Le français contemporain des cités est une forme d'argot parlé en France par une partie de la jeunesse. On l'appelle aussi langue djeunz ( djeunz signifiant " jeunes " dans ce même argot ) car la majorité de ceux qui l'utilise font partie de la jeunesse. On peut encore l'appeller langue des cités ou argot des cités puisqu'il se parle particulièrement dans les quartiers populaires.
L'argot contemporain conserve malgré tout le même but que l'argot classique. En effet, on y retrouve les mêmes fonctions exclusives et identitaires. Né de l'urbanisation massive des banlieues dans les années 1970 et de la création de quartiers populaires destinés à loger les ouvriers en grande partie immigrés, il s'est finalement développé dans le milieu de la jeunesse. Un accès difficile à l'emploi ainsi qu'un niveau d'études inférieur à la moyenne a entraîné la marginalisation d'une grande partie des " jeunes de banlieues ". Il s'est ensuite propagé en dehors des quartiers populaires ce qui a eu pour effet de déplacer certains mots dans le registre familier. Ainsi, cet argot est utilisé aussi bien par les " jeunes de banlieues " que par les jeunes en général.
Ils s'approprient alors ce langage et il devient finalement un sociolecte. Effectivement, ils prennent la définition initiale d'un mot pour lui en donner une nouvelle. Le sens premier des mots est alors complètement détruit pour laisser place à un sens totalement différent lié à des sensations propres à la jeunesse. C'est à dire que les jeunes transforment le sens des mots en y intégrant leurs sentiments.
Nous nous intéresserons donc dans un premier temps à cet aspect affectif de la destruction des sens puis à l'aspect communautaire de ce langage. Finalement nous étudierons en quoi ce langage est l'expression d'une rébellion, d'une liberté.
[...] Ils transforment alors les mots dès l'instant où ceux-ci sont entrés dans la norme et ont été "reconnus". C'est donc la raison pour laquelle la langue des jeunes est un langage particulier en constante évolution à travers lequel les jeunes de cités ont trouvé un moyen d'exprimer leurs émotions et de montrer leur subjectivité. Pourtant, " une des clés de la réussite à l'école se trouve dans l'utilisation et la maîtrise d'un langage non affectif et abstrait " et dans ce cas on peut alors se demander si les jeunes ne s'enferment pas seuls dans ce sentiment d'exclusion? [...]
[...] Par exemple, le sens du mot " grave " est totalement inversé. En effet, dire " grave! " ne signifie en aucun cas " alarmant " ou " inquiétant " mais tout simplement " génial Le mot " grave " est employé dans un sens positif. Lorsque les deux professeurs de français du collège Jean-Jaurès proposent à leurs élèves de fabriquer un dictionnaire de la langue des cités, une élève demande si les parents pourront le voir et s'inquiète: "mais alors, nos parents, i vont comprendre tout ce qu'on dit!". [...]
[...] Cependant, certains linguistiques ou encore Jean-Pierre Goudaillier ( professeur de linguistique et responsable du CARGO à l'université Paris V ) pensent que la langue des cités ne vient qu'enfermer ces jeunes dans un " ghetto culturel " en ajoutant à une fracture sociale déjà présente une fracture linguistique. Bibliographie Boris Seguin et Frédéric Teillard, Les Céfrans parlent aux Français ( chronique de la langue des cités Dannequin Claudine, " Outrances verbales ou mal de vivre chez les jeunes des cités Migrants-Formation, mars 1997. Jean-François Dortier, " Tu flippes ta race, bâtard ! " Sur le langage des cités, avril 2005 Zouhour Messili et Hmaid Ben Aziza, " Langage et exclusion. [...]
[...] Ils s'approprient alors ce langage et il devient finalement un sociolecte. Effectivement, ils prennent la définition initiale d'un mot pour lui en donner une nouvelle. Le sens premier des mots est alors complètement détruit pour laisser place à un sens totalement différent lié à des sensations propres à la jeunesse. C'est à dire que les jeunes transforment le sens des mots en y intégrant leurs sentiments. Nous nous intéresserons donc dans un premier temps à cet aspect affectif de la destruction des sens puis à l'aspect communautaire de ce langage. [...]
[...] Certes, leur langage est pour eux un moyen de rejeter une société de laquelle ils se sentent exclu en se forgeant un univers qui leur est propre et qui leur permet d'affirmer leur liberté. Mais les libertés qu'ils se permettent ne vont-elles pas trop loin discréditant totalement leur premier élan de contestation légitime? En outre, il y a polylinguisme à l'intérieur même du parler jeune: plusieurs langues jeunes. On peut le constater à l'intérieur d'une même cité où selon les clans établis le langage diffère, le vocabulaire utilisé n'est pas le même. [...]
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