La fin du XXe siècle a marqué la fin du phénomène de réduction des inégalités entre catégories sociales, qui avait été rendu possible par la garantie du maintien de l'accroissement des revenus, du renforcement de la protection sociale et de la redistribution homogène des richesses pendant la période des Trente Glorieuses, correspondant au mouvement fordiste.
Ce renversement résulterait de la mise en œuvre de politiques libérales dès la fin des années 70, avec pour seuls mots d'ordre de favoriser le capital, déréglementer les marchés et de mettre en arrière l'Etat dans son rôle de régulateur, et ayant de nombreuses répercussions au niveau social telles que chômage, précarité et flexibilité de l'emploi, et au final amplification des inégalités.
A l'époque qui est la nôtre, où l'accroissement des inégalités sociales est de plus en plus reconnu comme une évidence, les approches permettant d'avancer dans la compréhension des inégalités demeurent pourtant rares, parce que les sentiments d'injustices manifestés à travers les mouvements syndicalistes et autres, qui jouent un rôle de révélateur des IS, s'affaiblissent. Concernant l'imperfection des études menées, comme l'exposent les auteurs, si elles sont nombreuses en France, elles pèchent la plupart du temps par une extrême spécialisation qui conduit finalement à obscurcir la compréhension des phénomènes étudiés. De plus, ces études sur les inégalités ont tendance à les penser en termes de ressources, se contentant d'enregistrer des mouvements de surface, sans s'intéresser à leurs sources, qui sont les structures sociales. Les auteurs remettent par ailleurs en question la légitimé accordée aux chiffres alors qu'ils s'appliquent ici à un domaine propre aux débats et aux divergences : les réalités sociales telles que les IS ne sont pas quantifiables, du coup, les mesures effectuées seront nécessairement non-exhaustives, elles éluderont des pans entiers, des dimensions, de la réalité complexe en question.
Afin d'aller à l'encontre de ces tendances, en allant plus loin que la simple énumération superficielle et en mettant en avant les structures sociales les produisant, les auteurs pensent les inégalités qui caractérisent la société en terme de système (caractère systémique qu'ont justement tendance à occulter les études menées sur les IS), et non comme des épiphénomènes complètement indépendants les uns des autres. Il s'agit alors de réfléchir à l'articulation des inégalités, à la façon dont elles interagissent entre elles, à leur multidimensionnalité, de montrer à quel point une inégalité entraîne l'autre, qu'elles sont cumulatives, se renforcent, se reproduisent de génération en génération.
[...] La démonstration du caractère systémique des inégalités sociales Un entrelacement complexe d'inégalités sociales plus ou moins déterminantes Bihr et Pfefferkorn souhaitent démontrer que les inégalités sont causes et effets les unes des autres, qu'elles se "déterminent réciproquement" (p. interactions qui ne sont pas toujours évidentes à déceler. Pour illustrer les interrelations qui peuvent exister entre différents types d'inégalités, les auteurs développent notamment un exemple qui échappe souvent au sens commun : celui des inégalités face à la santé. Les inégalités face à la santé se traduisent essentiellement par les inégalités d'espérance de vie entre les catégories sociales, tous ne profitant pas également de l'augmentation de celle-ci : ainsi les auteurs donnent-ils l'exemple des employés-ouvriers qui meurent en moyenne les plus jeunes tandis que les cadres-professions intermédiaires vivent le plus longtemps. [...]
[...] Les auteurs tiennent ainsi à nous montrer que toute analyse des inégalités sociales est nécessairement déterminée, directement ou non, par une attitude critique à leur égard (p.14), et donc que la définition même des inégalités sociales ne peut être dénuée de tout parti pris, elles peuvent difficilement faire l'objet d'un consensus et appellent le plus souvent à prendre parti les concernant, que ce soit au niveau éthique ou politique. Ce sentiment d'injustice, les auteurs vont jusqu'à le prendre en compte dans leur définition de l'inégalité sociale, soit la [ . [...]
[...] L'autonomie des femmes en question. Antiféminisme et résistances en Amérique et en Europe, Paris, L'Harmattan, Collection Bibliothèque du féminisme pages (codirection d'ouvrage, avec J. Trat et D. Lamoureux). La résistance allemande contre le nazisme, Strasbourg, Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance - Comité Régional Alsace pages (direction d'ouvrage). [ traduction allemande, 1999] [Les deux éditions sont épuisées mais disponibles en bibliothèques.] Autres publications, dont parmi les plus récentes : Politiques publiques et articulation vie professionnelle/vie familiale Cahiers du genre, CNRS, 46 (avec J. [...]
[...] Quarante années de mobilité sociale en France : l'évolution de la fluidité sociale à la lumière de modèles récents. Revue française de sociologie WEICK Karl E. : - 1979 : The Social Psychology of Organizing, Mc Graw Hill Inc, New York -1995 : Sensemaking in Organizations, Sage Publications, Californie WIENER Norbert : - Michel Faucheux, Norbert Wiener, le Golem et la cybernétique - Cybernetics, or Control and Communication in the Animal and the Machine (1948) - Cybernétique et société (1952, rééd. [...]
[...] Associé à ce phénomène d'interactions, le système des inégalités a pour caractéristique un cumul de celles-ci. Un cumul d'inégalités témoignant du caractère multidimensionnel de l'opposition classique entre pauvreté et richesse L'approche systémique implique par ailleurs une approche en termes de rétroactivité. Il s'agit pour Bihr et Pfefferkorn d'étudier ce phénomène selon les inégalités qu'il touche, en sachant qu'il peut s'avérer positif, et il y aura dans ce cas un processus cumulatif, ou bien négatif, auquel cas il y aura établissement d'un certain équilibre par autorégulation. [...]
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