Il est un domaine scolaire qui aujourd'hui n'est plus à remettre en cause dans le champ éducatif français. Il s'agit de celui de l'art. Sa légitimité à l'école fait consensus parmi les chercheurs, pédagogues et acteurs politiques. Mais cette légitimité est encore récente. Si l'éducation artistique est présente dans le champ scolaire depuis le XVIIIème siècle d'après Schiller, pour autant sa place était resté abstraite, dominée, ''c'était de la futilité'' selon l'expression de Jack Lang. C'est seulement en 1983, que cette place n'est plus objet de discussion et sa présence devient de plus en plus visible toujours d'après l'ex-ministre de l'Éducation Nationale. Cet encouragement de l'art à l'école interroge alors. Pourquoi soudain, deux siècles après son apparition à l'école, l'art prend-il cette place ? Quel contexte favorise son émergence ? Et plus important encore, quel rôle est censé alors occuper l'art à l'école ? Plus généralement, quel déplacement est opéré au sein de l'institution scolaire ?
[...] C'est lorsque l'art gagne toute sa légitimité à l'école que le questionnement bascule à nouveau pour venir interroger cette fois-ci, non plus les fondements de l'art, mais ses effets réels, son enjeu à l'école et dans la société. La recherche interroge le processus à l'oeuvre dans l'éducation artistique. On a un retour du concept de l'expérience artistique. La recherche s'emballe alors depuis les années 1980 notamment avec l'un des fondateurs de ces questions, Goodman et le ''project zero'' créé en 1967 à l'université d'Harvard aux États-Unis. Ce projet, nommé zéro pour le fait qu'il était le premier à le tenter, voulait savoir si le processus d'apprentissage dans les arts pouvait être considéré comme sérieux. Si cela semble encore interroger la légitimité de l'art, il va plus loin en cherchant à comprendre le développement de l'homme grâce à des apprentissages liés à l'art. Ces recherches seront réceptionnées et connues en France.
[...] Concernant les programmes scolaires, l'éducation artistique est portée au rang d'obligation scolaire en primaire et collège. En 2009 paraît le rapport Eurydice qui présente un bilan de l'activité artistique dans le milieu éducatif des pays européens. Le rapport fera le constat d'une augmentation de l'offre culturelle dans les écoles. Le bilan est plutôt positif et à la fois encourage le développement de l'art. Les activités principales restent la musique et l'art plastique. L'offre s'est étendue également avec, à présent, le théâtre, la danse, l'artisanat, l'utilisation des technologies de l'informatique et de la communication, l'éducation à l'image et l'architecture.
[...] Pour l'enseignant, la question est de savoir si l'artiste est un modèle possible de son travail. C'est dans ce questionnement que des ambivalences vont surgir. L'accepter c'est accepter de perdre l'école pour la regagner autrement. Mais ce ''autrement'' interroge surtout sur son statut d'enseignant. On se rend compte dans la pratique que les arts restent en marge. Les enseignants disent surtout l'utiliser pour mieux apprendre le métier d'élève. Cette réalité est surement liée à la crainte d'un effacement du statut du pédagogue au profit de celui d'artiste dans cet ''autrement''. L'identité professionnelle est concurrencée par l'artiste qui serait alors l'hyper-pédagogue, c'est-à-dire une personne qui pourrait rentrer dans tous les rôles nécessaires à l'école. Mais reste à savoir si l'artiste lui-même accepte cette reconfiguration de son rôle. Cependant, il apparaît clair que les identités professionnelles dans un tel projet doivent se questionner. Il faut alors interroger la subjectivité des êtres au travail selon Alain Kerlan. Chacun est acteur et joue leur appartenance et intérêts. (...)
[...] Études de linguistique appliquée, 147, pp. 317- Kerlan A., Des artistes à la maternelle, Broché, 191p Op. Cit Ardenne P., Pratiques contemporaines : L'art comme expérience, Broché, 191p Kerlan A., Des artistes à la maternelle, Broché, 191p Kerlan A., L'art pour éduquer. La dimension esthétique dans le projet de formation postmoderne, PUF 231p Kerlan A., Des artistes à la maternelle, Broché, 191p Clerc S. et al., ''Place et intérêt des pratiques artistiques, dans les dispositifs d'accueil [ . Études de linguistique appliquée, 147, pp. [...]
[...] Ce qui passe par le développement de la curiosité. On va apprendre à regarder autrement la réalité, le quotidien, le banal, le détail, par les sens et l'émotion. On va apprendre à juger le beau et non l'objectif ou le personnel. Pour Paul Ardenne cela passe par des expériences éducatives pour reconnaître le vrai du faux, le vrai du vraisemblable par exemple en donnant de fausses images médiatiques de la réalité. Ainsi, l'art nourrit une éducation intrinsèque c'est-à-dire en elle. [...]
[...] Ces recherches seront réceptionnées et connues en France5. À sa suite, lui succèdera d'autres penseurs se questionnant sur les enjeux d'une éducation artistique tels que Dewey, Gadamer, Jacques Rancière, Alain Kerlan et Laurence Loeffel. Il s'agit donc d'un questionnement encore très récent, nouveau et innovant. Ces études posent d'ailleurs encore un certains nombres de thèmes en attente tels que les effets une fois l'éducation artistique reçue, hors de l'éducation artistique pour l'enfant, l'enseignant et l'artiste ; Ou encore la différence entre l'individu ayant reçu une éducation artistique et celui qui n'en a pas reçu. [...]
[...] À la fin du projet, tout le monde doit parler de la même manière et savoir s'écouter en acceptant le propos de l'autre. Le dialogue va permettre la réalisation collective sur les bases d'un langage commun. Ensuite, les enfants vont produire la cabane. Au cours de la production ils vont continuer d'échanger, de partager leur expérience. Il va falloir mettre en mot ou en création l'expérience pour partager du sens avec les autres. Ce qui va permettre de faire, défaire, modifier. [...]
[...] Ce qui engendre une montée de l'échec scolaire. Certains ne s'adaptent pas à ce système intellectuel, de la raison. Ils n'y trouvent pas leur repère et fonctionnent sur d'autres modes d'apprentissage. De plus, l'indifférence aux différences, selon les principes du modèle républicain, ne fait qu'empirer ce constat. On ne prend en considération que le groupe et non la personne en face de soi. Enfin, l'ignorance du passé au profit du présent selon la méthode scientifique engendre un appauvrissement de la mémoire collective donc des repères permettant à chacun de trouver sa place dans la société. [...]
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