"La ville à trois vitesses : gentrification, relégation, périurbanisation" de Jacques Donzelot

Résumé du document

Cet article paru dans la revue Esprit en mars-avril 2004 a fait date en urbanisme. L'auteur y dresse le constat d'une dérive sécessionniste inquiétante : les minorités ethniques, les oubliés et les enrichis.
La fiche de lecture contient une biographie détaillée de l'auteur, le contexte lors de la publication, un résumé (2 400 caractères), une critique personnelle (4 500 caractères) et quelques liens pour approfondir l'analyse.

Extraits

[...] C'est le domaine de l'hypermobilité contrainte et de l'entre soi protecteur via la sécurisation des espaces communs. Le périurbain est une garantie de bon voisinage et d'une bonne scolarité du moins jusqu'au lycée, mais au prix d'une mobilité très chère et d'un repli sur soi. La gentrification est un mouvement inverse de retour en ville et concerne la partie supérieure des couches moyennes. Ici c'est l'entre soi sélectif qui prône avec une mobilité voulue. Le prix du foncier suffit à éloigner l'insécurité. [...]

[...] La ville a trois vitesses : gentrification, relégation, périurbanisation de J. Donzelot Critique personnelle de l´ouvrage Jacques Donzelot dresse le constat d'une dérive sécessionniste inquiétante : les minorités ethniques, les oubliés et les enrichis. C'est le constat de l'impuissance républicaine à rassembler les gens pour faire société selon une expression chère à l'auteur. Jacques Donzelot dénonce ainsi les tentations politiques de dissolution de l'altérité : le modèle idéal de la ville républicaine invisibilisant les différences sociales, culturelles ou ethniques. Cet échec est évidemment irritant, et l'article a pu paraître polémique à sa sortie. [...]

[...] En particulier peut-être que le problème central de la paupérisation, c'est la stigmatisation externe, qui est largement renforcée par l'ensemble des acteurs qui travaillent dans les quartiers difficiles : policiers, assistances sociales, animateurs, travailleurs sociaux comme le suggère Michel Bonetti La mondialisation par le bas, c'est-à-dire l'immigration de personnes défavorisées, accentue le cloisonnement de ces quartiers à cause du racisme, mais elle n'en est probablement pas le moteur qui lui est bien inhérent à notre société. Par ailleurs, si cette description est assez inquiétante, c'est aussi parce qu'elle a des conséquences sur l'aménagement du territoire. [...]

[...] Il oppose un volontarisme à la française qui s'attache à réparer les lieux à un modèle américain qui lui, remettrait plutôt les gents en mouvement. Il y expose en particulier l'histoire des corporations de développement communautaires sortes d'association de quartier pour gérer l'urbanisme, dont le succès aux Etats-Unis devrait être pris en exemple par la France. membres du centre de recherche de l'Equipement, le CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment) Autres sources à consulter Le numéro spécial de la revue Esprit de mars-avril 2004 est disponible à l'adresse suivante : http://www.esprit.presse.fr/archive/detail.cfm?id_numero=179 Une interview de J. [...]

[...] L'auteur Jacques Donzelot est né en 1943. Disciple de Gilles Deleuze, il est professeur des universités et maître de conférence à l'Université de Paris X-Nanterre où il enseigne la sociologie politique. Il fut entre 1990 et 1993 l'évaluateur de la politique de la ville et reste aujourd'hui conseiller scientifique au PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture). Il a notamment publié : L'Invention du social (Fayard Point Seuil, 1994). Face à l'exclusion : le modèle français (Esprit Edition, 1991). L'Etat animateur (Esprit Edition, 1994). [...]