Michel Dabène tente de donner une liste des écueils possibles à propos de la notion de littératie.
Il observe dans un premier temps que le lexique français définit de manière négative la difficulté qu'ont certaines personnes face à l'écrit : on parle d'illettrisme, la personne illettrée est en dehors de la lettre, c'est une vision qui exclut, qui scinde la population en deux (ceux qui savent et ceux qui ne savent pas). Le terme « literacy » ne trouve pas d'équivalent en français. Dans un deuxième temps, l'auteur souligne la forte connotation du terme lettré dans les schèmes de pensée français. Lettré ne signifie pas simplement qui sait lire, qui maîtrise la lecture...mais également et plus fortement encore, la personne qui dispose d'une culture, et en particulier d'une culture littéraire. Finalement il souligne la liaison de la notion de littératie avec les intérêts économiques pour lesquels « La littératie est déterminante, entre autres, pour la qualité et la flexibilité du travail et la participation élargie à la société civique. » (OCDE La littératie à l'ère de l'information collectif juin 2000).
« Quelles perspectives et quels objectifs pour une didactique de l'écrit ? »
D'après certaines recherches anglo-saxonnes, le domaine de la littératie peut être considéré comme un continuum depuis les premiers apprentissages jusqu'aux pratiques scripturales plus élaborées.
[...] Dans cet article, Elisabeth Dugué aborde la question du glissement de la notion de qualification vers la notion de compétence.
Dans un premier temps, elle montre que la notion de qualification elle-même est une notion récente et fragile. Elle pose la notion de qualification comme construction sociale. La notion de qualification constitue un point de référence commun et se substitue en cela au rôle des corporations. Elle se pose comme une notion républicaine qui vient bousculer les anciennes références (celles de l'Ancien régime). La notion de qualification codifie le monde du travail mais elle le rigidifie également. Elle se pose comme un point de référence extérieur à la relation employeur-employé. (...)
[...] La référence aux compétences est une réponse aux insuffisances du système de la qualification face à ces conditions nouvelles nous dit l'auteur. Le glissement de la notion de qualification vers la notion de compétence répond donc à des besoins économiques et à la modification de notre relation au travail. Le glissement de la notion de qualification vers la notion de compétence engendre d'autres modifications. La qualification renvoie à des savoirs précis, le titulaire de telle ou telle qualification occupe un poste précis pour une fonction précise (en adéquation avec sa qualification). [...]
[...] D'après Michel Dabène, il est également nécessaire de concevoir une théorie de l'écrit qui soit en lien avec l'oral. notion de littératie permet elle d'assurer un équilibre entre ces deux cultures ou ne risque-t-elle pas de devenir dominante dans l'évaluation que l'on peut faire des compétences langagières du sujet ? s'interroge l'auteur. Le culte de la langue écrite semble avoir fait stagner les recherches sur l'oral et sur ces relations avec l'oral. Pour conclure, l'auteur mitige la notion de littératie et exprime ses craintes quant à une récupération médiatique similaire à celle vécue avec la notion d'illettrisme. [...]
[...] La notion de compétence est au cœur des deux articles. Lorsqu'il décrit la littératie, Michel Dabène donne deux définitions qui ont pour point commun de faire intervenir la notion de compétence. La littératie traduit le lire-écrire en terme de compétence ce qui n'est pas sans avoir des répercussions au niveau de la didactique du français. Il ne s'agit plus d'apprendre à lire ou à écrire mais d'acquérir des compétences de bases dans le domaine de la lecture et de l'écriture. [...]
[...] Elle pose la notion de qualification comme construction sociale. La notion de qualification constitue un point de référence commun et se substitue en cela au rôle des corporations. Elle se pose comme une notion républicaine qui vient bousculer les anciennes références (celles de l'Ancien régime). La notion de qualification codifie le monde du travail mais elle le rigidifie également. Elle se pose comme un point de référence extérieur à la relation employeur-employé. Par ailleurs, la notion d'apprentissage disparaît, la formation professionnelle devient le problème de l'Etat, ce qui engendre une rupture dans la transmission directe des savoirs et des savoirs faire. [...]
[...] L'évolution professionnelle change également. Avec le système de la qualification, l'évolution professionnelle s'accompagne d'une évolution promotionnelle (ce système est particulièrement visible dans les institutions La notion de compétence déconstruit cette relation, un changement, une évolution professionnelle (changement de poste) ne s'accompagne pas forcément d'une revalorisation salariale. Cela engendre également une déstructuration des points de référence car la logique de la compétence s'appuie sur une progression individuelle et non sur des référents collectifs. L'individu est donc tenu d'élargir en permanence ses compétences. [...]
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