de cette affirmation, je peux donc supposer que l'assistant de service social hospitalier qui accompagne les patients para ou tétraplégiques et leur conjoint en phase aiguë, fait partie des « annonceurs ». (...)
[...] J'ai rencontré trois assistantes de service social dans le but d'ancrer ce travail dans la pratique professionnelle ; et un psychologue pour éclairer la notion centrale de ma question : le processus de deuil. De manière à pouvoir retracer le parcours du public étudié de l'annonce du diagnostic jusqu'au retour au domicile, j'ai choisi de rencontrer des professionnels intervenant chacun, à différent moment de leur parcours : -Madame F. : assistante de service social dans un service de neurochirurgie où sont accueillis les patients et leur famille peu de temps après l'accident durant quelques semaines. [...]
[...] Malandain C., Bleuret-Blanquart F., Chambellan S., Les défenses psychologiques suscitées par l'annonce du handicap à un adulte blessé médullaire, Université Rouen/ CRF Bois Guillaume p. Blanchard F., Novella J. L., Quignard E., Morrone I., Debart A., Courtaigne B. et Drame M., L'annonce du diagnostic de la maladie d'Alzheimer. Quelques aspects éthiques, Gérontologie et société 2009/1-2, 128-129, p. 163-175. Institut National du Cancer, Recommandations nationales pour la mise en œuvre du dispositif d'annonce du cancer dans les établissements de santé, Novembre p. Haute Autorité de Santé, Recommandations de bonne pratique : Maladie d'Alzheimer et maladies apparentées : annonce et accompagnement du diagnostic, Septembre p. [...]
[...] L'accompagnement vers cette reconstruction est la mission de Madame S., assistante de service social dans un C.R.F., c'est pourquoi il est essentiel que celle-ci favorise le processus de deuil à la base d'un nouveau projet de vie. Dans ce contexte, le travailleur social ne fait qu'amorcer un travail de réflexion des patients et leur famille autour des pertes que la survenue du handicap engendre dans le cadre de sa mission d'accompagnement du projet du retour au domicile. C'est pourquoi elle les oriente vers la psychologue du service qui a pour mission d'accompagner précisément ce travail de deuil. [...]
[...] Paul M., L'accompagnement dans le champ professionnel, Cairn p 16 à 22. Décret n°93-652 du 26 mars 1993 portant statut particulier des assistants socio-éducatifs de la fonction publique hospitalière. De Robertis C., Méthodologie de l'intervention en travail social : l'aide à la personne, Bayard Centurion p. Guérin S., Comment améliorer l'accueil du proche dans le parcours de soin Réciproques revue de proximologie n°spécial, Avril 2010, p29 à 31. Cihuelo J., La dynamique sociale de la confiance au cœur du projet, L'Harmattan p. [...]
[...] Parmi elles, il y a l'Assistant de service social qui peut être amené à reprendre cette annonce lorsqu'il accompagne ces couples à un moment donné de leur parcours, que ce soit en phase d'hospitalisation ou de post- hospitalisation. Dans le contexte de l'annonce du diagnostic de la para- tétraplégie, le conjoint doit se soumettre a l'obligation matrimoniale de secours et assistance Au-delà d'être un devoir juridique, le soutien du conjoint s'inscrit au cœur des enjeux de santé publique. Toutefois, comment peuvent-ils soutenir leur partenaire alors même qu'ils sont déstabilisés et fragilisés par cette rupture brutale dans leur existence ? [...]
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