6 Millions de français vivant des minimas sociaux, 9% de la population considérée comme pauvre, 2 millions de personnes concernées par l'aide alimentaire des associations caritatives autant de chiffres soulignant l'ampleur du phénomène de l'exclusion, phénomène de précarisation des populations les plus faibles, aussi bien quant à leur revenu économique que dans la reconnaissance d'un statut social
[...] Mais la revalorisation du minimum vieillesse, puis la création de l'AAH; devaient permettre de remédier à la précarité de la situation de ces catégories spécifiques de la population. C'est pourtant au cours des années 70, en même temps que s'engageaient de profondes mutations au niveau économique (notamment l'apparition déterminante de la crise et du chômage) que sont apparus les premiers signes d'une nouvelle forme de pauvreté, accentuée ensuite au cours des deux décennies suivantes. Aujourd'hui les personnes considérées comme pauvre c'est à dire ayant un revenu monétaire mensuel inférieur ou égal à 3500 francs par mois se trouvent au sein de catégories d'inactifs (retraités, étudiants et autres inactifs sans ressources), mais aussi et surtout au sein de ménages actifs : agriculteurs, jeunes adultes en période d'insertion, actifs plus âgés en situation précaire sur le marché du travail (dont la part dans la population pauvre a considérablement augmentée depuis le milieu des années 80).Cette évolution montre que la précarité est maintenant devenue un processus structurel et cumulatif d'exclusion, la marginalité sociale induite par l'exclusion du marché du travail ne concernant désormais plus seulement des franges marginales de la population. [...]
[...] Là encore cette précarité concerne au premier chef les jeunes. Une enquête du CREDOC Le temps de l'établissement : des difficultés de l'adolescence aux insertions des jeunes adultes ",1992) a montré que la perspective d'installation dans le chômage, éventuellement coupée par des périodes de travail de courte durée, concerne de plus en plus fréquemment les jeunes sans qualification, qui connaissent une dizaine d'années de galère, faites de périodes de stages, d'emplois précaires et de chômage avant de parvenir à une certaine stabilité à la trentaine. [...]
[...] II- La précarité: un processus multiforme. La précarité dépasse le seul problème de l'insuffisance de revenus pour s'étendre à problèmes connexes, distincts mais cumulatifs, tels que le défaut d'accès au logement, à la protection sociale et aux soins. Ces phénomènes renvoient plus globalement à un processus de perte du lien social des personnes en situation de grande précarité. 1-Un facteur décisif : la précarité de l'emploi La précarité de l'emploi semble déterminante, dans la mesure où elle conditionne essentiellement les autres phénomènes d'exclusion en matière de logement, de santé, voire familiale. [...]
[...] Leurs perspectives de reclassement s'amoindrissant avec l'age et l'ancienneté du chômage. Cette précarisation de 1'emploi de certaines catégories de population s'avère bien souvent la cause des autres formes de précarité menant à la pauvreté et à l'exclusion. 2-Le cercle vicieux de la précarité Ainsi l'absence de logement stable et durable s'avère-t-elle une autre manifestation de la précarité. Les sans-abris autres personnes occupant des logements de substitution (meublés, hôtels) sont près de 500000, les personnes mal logées près de 1.5 millions; quant au personnes ne disposant pas d'un logement autonome, elles seraient environ 2.8 millions Ce phénomène de précarité des conditions de logement est encore amplifié par le fait que ces exclus ont moins que les autres accès aux logements sociaux (seulement 25% y ont accès) L'institution familiale est elle aussi au coeur de la précarité, et au delà de la pauvreté et de l'exclusion. [...]
[...] La lutte contre la précarité est l'enjeu déterminant des politiques de lutte contre l'exclusion, dans la mesure où elle nécessite une approche différente des politiques sociales de lutte contre la pauvreté. Aux dispositifs nécessaires de lutte contre la pauvreté (minima sociaux et aide sociale) doivent désormais s'ajouter de véritables mesures contre la précarité de l'emploi, ainsi qu'une véritable reconnaissance de l'accès de tous aux droits fondamentaux tels que l'accès au logement et aux soins. C'est d'ailleurs dans cette voie que s'est engagée la loi de lutte contre l'exclusion adoptée en juillet 1998. [...]
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