La France fait partie des pays industrialisés où le nombre de suicides est le plus important, particulièrement pour les hommes de plus de 75 ans. Les chiffres fournis par les différents pays sont cependant à prendre avec précaution compte tenu de la difficulté d'évaluer le phénomène (réticences de l'entourage à faire état d'un décès volontaire, suicides comptabilisés parmi les accidents domestiques : chute de fenêtre, accidents en manipulant des armes ; voire les accidents de circulation : pertes volontaires de contrôle d'un véhicule). L'actualité récente a également montré que certaines formes d'euthanasie peuvent être considérées comme des suicides.
I/ Un regard sur le suicide qui a varié au fil du temps II/ Un acte difficile à analyser...
[...] La personne qui se suicidait était considérée comme démente. Aux indes, des l'antiquité, sous l'influence du brahmanisme, les sages, à la recherche du nirvana (délivrance de tous les maux dans le Néant absolu se suicidaient fréquemment au cours des fêtes religieuses. Au Tibet et en Chine, cette doctrine s'étendit sous l'impulsion du Bouddha Siddharta Gantama.on distinguait alors deux sortes de suicidants : -celui qui recherchait la perfection -celui qui fuyait devant l'ennemi. Les réactions suicidaires étaient parfois massives : après la mort de Confucius disciples se précipitèrent dans la mer pour protester contre la destruction de ses livres. [...]
[...] Un acte difficile à analyser. l'histoire du suicide Psychiatres, psychologues et sociologues ont de grandes difficultés à classer les suicides en utilisant une typologie claire. La conduite suicidaire elle-même est difficile à évaluer car, selon le professeur Moron, professeur de psychiatrie et de psychologie médicale, il existe de nombreux aspects de cette conduite suicidaire : le suicide lui-même (acte de tuer), la tentative de suicide (acte incomplet qui se solde donc par un échec), la velléité de suicide(plus ou moins ébauchée), l'idée de suicide (désir de se donner la mort sans que le geste soit accompli ou même tenté), le chantage au suicide (avec geste suicidaire ou non) et divers équivalents suicidaires (refus volontaire de traitement médical, certaines formes de toxicomanie,actes très dangereux accomplis volontairement,etc Les suicides (et les tentatives) ont souvent des causes multiples, et parfois connues du seul individu concerné. [...]
[...] les influences favorisantes du suicide. Les facteurs économiques et sociaux sont également importants mais ils n'expliquent pas réellement le nombre de suicides. Comme l'a noté un rapport du Conseil économique et social de juillet 1993, on observe depuis 1976 une augmentation parallèle du taux de chômage et du taux de suicide mais, selon ce rapport, cette relation n'est plus vérifiée depuis 1985, date à laquelle les deux courbes diffèrent très nettement avec une baisse du suicide et une hausse du chômage. [...]
[...] Cette condamnation du suicide existera jusqu'à nos jours. Elle s'explique largement pour des raisons religieuses : seul, Dieu pouvait disposer de la vie. Les juristes estimaient même qu'il s'agissait d'une interdiction évidente. Le jurisconsulte français Jousse, au 18ème siècle, justifiait cette condamnation de la façon suivante : il n'est pas permis de se tuer soi- même, pour quelque cause que ce soit. Cette défense est établie non seulement par les lois civiles et canoniques, mais encore par la loi naturelle ; parce que l'homme n'est pas maître de son corps Sous l'Ancien Régime, les cadavres des suicidés étaient fréquemment traînés sur une claie, la face contre terre, puis pendus par les pieds. [...]
[...] Si l'héroïsme et la grandeur d'âme sont cultivés par le romantisme et par de vigoureux romanciers, d'un siècle postérieur, la mélancolie, le nihilisme et la révolte se complaisent dans un jeu morbide qui achemine bien les personnages jusqu'à la mort volontaire. La plupart du temps, le suicide reste le fruit de l'angoisse,de l'échec ou de l'ennui,associé à des figures douloureuses que l'art de l'écrivain rend particulièrement pathétiques,à l'approche de ce moment bien propre à tenter un romancier ou un dramaturge (Heinrich Von Kleist,Virginia Woolf Malgré l'ampleur du phénomène et sa gravité, les études concernant le suicide sont rares, le suicidé, longtemps considéré, par l'opinion, comme un problème qui concerne chacun et non la société dans son ensemble. [...]
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