La question du gouvernement, que ce soit d'une communauté ou d'un pays, a toujours suscité diverses interrogations : quel régime fonctionnerait le mieux ? Une démocratie ou une monarchie conviendrait-elle plus à la bonne entente des Hommes ? Les conflits ont bien sûr toujours eu lieu, que ce soit à l'intérieur de l'Etat, entre les différents gouvernements ou dans la relation du peuple à l'Etat. Nous sommes donc en mesure de nous demander si ces conflits ne font pas partie de la nature profonde de l'Etat ? Un Etat sans conflits ne se verrait-il pas atrophié ? (...)
[...] Mais cet Etat de soumission où règnerait l'absence de tous conflits ne serait pas accepté par le peuple, il y aurait un véritable problème de légitimité. De nos jours, les citoyens n'adhèreraient pas d'eux-mêmes à un tel Etat. Et c'est l'adhésion des gouvernés qui fait la véritable légitimité d'un Etat. De plus, pour être légitime, il doit admettre un certain pluralisme : donc admettre que certains ne soient pas d'accord et autoriser les divergences d'opinion. Il doit également accepter les contre-pouvoirs tels que les médias, et nous savons tous que les médias provoquent bien souvent des conflits. [...]
[...] Mais cela est dû à la peut-être trop grande liberté que nous laisse la démocratie mais qui pourtant nous montre que les Hommes ont un besoin aigu de s'exprimer et qu'ils ne se laisseraient pas manipuler par un Etat totalitaire. Un Etat sans conflits ne serait ni naturel ni légitime, la nature des Hommes est maintenant trop disparate. Avant la question ne se posait pas puisque régnait la loi du plus fort, les rois imposaient leur régime et le peuple obéissait : mais même en c temps existaient toutes sortes de conflits. [...]
[...] Cela peut aller de simples mécontentements et désaccords à des guerres et autres destructions. Ils peuvent avoir lieu entre les gouvernements eux-mêmes ou dans leur relation aux gouvernés. Malgré ces conflits, l'Etat poursuit un but comme toute institution : Hobbes pensait qu'il avait des finalités matérielles tandis que Spinoza disait la fin de l'Etat est en réalité la liberté En démocratie en tout cas, l'Etat donne aux Hommes une liberté, imaginons maintenant que les Hommes ne soient plus libres. Qu'est-ce que serait un Etat sans conflits ? [...]
[...] Au terme de cette réflexion, nous avons vu que les conflits sont la base de l'Etat ; ils créent des évolutions, permettent d'exprimer nos divergences d'opinion quand il s'agit d'un Etat démocratique, ils permettent des avancées Un Etat totalitaire ne conviendrait pas non plus à des Hommes qui veulent de plus en plus de libertés et nous observé qu'il serait très difficile de parvenir à embrigader les Hommes après qu'ils aient connu la démocratie. Un Etat sans conflits ne serait donc ni possible ni souhaitable. [...]
[...] Enfin, tous les conflits sont-ils mauvais ? En établissant la démocratie, on établit également de manière implicite les conflits. Donner la parole au peuple rime forcément avec désaccords et mécontentements. Il ne serait donc pas souhaitable et surtout difficilement possible de les abolir. Nous pouvons établir, comme l'a fait Aristote, une analogie entre la communauté et la famille : pour lui la famille est le premier groupement naturel qui s'est ensuite étendu en tribu, village . Dans chaque famille, de même que dans chaque Etat, il y a des conflits, plus ou moins violents, plus ou moins longs, mais ce n'est pas pour autant qu'elle ne reste pas unie. [...]
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