Les sciences humaines sont fondées sur des indicateurs qui permettent de faire des comparaisons diverses. Comment choisir les bons ? Ne risque-t-on pas de déformer la réalité, de se tromper de diagnostic sur une situation donnée, de proposer des situations inadaptées à la société ?
En somme, les indicateurs sont-ils à même de représenter une réalité économique, politique et sociale ?
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. Ils sont mal adaptés :
- à la réalité qu'ils veulent représenter (ex : le taux de nuptialité aujourd'hui ; le PIB intègre souvent l'accroissement de richesses issu d'un phénomène négatif [reconstruction après un désastre] et ne permet donc pas de définir la richesse) ;
- aux enjeux de la société : les critères tiennent peu compte des ressources naturelles, des externalités négatives liées à la production... -> on passe à côté des problématiques essentielles (ex : aux Etats-Unis, la croissance fut la plus forte du monde jusqu'en 2006 mais il y subsiste une forte pauvreté, un taux de suicide élevé, l'usage de drogues, la maltraitance des enfants...). En outre, pour mettre en avant un indicateur et pour faire en sorte qu'il reste compétitif, il faut impérativement que celui-ci respecte les normes et valeurs en vigueur ; mais, souvent, cette non-maléabilité des indicateurs pose problème (notamment pour les comparaisons internationales) ;
- à la mise en place d'une société de bien-être : importance d'une vision qualitative sur la durée. Or certains indicateurs sont exclusivement quantitatifs et ne comprennent pas la mesure de la qualité de vie -> ils peuvent oblitérer le jugement des acteurs économiques et des décideurs politiques (ex : dumping social, protocole de Kyoto approuvé par la Californie mais toujours pas par les Etats-Unis...).
Les critères doivent être capables d'évaluer les priorités d'une société ou d'une économie pour ne pas pénaliser la société à moyen/long terme (...)
[...] En somme, les indicateurs sont-ils à même de représenter une réalité politique et sociale ? Une critique des indicateurs pour caractériser l'évolution économique et sociale Les indicateurs sont des construits : - historiques : ils sont les résultats d'une problématisation héritée d'une histoire; ils sont le pendant d'une situation à un moment donné (ex : pendant les années 1930, avec la crise mondiale apparaît le terme de croissance ( il faut qu'ils puissent évoluer ; - statistiques : les indicateurs relèvent d'une mesure quantitative ; leur apparition est le résultat de contraintes des appareils statistiques et permet donc à ceux-ci de quantifier les données disponibles (ex : PIB) ( ils sont partiels ; - sociaux : ils expriment souvent les valeurs d'une société et sa volonté ou non de reconnaître l'existence de certains problèmes (ex : en URSS, on a supprimé le taux de mortalité infantile ; en France on ne reconnaît pas l'IPH ) ( leur choix est non neutre : ils sont partiaux. [...]
[...] Comment faire face à de tels enjeux ? En mieux mesurant le bien-être et le progrès social. Cette volonté naît du travail précurseur de Nordhaus et Tobin : Is growth obsolete ? [...]
[...] (1997), un article où les économistes soustraient du PIB les éléments qui ne contribuent pas au bien-être économique. En construisant de nouveaux indicateurs synthétiques pour pondérer le caractère trop quantitatif des indicateurs traditionnels : - critères du PNUD (IDH, ISDH, IPF, IPH 1 et : ils permettent de mettre en valeur des données comparables au niveau international ; - Indicateur de Progrès Véritable (index of genuine progress années 1970) : il vise à intégrer dans la mesure du progrès les contributions à la vraie richesse et au bien-être (activités bénévoles), et à retirer à ce calcul un certain nombre de coûts (chômage, inégalités ) ; - Indicateur de Santé Sociale (index of social health - Institut Fordham) : indicateur composite, synthétique, fondé sur 16 variables élémentaires (qui diffèrent par tranches d'âge) ; - BIP 40 ; - empreinte écologique : calcul de la consommation des ressources de la planète par une population donnée (selon la WWF, depuis 1990, on utilise 20% de ressources en plus de ce que peut régénérer la planète) ; - Indice de Bien-être Economique. [...]
[...] Les sciences humaines sont fondées sur des indicateurs qui permettent de faire des comparaisons diverses. Comment choisir les bons ? Ne risque-t-on pas de déformer la réalité, de se tromper de diagnostic sur une situation donnée, de proposer des situations inadaptées à la société ? [...]
[...] II) La nature des nouveaux indicateurs proposés De nouvelles problématiques apparaissent, fondées sur des enjeux : - planétaires : on observe une redistribution progressive des flux et une raréfaction des ressources naturelles avec l'émergence de nouveaux pôles de puissance (la Chine) ( il est nécessaire de prendre les décisions au niveau global : les acteurs ne sont donc plus seulement nationaux mais surtout internationaux. Cela rend nécessaire l'adoption d'indicateurs utilisés universellement (pour autant, certains spécialistes soulignent la difficulté de comparer des pays ayant un même niveau de développement) ; - sociaux : on problématise de plus en plus le développement durable pour tempérer des politiques trop centrées sur la croissance qui ne prendraient pas en compte les informations sur la répartition des richesses ; - environnementaux : apparaissent les problèmes du trou de la couche d'ozone, du réchauffement climatique, du taux de CO2 trop élevé, des espèces en voie de disparition, de la fonte des glaciers, de l'apparition de nouvelles pandémies ( l'environnement est fragilisé, menacé, ce qui contribue à l'émergence du mouvement alter mondialiste et de la question du patrimoine légué aux générations futures. [...]
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