Commentaire : "Surveiller et punir", Michel Foucault

Résumé du document

"Surveiller et punir" de M. Foucault est écrit au début des années 1970, au moment où ce dernier s'engage politiquement pour la première fois, en créant le GIP (groupe d'information sur les prisons) avec un certain nombre d'autres intellectuels tels que G. Deleuze. À travers la prison, c'est l'Etat lui-même qui est visé. C'est la prison comme quintessence de l'Etat, bras armé foudroyant de la souveraineté et de la domination que l'on critique.

Aujourd'hui, l'analogie est devenue si frappante entre les styles de contrôle dans les espaces public et privé qu'on en vient à se demander si c'est la police militarisée qui tend – chantage terroriste aidant – à investir la vie quotidienne, ou si c'est, au contraire, un modèle de gestion du « bien-être social » qui est en train de gagner l'ensemble des liens humains.

Dans une logique de prévention ou de répression, le contrôle social s'accorde-t-il avec la liberté ? La sécurité est un droit aussi fondamental que la protection de la vie privée. Une articulation harmonieuse entre les deux est-elle vraiment possible ?

Extraits

[...] On parle d'une gestion et d'une surveillance des corps plutôt que d'une répression qui n'est plus dans l'air du temps. La prison a des effets extrajudiciaires, elle constitue en fait un relais efficace à des pratiques de discipline et de surveillance de la société. Avec la prison, la punition n'est plus conçue comme un ensemble de signes adressés au collectif (comme dans le cas du supplice) avec les leçons morales qui doivent en être tirées, elle vise une modification du corps et de l'âme par le biais de techniques administratives où pouvoir et savoir sont liés. [...]

[...] Ainsi, même l'homme le plus juste, s'il était certain de pouvoir commettre l'injustice sans être puni, la commettrait c. Une autopunition inconsciente : le pouvoir invisible Prévention, mesures dissuasives, pouvoir invisible, insidieux, incitateur, à travers tout le champ social. L'œil divin : Dieu, l'ultime juge. L'idéal de la perfection divine comme accès au Paradis. La religion, comme encadrement social, dicte ses normes et punit les déviations. Quand les ténèbres chrétiennes se furent abattues sur le monde occidental, l'homme n'osa presque plus rien penser Aragon. [...]

[...] Attiser la peur pour mieux contrôler : l'aggravation de la répression sous couvert d'une adhésion populaire. Les néo-conservateurs américains : l'action antiterroriste et ses dérives : Le Patriot Act. La France de Sarkozy, la loi sur la sécurité intérieure dite Loi Sarkozy, la loi Perben II, l'appel à la tolérance zéro augmentation des pouvoirs de police et limitation du contrôle par la justice. Viva Zapatero : le brûlot anti-Berlusconi de Sabina Guzzanti donne une image terrifiante de la classe politique italienne, et de Forza Italia, le parti au pouvoir. Critique de la censure berlusconienne. [...]

[...] Surveiller et punir : quand le peuple donne son accord Le Discours de la servitude volontaire : La Boétie Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Ce texte pose la question de la légitimité de toute autorité sur une population et essaye d'analyser les raisons de la soumission de celle-ci (rapport domination-servitude Il préfigure ainsi la théorisation du contrat social. Il invite ainsi le lecteur à une vigilance de tous les instants, avec la liberté en ligne de mire. La crainte des représailles pousse l'homme à obéir. [...]

[...] II/ Punir et surveiller : une opération de quadrillage social ? Quand la surveillance devient une contrainte : une société liberticide ? Une prise en charge totale des personnes : créer l'Homme nouveau Le totalitarisme : La liberté c'est l'esclavage Critique de Hannah Arendt dans Les origines du totalitarisme Ces régimes n'admettent qu'un parti unique qui contrôle l'État, qui lui- même s'efforce de contrôler la société et plus généralement tous les individus. Le totalitarisme tel qu'il est ainsi décrit par Hannah Arendt n'est pas tant un régime politique qu'une dynamique autodestructive reposant sur une dissolution des structures sociales. [...]