Daniel Pécaut est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Ses thèmes de recherche sont La sociologie politique de l'Amérique latine, Transformations sociales et phénomènes de violence et Sociologie de la Colombie. La revue Questions Internationales a réalisé un entretien en 2006 avec lui sur le thème de la violence politique et civile.
Le thème global de l'entretien concerne les différentes manifestations de la violence en Amérique latine aujourd'hui. Il est aussi question de savoir quelles en sont ces racines historiques et les formes qu'elle a prises en démocratie, mais également d'analyser son impact sur la société et le gouvernement. Le nom donné à l'entretien, violence politique et civile, démontre bien qu'il y a une volonté de la part des éditeurs d'établir une première classification grossière de la violence dans le continent en la qualifiant soit de politique, soit de civile. La violence politique est définie comme celle « tenant au gouvernement au sens large », tandis que la violence civile n'est pas définie spécifiquement mais regrouperait toutes celles qui ne sont pas proprement politiques.
[...] Mais il existe une profonde réticence envers la politique de sécurité des Etats-Unis concernant la région. Les Latino-Américains ont peur que la notion de sécurité et que la doctrine de sécurité nationale utilisée pendant les dictatures ne reviennent. Surtout, les gouvernements du continent ne veulent pas que cette conception signifie à nouveau une perte de souveraineté de l'Etat. Aujourd'hui, la notion de sécurité humaine d'une sécurité sociale, prédominerait dans la région. Cette peur de la vision américaine de sécurité renvoie à la question de savoir si les Etats-Unis effectuent une criminalisation de l'Amérique Latine dans le sens où toutes les réponses à tous les problèmes se feraient par un combat sur le plan policier et sécuritaire. [...]
[...] La violence politique et civile : entretien avec Daniel Pécaut Dossier Amérique Latine, Questions internationales, mars-avril 2006. Daniel Pécaut est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Ses thèmes de recherche sont La sociologie politique de l'Amérique Latine, Transformations sociales et phénomènes de violence et Sociologie de la Colombie. Il a écrit ou dirigé plusieurs ouvrages, notamment, Les Farc, une guérilla sans fin en 2008 et Cronica de cuatro décadas de politica colombiana, en 2006. La revue Questions Internationales a réalisé un entretien en 2006 avec lui sur le thème de la violence politique et civile. [...]
[...] Cependant, il renforce l'importance du contexte social dégradé, un héritage colonial, et le profond scepticisme des sociétés envers la démocratie, les deux grands facteurs de toutes sortes de violence. On propose à D .P d'élaborer une typologie de la violence en Amérique Latine. Ici, nous retrouvons la question centrale de l'entretien, à savoir les formes que prend la violence et sa raison d'être. Ainsi, Q.I évoque les violences politiques, ethniques, économiques et criminelles, déjà explicitées plus haut tandis que «l'absence d'Etat et l'incapacité des autorités publiques sont mises en cause. [...]
[...] Par la suite, D.P confirme qu'il existe bien des réseaux de trafic transnationaux. En effet, le réseau colombien passe par le Brésil, l'Argentine, l'Amérique Centrale, les Caraïbes et le Mexique, entre autres. La destination la plus commune est celle des Etats-Unis, mais l'Europe prend une place chaque année plus importante. D'autre part, le trafic de drogues est associé au trafic d'armes, qui est inséré dans un circuit international de blanchiment d'argent. Ainsi, le réseau de trafic de drogue est par assimilation connecté à un réseau encore plus ample et plus criminel. [...]
[...] Les formes de violence générées par ce contexte social dégradé sont multiples. Il prend l'exemple de la montée de la petite délinquance ordinaire et les modalités fragmentées de protestation qu'il avait déjà cité dans sa première intervention. D'autre part, il considère que les mobilisations ethniques propres à certains pays connaissent, dans l'ère de la mondialisation, une reconnaissance à niveau national de leurs revendications, qui jusque-là ne se faisaient qu'à échelle régionale, voire locale. Dès lors, il ne voit pas de radicalisation ou de tendance séparatiste réellement menaçantes de ses groupes, il estime plutôt que l'influence régionale [ ] peut atténuer la tentation de recourir à des actions violentes Finalement, il confirme l'incapacité des autorités publiques à faire aux problèmes sociaux, mais rajoute que cela est à la fois une des causes de la violence, mais surtout une conséquence de la difficulté de répondre à des revendications très hétérogènes au sein d'une même société. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture