Stéphane BEAUD et Michel PIALOUX dans leur ouvrage « Violences urbaines, violence sociale » paru en 2003 reviennent à travers l'exemple d'une émeute se déroulant le 12 juillet 2000 dans le quartier de la Petite Hollande à Montbéliard sur la socialisation de ces jeunes habitants et de ce que l'on appelle « la fabrique des émeutiers ». Ces derniers tout deux sociologues et, notamment membres du Laboratoire de sciences sociales de l'Ecole normale supérieure, observent et prennent part à la vie de cette ville depuis les années 1980. Ainsi c'est au cours de l'année 1983 que Michel PIALOUX entreprend une série d'entretiens auprès d'un OS travaillant dans l'usine de Sochaux: Christian Corouge. Ce dernier est, dans le même temps, militant à la CGT. A l'origine l'objet d'étude était donc bien différent. La collaboration avec Stéphane BEAUD fruit de l'ouvrage « Retour sur la condition ouvrière » débuta en 1988. L'enquête prit ensuite diverses directions. Ainsi, ils s'intéressèrent plus spécifiquement aux ouvriers d'usine et au marché du travail mais aussi à la scolarisation des enfants d'ouvriers. Il s'agissait donc de réfléchir au processus de « structuration - destructuration du groupe ouvrier ».
Ainsi, ils recueillent des renseignements à travers l'observation prolongée, depuis 1985 plus précisément mais aussi par entretiens et recueil de données variées. Ils sont ainsi « témoins de comportements sociaux d'individus ou de groupes dans les lieux mêmes de leurs activités ou de leurs résidences sans en modifier le déroulement ordinaire » .
Par conséquent, se pose donc la question de la construction mentale des jeunes de quartiers populaires vivant dans un univers fait de contrariété, « de la genèse des attitudes et des groupes étiquetés comme déviants ».
Dans cette optique, l'ouvrage dont fait parti l'extrait cherche à rompre avec les présupposés (I) par une « mise en perspective historique » (II).
[...] L'environnement dans lequel ils ont grandi, les diverses expériences qu'ils ont rencontrées ont laissé des traces profondes. Les deux sociologues parlent alors habitus c'est à dire de l'intériorisation de ces expériences et ses conséquences quant à leurs façons d'agir, de penser. De plus, ces jeunes ne sont pas sans repères. Au contraire, ceux ci ont du s'en créer. En effet, ces jeunes précaires ayant vu leurs frères, parents ou encore amis détruits par une période de chômage important n'ont plus foi en l'avenir. [...]
[...] Au contraire, la ZUP est un espace très hétérogène socialement Une mise en perspective historique s'impose donc pour restituer la toile de fond socio-historique d'un tel évènement mais aussi de dégager l'enchevêtrement des causes sociales susceptibles de l'exprimer L'émeute doit donc être vue comme le symptôme d'un malaise social perceptible, comme la conséquence de l'ensemble de facteurs socio- économiques. Il ne s'agit pas ici de neutraliser certains jeunes qui causent des torts. Il faut remettre dans son contexte global l'évènement pour éviter les contre sens et les raccourcis. Un cercle vicieux se met en place. L'émeute, on l'a sentie venir . Ainsi, les habitants ont bien conscience de la dégradation de la situation au cours des années 1990. Cette période coïncide avec la percée des chiffres du chômage. [...]
[...] De ce fait, un sentiment d'inutilité grandi alors. Un cercle vicieux fait d'autodestruction individuelle (suicide notamment) et collective (destruction écoles . ) se met en place. Ainsi certains ont même plongé dans la déprime, le désastre s'étalant alors aux yeux de tous dans la famille et le quartier Lors de ses évènements, les immigrés font office de boucs émissaires. Cependant, le taux d'immigrés est bien inférieur à celui des autres cités de la population). La tension y est pourtant plus importante. [...]
[...] À l'origine l'objet d'étude était donc bien différent. La collaboration avec Stéphane BEAUD fruit de l'ouvrage Retour sur la condition ouvrière débuta en 1988. L'enquête prit ensuite diverses directions. Ainsi, ils s'intéressèrent plus spécifiquement aux ouvriers d'usine et au marché du travail mais aussi à la scolarisation des enfants d'ouvriers. Il s'agissait donc de réfléchir au processus de structuration - déstructuration du groupe ouvrier Ainsi, ils recueillent des renseignements à travers l'observation prolongée, depuis 1985 plus précisément mais aussi par entretiens et recueil de données variées. [...]
[...] En effet, les populations pouvant partir habiter des quartiers périphériques ne s'en privent pas laissant derrière eux ceux qui n'ont pas la possibilité de le faire. Les conflits entre générations se multiplient ensuite. Ainsi, le chômage, bien plus qu'un mot, fait référence à de véritables expériences concrètes et dramatiques. Il est alors possible de faire référence à Bourdieu et notamment à son discours La précarité est partout La concurrence qui se crée est alors d'une violence extrême. Le chômage destructure l'existence de l'individu, son rapport au monde change. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture