Tzvetan Todorov (1939-.) aimerait parler de la "découverte que le je fait de l'autre".
- La question de l'autre peut être étudiée sous de multiples angles et problématiques, l'auteur choisit de s'intéresser à "l'autre extérieur et lointain".
- Afin de développer sa réponse, Todorov choisir de raconter une histoire, plus proche du mythe que de l'argumentation.
Cependant, cette histoire se distingue du mythe :
- d'abord parce que c'est une histoire vraie (ce que le mythe pouvait, mais ne devait pas être).
- Ensuite parce que l'intérêt principal de l'auteur se situe dans le présent : La question du comportement face à l'altérité trouve une réponse avec le choix de ce "mythe".
Le choix de la conquête de l'Amérique est fondée sur deux raisons :
- la première tient à l'unicité de cette rencontre avec une altérité absolue et inattendue.
- la seconde raison est de causalité directe : cette conquête annonce et fonde notre identité présente.
Colomb Herméneute
Hérméneutique : art d'interpréter. La philologie peut être assimilée à une hérméneutique.
Colomb n'a rien d'un empiriste moderne ; l'argument décisif est un argument d'autorité, non d'expérience. Il sait d'avance ce qu'il va trouver (cyclopes, amazones, sirènes, le fait que la terre est à 750 lieues de l'Europe, ou que le cacique est le Grand Khan, l'empereur de Chine...) ; l'expérience concrète est là pour illustrer une vérité qu'il possède, non pour être interrogée.
Le premier geste qu'accomplit Colomb au contact des terres nouvellement découvertes est une sorte d'acte de nomination étendu :
Nommer, acte de prise de possession, est aussi une manière de caractériser les lieux ou autres de façon qu'il estime "juste". Le nom devant correspondre à ses yeux au nommé.
La communication est extrêmement difficile avec les Indiens : aussi bien au niveau linguistique qu'au niveau des signes, Colomb semble peu doué et peu volontaire pour comprendre les Indiens : le résultat est évident une incompréhension totale existe entre ceux-ci (...)
[...] L'attitude de Colomb à l'égard des Indiens repose sur la perception qu'il en a. On pourrait en distinger deux composantes (qu'on retrouvera au siècle suivant et, pratiquement, jusqu'à nos jours chez tout colonisateur dans son rapport au colonisé; ces deux attitudes, on les avait déjà observées en germe dans le rapport de Colomb à la langue de l'autre.) - Egalité: Il pense les indiens comme des êtres humains à part entière, ayant les mêmes droits que lui; mais alors il les voit non seulement égaux mais aussi identiques, et ce comportement aboutit à l'assimilationnisme, à la projection de ses propres valeurs sur les autres. [...]
[...] Ce titre condense en lui-même l'ambivalnce de la position lascasienne. (cette "unique manière" c'est évidemment la douceur et la persuasion pacifique) Selon Todorov "Personne n'a su comme lui (Las Casas), avec la même abnégation, consacrer une immense énergie et un demi-siècle de sa vie à améliorer le sort des autres. Mais cela n'enlève rien à la grandeur du personnage, bien au contraire, de reconnaitre que l'idéologie assumée par Las Casas et d'autres défenseurs des Indiens est bien une idéologie colonialiste. [...]
[...] (concepts non exacts historiquement mais familiers). Idéologie esclavagiste: L'esclavagisme, réduit l'autre au rang d'objet, ce qui se manifeste en particulier dans tous les comportements où les indiens sont traités comme des moins que des hommes: on se sert de leur chair pour nourir les Indiens qui restent ou même les chiens; on les tue pour en extraire de la graisse, censée guérir les blessures des Espagnols: les voilà assimilés aux bêtes de boucherie; on taille toutes les extrémités, nez, mains, seins, langue, sexe, en les transformant en moignons difformes, comme on taille un arbre; on se propose d'utiliser leur sang pour arroser le jardin, comme si c'était l'eau d'une rivière. [...]
[...] Les determinations, que l'on peut connaitre grace aux prophéties de l'intérprête de la communauté (le prêtre) régissent la société et les comportements. L'intégration sociale est forte et l'individu seulement l'élément constitutif de la collectivité. Du fait de cette forte intégration, la vie de la personne n'est donc nullement un champ ouvert et indéterminé, à modeler par une volonté individuelle libre, mais la réalisation d'un ordre toujours déjà présent. L'avenir de l'individu est réglé par le passé collectif, l'individu ne construit pas son avenir, celui-ci se révèle; d'où le rôle du calendrier, des présages, des augures. [...]
[...] Conquérir Les raisons de la victoire Comment expliquer qu'avec une supériorité numérique colossale, les habitants de l'Amérique aient perdu? Etude de l'exemple méxicain. Pour s'en tenir à la conquête du Mexique, la plus spectaculaire, puisque la civilisation mexicaine est la plus brillante du monde précolombien: comment expliquer que Cortés, à la tête de quelques centaines d'hommes, ait réussi à s'mparer du royaume de Moctezuma qui disposait de plusieurs centaines de milliers de guerriers? 1.Une première raison est le comportement ambigu, héistant, de Moctezuma (1466-1520) lui-même, qui n'oppose à Cortés presque aucune résistance L'exploitation par Cortés des dissensions internes entre les différentes populations occupant le sol mexicain. [...]
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