L'ouvrage "Stigmate" de Erving Goffmann date de 1963, et pourtant on ne peut s'empêcher de constater que 36 ans après, l'idée de « stigmate » est toujours très présente dans notre société contemporaine. En effet, c'est presque un fantasme de celle-ci de classer les individus, de leur attribuer une étiquette dès la naissance.
Cela est d'ailleurs paradoxal, car lorsque l'on observe notre société actuelle on se rend rapidement compte que tout le monde veut se différencier de tout le monde, comme si la ressemblance à autrui était synonyme d'être inexistante ou du moins d'exister ''moins intensément ''. Cela revient à constater qu'il est important d'être différent des autres, mais pas trop.
[...] D'après l'article de Pierre Bourdieu paru le 2 décembre 1982 à l'occasion de la mort d'Erving Goffman et publié dans Libération D'après l'article de Pierre Bourdieu paru le 2 décembre 1982 à l'occasion de la mort d'Erving Goffman et publié dans Libération Les semblables : ceux qui partagent son stigmate Les initiés : des normaux qui pénètrent et comprennent la vie secrète des stigmatisés. Une des façons de devenir initié est de travailler dans un établissement qui pourvoit aux personnes stigmatisées. Goffman ajoute que ce sont souvent des marginaux. Les personnes proches : Elles sont souvent obligées de prendre sur elles une partie du discrédit qui frappe leur proche. [...]
[...] Dans Stigmate, les apports et concepts de Goffman sont multiples. A travers cette partie nous essayerons donc de les restituer le plus fidèlement possible. Dans un premier temps, il m'apparaît comme indispensable de restituer la notion de stigmatisation dans l'ensemble des analyses sur la déviance. La déviance peut être appréhendée comme un écart aux normes et aux valeurs admises par la société ou le groupe d'appartenance. La déviance de certains individus peut conduire ces derniers à des situations d'exclusion, de ségrégation ou de marginalité. [...]
[...] Ainsi, la parole de Marjolaine a donc moins de valeurs que celle d'une jeune fille dite normal qui vivrait la même situation et que l'on inviterait probablement à se prononcer sur son état.Cette pratique sociale interroge, car si Marjolaine avait clairement formulé le fait de désirer l'enfant, l'ensemble des normaux aurait discrédité son choix en disant qu'elle serait dans l'incapacité d'élever un enfant sans l'aide d'une tierce personne. Dans ce cas, c'est la représentation du stigmate de Marjolaine que se font les normaux qui parle. Je prendrais aussi pour exemple le cas d'une personne bègue qui rencontre des difficultés avec son téléphone et qui appelle le service d'aide aux clients d'une entreprise de vente (du type Orange, SFR, Bouygues) afin de résoudre son souci. Une fois en ligne avec un vendeur, le client bègue mettra beaucoup plus de temps pour se faire comprendre et expliquer son problème. [...]
[...] Lorsque le stigmate apparaît brutalement ou tardivement il peut conduire l'individu à se réidentifier (c'est souvent le cas des handicaps physiques). L'individu nouvellement stigmatisé doit affronter les souvenirs de son état de normalité. Goffman différencie ensuite l'individu discrédité de l'individu discréditable : Goffman différencie ensuite 3 types de stigmates : les monstruosités du corps : maladie génétique, déformation du corps liée à un accident, etc . les tares de caractère : mentalement dérangé ou handicapé, les toxicomanes, les alcooliques, les chômeurs, etc. Les stigmates tribaux : nationalité, religion, appartenance ethnique, couleur de peau . [...]
[...] Même si le vendeur mobilise toutes ses bonnes volontés pour aider et comprendre le client bègue, il y'a de fortes chances pour que le vendeur fasse passer ses statistiques de production avant les problèmes de la personne qui peine à se faire comprendre, l'appel sera donc écourté et le souci du client ne sera pas réglé. Le client stigmatisé devra donc probablement s'acharner en appelant le service plusieurs fois pour régler son problème. Dans ce cas précis on comprend bien que, ce que Goffman appelle le contexte, la situation joue un rôle capital. En effet, dans le cadre d'un échange téléphonique, la personne se retrouve réduite à une voix. Il est donc impossible pour la personne bègue de mettre en place une stratégie pour camoufler son stigmate. La visibilité de son stigmate sera rendue maximale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture