En France, en 2005, trois semaines de violences, principalement dans les banlieues, ont constitué les émeutes les plus importantes depuis mai 68, un véritable phénomène de masse qui s'est étendu au pays tout entier pendant une vingtaine de jours : des dizaines de bâtiments brûlés (écoles, mairies…), une cinquantaine de policiers blessés, plus de 9000 véhicules incendiés…
Dans une allocution du 10 novembre 2005, le Président de la République M. Chirac a déclaré que « Cette situation grave témoigne d'une crise de sens, d'une crise de repères, d'une crise d'identité ».
Quelles sont donc les véritables causes de ces violences exceptionnelles ?
[...] Cette ghettoïsation des banlieues n'est pas toute jeune : durant les Trente Glorieuses, des politiques ambitieuses d'aménagement du territoire avaient permis de commencer de grands travaux afin de regrouper en périphérie de la ville les populations les plus modestes et le plus souvent d'origine étrangère. Ce fut ensuite le désengagement progressif des politiques qui contribua à creuser les disparités économiques et sociales et à créer des banlieues ségrégationnistes. Concrètement, ces espaces sont le théâtre d'un fort taux de chômage, touchant particulièrement les jeunes. Celui-ci s'établissait à parmi l'ensemble de la population des Zones Urbaines Sensibles en 2003, soit un chiffre de 10 points supérieur au reste de la population en métropole. [...]
[...] Ainsi, un nombre important des jeunes des banlieues s'orientent dans des filières dévalorisées, où leur sont proposés des emplois précaires, y compris pour leurs aînés qui ont fait des études supérieures. Aux discriminations à l'embauche dont ils sont victimes, Stéphane Beaud explique qu'une partie de la population française n'a toujours pas accepté les enfants d'immigrés, la jeunesse beurre accentuant le sentiment de rejet dans les mentalités. Pour Bernard Girard, le modèle d'intégration français impose un univers d'acculturation rapide et brutal où se côtoient des individus d'origines pluriethniques. [...]
[...] Revendication politique ou non, les émeutes de novembre 2005 ont fait apparaître un profond malaise lié à une fracture sociale et économique. Le manque de voix pour la banlieue, le désengagement des politiques et les discriminations dont sont victimes les populations ont fait surgir aux yeux du reste de la France des zones de désespérance sociale, en voie de ghettoïsation dans lesquelles se développent des contre-sociétés, remettant dramatiquement en question le modèle d'intégration français. Lexique acculturation : L'acculturation est un ensemble des phénomènes qui résultent d'un contact continu et direct entre des groupes d'individus de cultures différentes et qui entraîne des modifications dans les modèles culturels initiaux de l'un ou des deux groupes. [...]
[...] anomie : L'anomie est l'état d'une société caractérisée par une désintégration des normes qui règlent la conduite des hommes et assurent l'ordre social. contre-société : Groupe se réclamant d'une idéologie opposée aux valeurs dominantes de la société où il vit. [...]
[...] S'ils souhaitent se servir des médias comme caisse de résonance, ils entretiennent dans le même temps un rapport conflictuel avec les journalistes, envers lesquels ils expriment parfois une forme de déception, accusés de détourner leurs propos ; ainsi qu'un fort sentiment de colère, imputable à la vision trop noire que donnent les journalistes sur les cités, accusés de faire du sensationnalisme. Les avis des sociologues sont partagés pour savoir si oui ou non les émeutes portaient une revendication politique. Pour Sébastien Roché, la responsabilité du comportement du Ministre de l'Intérieur est en fait un contre-exemple, et voit dans cette explication une instrumentalisation politique. [...]
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