Dans l'usine à chômeur, Béatrice Majnoni d'Intignano explique le mécanisme du chômage en l'Europe. Pour elle, il ne s'agit pas d'une fatalité, il existe des explications économiques précises qu'elle sait développer. Selon elle, le chômage que l'on connaît en France et plus généralement en Europe a des causes que et les responsables politiques et économiques refusent de mettre en avant. Pour l'auteur, il n'y a que trois façons de réduire le chômage : par l'inactivité, (diminution du nombre de personnes disposant d'un emploi), par le partage du temps de travail (réduction du nombre d'heures travaillées par personne), ou par la création d'emplois (par l'augmentation de la production, et par conséquent de la consommation ). C'est ce dernier choix qui a été fait aux États-Unis alors que l'Allemagne et la France ont pris les deux premières solutions
[...] Pour Béatrice Majnoni d'Intignano, la loi de l'un des pères de l'économie moderne, Jean-Baptiste Say, reste valable et s'applique actuellement aux créations d'emploi la production crée sa propre demande Ce sont les créations d'emploi qui poussent les populations à travailler. Une population active nombreuse ne devrait donc pas, selon cette règle, provoquer un accroissement du chômage. Cette loi de Say, que l'auteur adopte, contredit de nombreuses affirmations présentées comme des évidences. Ces idées fausses sont énumérées : la France souffrirait du chômage parce qu'elle aurait trop de jeunes à absorber sur le marché du travail ; les emplois seraient à partager et ne pourraient s'accroître ; les préretraites libéreraient des emplois et permettraient à des jeunes d'intégrer la vie active ; les emplois créés aux Etats Unis seraient des emplois de misères (ce qui est faux selon l'auteur). [...]
[...] Selon Béatrice Majnoni d'Intignano, le nombre de chômeurs ou apparentés dépasse largement les 5 millions de personnes. Si l'on rapporte cette population à celle employée dans le secteur marchand, environ 17,5 millions de personnes, c'est près d'un français sur trois qui n'occuperait pas d'emploi productif. Le taux de chômage est donc un indicateur trompeur. Il sous-estime le mal et n'explique rien. Il suscite des politiques perverses puisqu'elles consistent le plus souvent à diminuer de façon artificielle le nombre de chômeurs. [...]
[...] Il existe en effet des détenteurs de statuts (notamment les fonctionnaires) qui sont des salariés privilégiés, ce qui est intéressant pour eux mais probablement pas pour la société. En effet, il est anormal de mieux rémunérer les salariés ayant un emploi stable et socialement les mieux protégés que les créateurs d'entreprises qui prennent des risques économiques et créent les emplois de demain. Les fonctionnaires non cadres sont mieux rémunérés (de 6 à que les salariés du secteur privé ayant des activités comparables. Disposant en outre d'avantages sociaux importants et d'une retraite plus précoce. Ces avantages tendent à s'accentuer, notamment pour le montant de la pension de retraite. [...]
[...] Les revenus sont comparables mais n'incitent guère celui qui travaille à poursuivre son activité. Il percevrait davantage en cessant son activité et travaillant, à temps partiel, au noir. A l'opposé, la famille qui perçoit à la fois le R.M.I. et une allocation A.P.I., perdrait beaucoup à régulariser sa situation et en se mariant ou en trouvant, pour l'un ou l'autre des parents, une activité à temps partiel la chute de revenu serait très importante. Si, à court terme, ceux qui ne travaillent pas vivent plutôt mieux, à long terme ils se trouveront exclus d'une société qui se sera organisée sans eux. [...]
[...] Les emplois du secteur marchand, de 1970 à maintenant a chuté de 53 à 46%. Nous sommes entrés, selon l'auteur, dans une spirale perverse, une forme de déflation sociale où la charge imposée aux actifs par les inactifs tue l'activité puisque tout l'accroissement du pouvoir d'achat des dix dernières années accordé aux actifs a été confisqué sous forme d'augmentation de cotisations sociales ou de C.S.G. La base sur laquelle repose le financement de la protection sociale se rétrécit et les problèmes démographiques vont accroître les déficits structurels. [...]
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