Les conflits sociaux sont par définition intemporels : dans toute société, il existe des groupes et des individus aux intérêts divergents, ce qui explique la présence de conflits à travers les périodes de l'Histoire. L'analyse que faisait Karl Marx dans L'idéologie allemande et le Manifeste du parti communiste a servi toute sa pensée : l'Antiquité opposait esclaves et citoyens, le Moyen-âge serfs et seigneurs, et à l'époque contemporaine, prolétariat et bourgeoisie. Bien qu'il y ait une part de vérité dans son interprétation de l'Histoire, les réalités de l'époque étaient de façon certaine plus nuancées : d'autres facteurs essentiels jouaient un rôle dans les conflits sociaux, et non pas seulement une opposition de classes isolées (...)
[...] Les revendications portant sur les conditions de travail, le partage de la richesse et sur le bien-être en société, ont été moins présentes durant les années 80 où le marché du travail était en pleine mutation. Les célèbres syndicats ouvriers, autrefois porteurs d'avancées sociales, ont vu eux aussi leur rôle s'affaiblir dû à une individualisation des cas : dans une société où le parcours de chacun est différent et où les travailleurs ne sont plus aussi homogènes qu'autrefois au sein d'une entreprise, il est devenu difficile d'obtenir un progrès social profitable à tous. Au-delà des conséquences sur les mobilisations ouvrières, l'affaiblissement de ce mouvement a aussi réduit le rôle des syndicats. [...]
[...] Cette diminution de la population ouvrière s'explique par l'entrée dans une société post- industrielle où le tertiaire devient prépondérant : vers la fin des trente glorieuses se sont produits en parallèle un phénomène de désindustrialisation et de besoin accru de cadres supérieurs, ce qui a contribué à modifier considérablement le marché du travail en France. De fait, les ouvriers ont vu leur mouvement s'affaiblir dû à des modifications de ce que Marx appelait la superstructure de la société. Cet affaiblissement s'est essentiellement et peu à peu traduit par des mobilisations moins fréquentes, des revendications moins virulentes, de la population. [...]
[...] Est-ce pour autant le signe d'une fin des conflits sociaux tels qu'ils étaient vus autrefois ? II) Les conflits sociaux perdurent toujours à l'heure actuelle Il semble aujourd'hui absurde d'affirmer que les conflits sociaux n'existent plus depuis l'affaiblissement du mouvement ouvrier : quiconque étant en contact avec le monde extérieur ou s'informant sur la vie en France saura que la vie du pays est toujours, si ce n'est plus, déterminée par les conflits sociaux et leur évolution. La réalité quotidienne montre à quel point les conflits sociaux perdurent en France. [...]
[...] Sont-ils pour autant similaires à ceux que le mouvement ouvrier menait durant les trente glorieuses et même avant la guerre ? Pas nécessairement. Si les débats autour des conditions de travail, du partage de la richesse existent toujours, les conflits se sont profondément modifiés. Ils ne portent aujourd'hui plus exclusivement sur ces objets, mais ont adopté une posture plus défensive L'incertitude face à l'avenir et la récurrence des crises économiques ont amené les différentes couches de population à militer pour non plus obtenir forcément un meilleur salaire, mais pour conserver leur travail, objet de conflit qui n'existe réellement que depuis la réapparition du chômage de masse dans les années 80 de chômage en 1990, contre seulement en 1975). [...]
[...] Ainsi, l'affaiblissement du mouvement ouvrier n'a pas signifié la fin des conflits sociaux, bien au contraire. Si le marché du travail a effectivement muté à la fin des trente glorieuses, les conflits sociaux eux aussi : que ce soit au niveau des objectifs, des acteurs ou des formes, tous deviennent désormais disparates au point que l'on ne sache plus réellement quel est l'état actuel des législations du travail ou des mœurs en France. Conclusion Le mouvement ouvrier a été durant des décennies la clef de voûte des avancées sociales de notre pays. [...]
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