Terreur dans l'hexagone - Gilles Kepel (2015)

Thèmes abordés

Terreur dans l'hexagone, Gilles Kepel, fiches de lecture, émeutes de 2005, banlieues françaises, radicalisation, identité nationale, discrimination à l'embauche, djihadisme, islamisme radical, Mohamed Merah, discriminations sociales, islamophobie, bavures policières

Résumé du document

Les émeutes de 2005 des grandes banlieues françaises (habitées majoritairement par des familles d'origine maghrébine) ont provoqué l'éveil d'une conscience politique dans toutes les banlieues de France qui voient dans la grenade lancée par un policier devant une mosquée [en plein ramadan], une attaque directe faite aux musulmans pratiquants (ainsi que toutes bavures policières pas réglées (marche des beurs), les deux jeunes dans le transformateur EDF...).

De plus, les jeunes de ces banlieues sont stigmatisés par une droite dure entre 2005 et 2012 (Sarkozy) puis oubliés par la gauche alors que Hollande est élue avec leur vote. L'exécutif, sans apporter de réponses efficaces à la crise se concentre sur la question de l'identité nationale ou autres : loi contre le voile intégral (2010), loi Taubira pour mariage homosexuel (2013). Dans un contexte où l'emploi se raréfie s'y rajoute la discrimination à l'embauche et à l'accès au logement qui s'intensifie.

Extraits

[...] La prison est le deuxième lieu d'incubation des terroristes. Les musulmans représentent ½ aux 2/3 des détenus. Mehdi Nemmouche (musée juif Belgique) y découvre l'islam radical. C'est aussi en prison que se forment les réseaux : Amedy Coulibaly y rencontre Chérif Kouachi et Nemmouche. À leur sortie, ils sont accueillis au sein d'une communauté qui les soutient, les finance et les forme sur le terrain : Nemmouche s'est rendu en Turquie, Syrie alors qu'il n'avait jamais voyagé avant. Les djihadistes français sont donc loin d'être des loups solitaires. [...]

[...] Les djihadistes qui partent en Syrie sont d'ailleurs persuadés de se battre pour réparer les injustices dont les musulmans sont victimes. C'est la lutte du Bien contre le Mal. De plus, Internet est l'un des meilleurs canaux d'incitation au djihad. Les réseaux sociaux pullulent de pages et profils glorifiant le djihad. Le site Ansar-alhaqq (les compagnons du Brai) est le principal site salafiste francophone d'incitation au djihad, il est cité dans la plupart des dossiers d'auto radicalisation. Certains djihadistes sont devenus experts dans l'art de faire des vidéos YouTube qui parlent aux jeunes. [...]

[...] Terreur dans l'hexagone – Gilles Kepel (2015) Djihadisme, Islamisme, France Gilles KEPEL (professeur à Sciences Po Paris, spécialiste de l'islam), Terreur dans l'hexagone (2015) Comment le djihadisme s'est-il développé sur le territoire français ? Le djihadisme est symptomatique d'un malaise social en France Les émeutes de 2005 des grandes banlieues françaises (habitées majoritairement par des familles d'origine maghrébine) ont provoqué l'éveil d'une conscience politique dans toutes les banlieues de France qui voient dans la grenade lancée par un policier devant une mosquée [en plein ramadan], une attaque directe faite aux musulmans pratiquants (et toutes bavures policières pas réglées (marche des beurs), les deux jeunes dans le transformateur EDF De plus, les jeunes de ces banlieues sont stigmatisés par une droite dure entre 2005 et 2012 (Sarkozy) puis oubliés par la gauche alors que Hollande est élue avec leur vote. [...]

[...] Attentats du 11 septembre. - la 3e et actuelle est théorisée par Mustafa Nasar dit Abu Musab al-Suri qui a participé aux 2 précédentes. Il a publié l'Appel à la résistance islamique mondiale en 2005 dans lequel il explique que la lutte doit être menée au sein de l'Europe, par des terroristes nés et éduqués sur place : un terrorisme de proximité finalement. Si leur force est qu'ils peuvent agir partout, leur faiblesse est d'être beaucoup moins entrainés que les autres générations. [...]

[...] Les djihadistes grâce à Internet recrutent ainsi très largement : des jeunes d'ascendance musulmane de quartiers populaires aux petits bourgeois en perte de repère. Enfin, faire le djihad, c'est combattre les mécréants tous les mécréants. La finalité du djihad, c'est la soumission du monde entier à l'islam. Pour les salafistes c'est aussi bien les non-musulmans que les musulmans non rigoristes. Amedy Coulibaly et les frères Kouachi ont abattu des policiers parce qu'ils avaient, selon eux, un faciès musulman et portaient l'uniforme de la République française. [...]