L'apparition d'une nouvelle maladie constitue chaque fois un véritable défi alimenté de sursauts pour l'ensemble de la société, les pouvoirs publics, les professionnels et les personnes atteintes. La dernière épidémie dessine une situation relativement unique compte tenu de la rapidité des évolutions depuis vingt ans. Entre 1982 et aujourd'hui, une nouvelle maladie a été repérée, le virus isolé, ses modes de transmission appréhendés. A partir de 1996,
suite à la découverte des antiprotéases utilisées en trithérapie, le nombre de décès commence à diminuer : le sida passe progressivement de l'exception à la normalisation et entre dans l'ère de la maladie chronique. La mort imminente ne sera plus la marque fatale du sida. Parallèlement, la migration est un phénomène de plus en plus important aujourd'hui. A
travers le monde, une personne sur 35 est migrante. Si tous les migrants habitaient au même endroit, ils formeraient le cinquième pays du monde en terme de population. En 2002, on comptait 175 millions de migrants internationaux, soit 2.9% de la population mondiale, dont près de la moitié sont des femmes. En France, la population étrangère représente 6% de la
population générale.
[...] Les femmes sont seulement prises en compte lorsqu'il s'agit de migration de type familial, c'est-à-dire qu'il s'agit de l'épouse ou de la fille de l'immigré (Moujoud, 2003). Ainsi la migration des femmes parait dépendre uniquement du processus de regroupement familial dans la quasi totalité des travaux spécialisés. Dans son étude sur les migrations marocaines, Moujoud différencie migration féminine passive et migration féminine active ; entre une femme qui a parfois subi l'émigration en suivant son mari et celle actrice d'une restructuration de la division sexuelle de l'espace et dont le processus résulte souvent d'une démarche élaborée individuellement. [...]
[...] De même, les premiers acteurs du champ associatif à substance communautaire en lien à la prévention et la prise en charge du sida ont souvent été des femmes. Dans la région parisienne, l'association Ikambere a été fondée par Bernadette Rwegera pour proposer un accompagnement des femmes séropositives. L'association s'adresse particulièrement aux femmes africaines et cherche à rompre l'isolement des femmes atteintes du VIH/SIDA dans un cadre actif et chaleureux. Avec une dynamique participative, les objectifs sont de promouvoir les conditions de vie de ces femmes en leur permettant de continuer leurs projets de vie. [...]
[...] Diverses conditions sociales peuvent être identifiées et sont à prendre en compte à l'instar de l'organisation familiale de la personne infectée ou des situations quotidiennes de vie de chaque acteur des interactions sociales en lien au VIH. Il s'agit tout autant du fonctionnement de diverses structures (médicales, de santé publique, de lutte contre le sida associatives ) (Vidal, 2003). Ainsi Laurent Vidal préconise une appréhension à travers les expériences individuelles. Il faut donc comprendre le déroulement des itinéraires thérapeutiques en explorant les motivations des malades et leur organisation, ou décrire la crainte du sida chez les sages-femmes, dans leur travail : mais l'objectif est aussi de croiser les regards. [...]
[...] Vidal repère ainsi deux travers dans l'appréhension de la culture dès lors que l'on s'intéresse au sida. Il s'agit de l'uniformisation de la culture qui s'opère ainsi que d'une forme de surinterprétation en termes de culture L'auteur y voit ici une forme de culturalisme qui manque d'ouverture. La vision culturaliste de la culture, comme le mentionne Ortigues17, amène une façon équivoque de raisonner sur la culture comme un tout C'est bien cette approche qui considère la culture comme un ensemble homogène, englobant et le plus souvent figé que l'on 17 Ortigues, Culturalisme in Bonte et Izard (dir.), Dictionnaire de l'ethnologie, Paris, PUF retrouve parfois à l'œuvre lorsque certains se penchent sur les comportements et les représentations pour y trouver une part d'explication sur la diffusion du virus et sur l'accessibilité des traitements (concernant l'observance thérapeutique). [...]
[...] De plus, les discriminations autour du VIH apparaissent se nourrir des discriminations préexistantes ou au moins de rapports inégalitaires créées notamment par la xénophobie, l'inégalité dans les rapports sociaux de sexe, le racisme ou l'homophobie. Il apparaît ainsi que la stigmatisation à l'encontre des personnes venues d'ailleurs et séropositives peut être doublement discriminante. La culpabilité pèse donc sur les personnes infectées de manière générale, il en devient souvent très difficile de dire leur séropositivité, souvent par crainte d'une incompréhension, d'une condamnation et d'un rejet. [...]
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