Le travailleur social qui entre en relation avec un enfant, dans un cadre professionnel, ne peut pas éviter de s'interroger sur son évolution future. La question du devenir des enfants après leur placement constitue un sujet récurrent pour les chercheurs et les professionnels qui interviennent dans le champ de la protection de l'enfance.
L'évaluation des pratiques professionnelles est actuellement reconnue comme nécessaire. La qualité de l'insertion des jeunes adultes dans la société, leur équilibre, leur capacité à ne pas reproduire ce qu'ils ont vécu ; doivent permettre de mesurer la portée des aides dont ils ont bénéficié.
Lors de mon stage de première année que j'ai effectué dans un foyer d'hébergement d'urgence pour les sans-domiciles fixes (SDF), j'ai constaté que de nombreux jeunes fréquentaient cette structure. Ces jeunes étaient pour la plupart, des garçons à la recherche d'un emploi qui avaient entre 23 et 27 ans. Certains n'avaient pas encore l'âge de percevoir le Revenu Minimum d'Insertion (RMI). En effet, après dix-huit ans, il n'existe pas d'aides financières qui puissent aider un jeune à la rue, sans emploi et sans projet. De plus, ce sont des jeunes qui se trouvent en rupture familiale et qui ont généralement vécu une prise en charge par l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE). Jean-Marie Firdion décrit dans son rapport que les personnes ayant été placées sont largement surreprésentées parmi les personnes sans domicile fixe, en particulier parmi les plus jeunes.
Je me suis interrogée sur les voies qui avaient mené ces jeunes jusqu'à un accueil en foyer d'urgence pour SDF. En m'entretenant avec ces jeunes, seulement deux d'entre eux m'ont confié qu'ils avaient été pris en charge par les services de l'ASE pendant leur enfance. La première personne avait été placée en foyer lors de son adolescence, et n'a pas souhaité être accueillie en foyer pour jeunes travailleurs (FJT). Elle n'avait pas bien vécu son placement et souhaitait prendre son indépendance. Dans un premier temps, elle a trouvé des solutions d'hébergement chez des amis, en attente de trouver quelque chose, puis au fil du temps, les relations se sont dégradées, elle s'est retrouvée à la rue. L'autre avait été placée en famille d'accueil. A l'âge de dix-huit ans, celle-ci n'était plus en mesure de l'accueillir plus longtemps. Il est retourné vivre chez sa mère biologique mais très vite les relations se sont altérées et les liens se sont rompus. Après quelques mois d'errance, il a été accueilli au centre d'hébergement.
[...] Les mesures judiciaires décidées par le juge des enfants sont fondées sur deux textes : l'article 375 du Code Civil[19] et l'ordonnance du 2 Février 1945. L'article 375 du Code Civil s'applique quand il y a danger immédiat pour l'enfant. Le juge peut mettre en place des mesures provisoires, en premier lieu, en maintenant l'enfant dans son milieu naturel en imposant à la famille une mesure d'assistance éducative en milieu ouvert (AEMO). L'AEMO est une aide éducative à domicile pour aider la famille dans l'éducation des enfants. [...]
[...] La troisième partie reprend les différents éléments contenus dans l'analyse qui aboutissent à la construction d'une nouvelle perspective de recherche formulée grâce aux différents cheminements puis enfin, une conclusion générale de cette étude terminera cet écrit. Première partie : La protection de l'enfance en France : un système complexe Chapitre 1 : Le fonctionnement de la protection de l'enfance Plusieurs étapes marquent la construction de la protection de l'enfance. Il me semble important de commencer cet écrit par un historique du placement qui montre l'évolution de cette notion au cours des siècles. [...]
[...] Si on ne s'entraidait pas, on était cuit La sortie de la structure : La sortie du dispositif est souvent marquée par une méconnaissance des ressources existantes et un certain isolement. Les propos de Christian illustrent ces deux notions : je m'étais renseigné moi-même en fait. J'étais allé voir les éducateurs pour savoir ce qu'ils avaient prévu pour moi quand j'aurai 18 ans et y a jamais personne qui savait me répondre. Donc moi je suis parti. J'ai claqué la porte et je suis allé dans un foyer pour jeunes travailleurs comme j'avais déjà un emploi Ce jeune montre l'insécurité qu'il a vécue du fait d'un avenir incertain. [...]
[...] Certains jeunes vivent le placement comme un havre de paix où ils peuvent se reconstruire après une période éprouvante au sein d'une famille dysfonctionnelle (violence, alcoolisme, toxicomanie, inceste, carences diverses, etc.) tandis que d'autres vivent douloureusement cette séparation avec leurs parents (causée par un décès, une maladie grave, une expulsion, une incarcération, etc.) et souffrent de carences affectives dans les structures qui les prennent en charge.[30] Les travaux de Spitz[31] en 1945 montrent pour la première fois que c'est la qualité et non pas la quantité des contacts qui est importante pour les enfants placés. Sa recherche est effectuée dans un orphelinat. Ces enfants ne manquent de rien matériellement mais ont de nombreux retards. Ils ont des problèmes dans leur développement psychologique, intellectuel et relationnel. Ils ont un taux de mortalité supérieur à la moyenne, ont un grand besoin d'affection et présentent une apathie. [...]
[...] Mais qu'il s'agisse de l'ensemble des études sur le devenir comme cette récente notion de résilience, on ne connaît pas bien les processus qui amènent une population anciennement placée, à se construire, à s'insérer et à devenir autonome. Je me suis arrêtée sur l'étude du devenir après la sortie du dernier placement. C'est cette période décrite comme difficile par Isabelle Frechon, que je souhaite étudier.[5] C'est ici qu'émanent d'autres questionnements : Quel est le parcours des jeunes après leur placement ? A quels obstacles ces jeunes adolescents peuvent-ils être confrontés ? Quels sont les dispositifs mis en place pour préparer la sortie d'un placement? [...]
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