"Trois leçons sur l'État-providence" de Gøsta Esping-Andersen

Résumé du document

Gøsta Esping-Andersen (1947-) est un économiste et sociologue danois. Il a enseigné à Harvard, Florence et Trente, et il est aujourd'hui professeur à l'université Pompeu Fabra de Barcelone. Esping-Andersen a également participé à de nombreuses réunions animées par des organisations internationales telles que l'ONU, l'OCDE, la Banque Mondiale ou encore la Commission européenne.

Il a principalement axé ses recherches sur les inégalités sociales, ainsi que sur la comparaison entre les différents systèmes de protection sociale et sur les politiques publiques en Europe.

Sa théorie la plus connue figure dans son ouvrage Les trois mondes de l'État-providence publié en 1990. Il y développe une analyse de la crise de l'État-providence en Europe et une étude des changements culturels à la base de la remise en cause de certaines facettes des systèmes de protection sociale (notamment celui des retraites). Gøsta Esping-Andersen ne se focalise pas uniquement sur l'État « protecteur » ; il s'attache à prendre en compte la combinaison de différents acteurs de la protection sociale : certes l'État (qui organise la redistribution), mais aussi la Famille (garante de la réciprocité), et le Marché (qui participe à la distribution fondée sur les échanges monétaires). A partir de ces réflexions, Esping-Andersen établit une typologie des différents systèmes d'État-providence en Europe selon la place de ces différents acteurs dans le régime de protection sociale de chacun des pays : il aboutit à une distinction entre le régime libéral, le régime corporatiste-conservateur, et le régime social-démocrate.

Esping-Andersen organise sa réflexion autour de trois axes ou « leçons » qui renvoient aux spécificités de la société post-industrielle et aux nouveaux défis qu'elles engendrent. Chacune des trois leçons semble avoir été organisée autour d'une catégorie de population : les femmes d'abord, les enfants ensuite, puis les personnes âgées. Selon lui, le premier défi de l'État-providence du XXIe siècle réside dans ce qu'il appelle la « révolution du rôle des femmes » : l'État doit soutenir l'emploi des femmes et garantir l'égalité homme/femme, à la fois dans la vie professionnelle et dans la sphère privée. Ensuite, Esping-Andersen considère que l'État – toujours dans l'optique d'une démarche préventive - doit assurer l'égalité des chances des enfants. Enfin, dans une dernière leçon, Esping-Andersen préconise que l'État-providence du XXIe siècle s'intéresse au domaine des retraites, tout en gardant à l'esprit le souci de l'équité inter-générationnelle.

Mots clés: fiche de lecture, Etat, providence, Esping-Andersen, régime corporatiste, conservateur, femmes, carrière, vie de famille, naissance, enfants, masculinisation, féminisation, hommes, hérédité sociale, chômage, argent, culture, inégalités sociales, inégalités culturelles, Musgrave

Extraits

[...] Les mesures à mettre en place afin de mieux garantir l'avenir de l'enfant III 1. Homogénéiser le milieu d'apprentissage Nous avons vu que la période la plus propice à l'apprentissage cognitif se situe à la période préscolaire. Plus un enfant est stimulé tôt, plus il aura de chances de réussir, il s'agit d'un effet de synergie positive où l'apprentissage engendre l'apprentissage L'auteur s'appuie sur le programme Perry aux E-U où l'on a mis en place une intervention avant la scolarisation sous forme de services de grande qualité pour les enfants défavorisés. [...]

[...] Malheureusement, elle pose un très sérieux problème d'équité au sein de la population active. En effet, du fait du taux unique de prélèvement et de plafonnement, ce coût ne prend absolument pas en compte la capacité à payer (relatif au nombre d'enfants et aux revenus). Les enjeux des États seront d'établir un contrat intergénérationnel stable et équitable ; c'est-à-dire d'assurer le bien-être des personnes âgées sans pour autant handicaper les jeunes dans leur avenir. Le plus difficile est de trouver la bonne formule permettant de répartir justement les coûts liés au vieillissement de la population. [...]

[...] Cet écart est loin d'être négligeable : les plus qualifiés donnent 20% de temps supplémentaire à ces activités par rapport aux parents les moins qualifiés (Bonke, Esping-Andersen). Concernant l'emploi des mères et la tendance à la prise en charge de l'enfant à l'extérieur - pendant sa première année notamment il faut que cette prise en charge soit de bonne qualité et que les conditions de travail soient stables et non stressantes. Ainsi, l'emploi des mères n'a pas d'effet préjudiciable, et au contraire, les conséquences se révèleront plus positives dans de nombreux pays (Waldfogel, Child care, women's employment and child outcomes II 4. [...]

[...] Cet objectif a toujours suivi un idéal égalitaire pouvant faire progresser l'égalité des chances. Mais il est évident que certaines politiques sociales avantagent les plus riches au détriment des plus pauvres, volontairement ou pas. L'auteur observe que ce cas s'applique principalement à l'enseignement. Les réformateurs d'après-guerre ont souligné le fait que l'extension et la démocratisation de l'enseignement permettraient dans un même temps d'assurer une meilleure productivité de la population active (que ces enfants constitueront à l'avenir), et l'égalité des chances quel que soit leur milieu d'origine. [...]

[...] Or, la possibilité de compter sur son compagnon est un facteur décisif de fécondité pour les femmes qui travaillent. De plus, de nombreuses contraintes s'opposent à ce que les femmes soient les égales des hommes sur le marché du travail, et indirectement dans le couple : d'abord, les individus semblent refuser en grande majorité de rompre avec normes traditionnelles en matière de rapports entre les sexes ; ensuite, les entreprises, dans leur tendance à compenser le risque que la femme embauchée tombe enceinte en la payant moins qu'un homme, génèrent des inégalités (étant donné que la position de la femme dans la négociation au sein du foyer dépend de sa capacité de rémunération). [...]