La catégorie "chômage de longue durée " (CLD), si elle nous semble aujourd'hui évidente, n'a vu le jour que très tardivement et cela pour deux raisons majeures. Tout d'abord, traditionnellement, le chômage a toujours été considéré comme un événement occasionnel dans la vie professionnelle d'un individu ; ce qui a longtemps fait apparaître le chômage de longue durée comme une contradiction dans les termes. De plus, et conséquemment, une méfiance a pendant longtemps prévalu à l'égard des chômeurs de longue durée : dans l'esprit de l'opinion, s'ils ne retrouvaient pas de travail c'est sans aucun doute parce qu'ils ne voulaient pas travailler et non parce qu'ils ne le pouvaient pas.
La reconnaissance du CLD est en fait très liée à la crise économique des trois dernières décennies. C'est en effet en 1968 que I'OCDE attire l'attention sur cette forme de chômage mais à ce moment-là le CLD est défini par rapport à une ancienneté de 6 mois de chômage. Ce n'est finalement qu'à la fin des années 1970 que la distinction va être opérée entre les chômeurs ayant connu moins ou plus d'un an d'interruption de leur activité professionnelle. Depuis, cette norme est restée inchangée et aujourd'hui encore les chômeurs de longue durée sont ceux qui comptent une ancienneté de chômage supérieure à un an.
On peut se demander pourquoi cette norme précise a été choisie: d'après certaines enquêtes de l'ANPE menées dans les années 1970, le passage à plus de 12 mois de chômage constituerait un seuil correspondant à l'apparition de difficultés particulières, d'où la définition retenue.
Cette reconnaissance d'une catégorie nouvelle n'a pas seulement eu des conséquences statistiques elle a aussi bouleversé la perception que l'opinion avait des chômeurs de longue durée : l'individu est dès lors considéré à l'intérieur du système de production même s'il s'y situe de façon périphérique; le chômage cesse d'être appréhendé uniquement comme un phénomène temporaire, volontaire et transitoire ; l'individu est un demandeur d'emploi même s'il éprouve des difficultés à en obtenir un.
Sommaire :
Définition du chômage de longue durée. Évolution du chômage de longue durée. Les politiques de lutte contre le chômage de longue durée. Mise en perspective critique.
[...] Le chômage de longue durée Définition du chômage de longue durée La catégorie [...]
[...] Depuis les années 1980, les mesures visant à lutter contre le chômage de longue durée sont donc innombrables et une liste exhaustive ne saurait en être dressée. Cependant, on peut distinguer trois catégories principales de dispositifs qui correspondent à autant de logiques. En premier lieu, ces politiques ont eu pour objectif de peser sur les caractéristiques de la demande d'emploi et d'améliorer les capacités de réinsertion des chômeurs de longue durée. C'est dans cette optique qu'on été mis en place les différents stages de formation à destination des chômeurs de longue durée (regroupés dans les Stages d'Insertion et de Formation à l'Emploi en 1994). [...]
[...] Cette intention louable a pourtant rencontré deux limites elle a occulté les grandes tendances au risque de morceler les politiques et, plus sociologiquement, elle aurait contribué à recentrer les chômeurs sur eux- mêmes alors que la difficulté de leur situation aurait plutôt exigé le contraire. Mais surtout, le problème majeur des politiques de lutte contre le CLD est qu'on ne peut connaître avec certitude leur efficacité. En effet, le manque d'évaluation récurrent de toutes les politiques publiques françaises vaut également en matière d'emploi. [...]
[...] Évolution du chômage de longue durée La crise économique des trente dernières années s'est traduite à la fois par une hausse du volume du chômage et par une augmentation de sa durée. Selon les statistiques de l'ANPE, la crise: aurait entre 1975 et 1995 triplé le volume du chômage tandis que le nombre de chômeurs de longue durée était multiplié par huit En terme de stock, on considère généralement qu'il y avait chômeurs de longue durée en 1975 ; les derniers chiffres connus révèlent qu'au mois d'octobre 1999, on dénombrait toujours environ de chômeurs de longue durée en France. [...]
[...] Du côté des dépenses passives, la création du RMI, même si elle n'a pas directement comme objectif de lutter contre le chômage de longue durée peut être considérée comme une dépense passive à l'égard des chômeurs en fin de droits. A côté de ces grandes tendances, le Pacte pour l'Emploi de 1989 et la loi quinquennale de 1993 se sont également intéressés au problème du chômage de longue durée en essayant notamment d'opérer une clarification et une rationalisation des différentes strates de mesures mises en place. Mise en perspective critique Les mesures de lutte contre le chômage de longue durée sont-elles efficaces ? [...]
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