La notion de mobilité sociale n'a de sens que dans les sociétés à statut acquis, où les individus sont considérés comme égaux à la naissance (et non assignés à une place sociale dès le début). C'est le principe de l'égalité des conditions (égalité des chances, des droits, de traitement). Dans ces sociétés « démocratiques » (au sens de Tocqueville), chacun peut en théorie échapper à son origine sociale et acquérir un statut qui ne dépendra que de ses efforts et de son mérite (principe méritocratique).
[...] Ainsi, les catégories cadres et professions intellectuelles supérieures et professions intermédiaires se sont ouvertes aux enfants issus d'autres catégories. En 2003, la lecture de la diagonale des destinées permet de constater que la destinée sociale est moins marquée par l'origine sociale pour les catégories agriculteurs, artisans, professions intermédiaires et employées. En revanche, dans la catégorie-cadres et, de façon un peu moins forte chez les ouvriers, le chiffre de la diagonale des destinées augmente (plus de la moitié des enfants de cadres sont devenus cadres). La reproduction sociale reste donc forte dans cette catégorie. [...]
[...] La mobilité structurelle explique une grande partie de la mobilité sociale en France depuis le milieu du XXe siècle. Les catégories agriculteurs, artisans et dans une moindre mesure ouvriers régressent ; en effet, les enfants issus de ces milieux ont une moindre probabilité d'occuper une position similaire à celle de leur père ; les catégories cadres et professions intermédiaires, ainsi qu'employées connaissent une forte progression : elles sont amenées à recruter dans d'autres milieux sociaux. Cependant, la mobilité structurelle semble n'expliquer qu'entre 20 et 25 points de la mobilité totale. [...]
[...] La fluidité sociale Qu'est-ce qu'une société parfaitement fluide ? Qu'appelle-t-on méritocratie ? Une société parfaitement fluide ne ferait apparaître aucun lien statistique entre l'origine sociale et la position occupée ; la structure des emplois serait complètement indépendante de l'origine sociale. Plus largement, cela signifie que l'égalité des chances est complète, que les statuts sociaux sont parfaitement acquis, qu'il n'y a pas de reproduction sociale au-delà de ce que la structure des emplois rend possible. Il y aurait donc une parfaite méritocratie au sens où seuls les efforts, le travail des individus seraient responsables de leur position sociale. [...]
[...] La lecture de la diagonale d'une table de mobilité La diagonale regroupe les cas de reproduction sociale. La lecture des marges Les marges permettent de repérer l'importance de la mobilité structurelle (puisqu'on y trouve la structure sociale des deux générations, dans le cas de la mobilité intergénérationnelle). Le nombre de catégories retenues peut avoir une incidence sur la mesure de la mobilité sociale La multiplication des catégories permet d'affiner la diversité de la composition socioprofessionnelle d'une population au risque de masquer des dynamiques structurelles (comme la possible existence de classes sociales). [...]
[...] De ce fait, on ne peut parler de manière rigoureuse de fluidité Cependant, la massification scolaire, accompagnée d'une certaine mutation des emplois, a permis une plus grande fluidité sociale jusqu'à la fin des années 1990. Mais cela implique une société (et une école) plus concurrentielle. Mais ce mécanisme semble se gripper dans la mesure où les progrès de la scolarité ont ralenti, et où on voit apparaître de nombreux cas de déclassements, le diplôme ne garantissant plus l'accès à une position sociale qui aurait été accessible quelques années auparavant. [...]
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