Franck Poupeau et Jean-Christophe François se penchent dans ce texte sur la notion de ségrégation scolaire. Depuis 1960, des analyses sur la sphère scolaire ont été faites, mais celles-ci n'abordaient que la question des inégalités sociales de scolarisation en France et se limitaient à une simple description de la ségrégation dans l'espace urbain.
Il faut attendre les années 90 pour avoir de véritables analyses sur les formes spécifiquement urbaines et spatiales de ségrégation scolaire. On peut donc se demander comment analyser le processus de ségrégation dans le système scolaire et comment se manifeste cette ségrégation.
D'après Christian Topalov, les villes sont des modes de spatialisation du social et de ce fait impliquent deux facteurs : la société et l'espace.
Ces deux facteurs s'inscrivent dans des relations difficiles à appréhender d'autant plus que le monde politique tend à les confondre toujours un peu plus. En effet, depuis les années 80, la politique a tendance à considérer les problèmes sociaux en terme de territoire et non plus comme résultant des rapports entre classes sociales. Tout se passe comme si on créait un raccourci direct entre les problèmes sociaux et leur localisation spatiale, sans passer par l'analyse du lien entre les classes sociales et les territoires qu'elles occupent.
[...] La notion de ségrégation englobe donc celle de discrimination et nous renvoie à des formes d'exclusion qui dépassent le simple concept de distance spatiale Ségrégation urbaine et mixité sociale : Le rôle de classes moyennes Marie Raynal nous précise que les enclaves protégées et, par conséquent les territoires relégués sont le résultat du choix fait par ceux qui peuvent encore choisir Cependant, la mixité a constitué un thème de campagne consensuel et on a assisté à Paris à une reconquête des territoires populaires par les couches moyennes et supérieures pour répondre au projet politique de normalisation des milieux populaires par les classes moyennes Les classes moyennes qui motivent ce processus d'embourgeoisement de l'espace urbain sont accusées de coloniser les quartiers populaires pour l'exotique de proximité que leur apporte le côté multi-ethnique. Dès qu'elles résident hors des quartiers populaires, elles sont cette fois-ci accusées de fuir les plus mal lotis. Ces processus de boboïsation ou plutôt de gentrification fait que les espaces populaires ne sont jamais tout à fait homogènes. II La sociologie des pratiques d'évitement scolaire, l'illustration la plus visible de la ségrégation scolaire. [...]
[...] (Comme on l'a vu précédemment, le fait d'habiter dans une zone dite sensible peut résulter d'un choix volontaire. Cf, bobos, gentrification) Le terme de ségrégation devrait donc uniquement être utilisé dans les études pour lesquelles la séparation ou concentration des groupes sociaux ou ethniques a pour conséquence directe et unique un phénomène de marginalisation sociale, c'est-à-dire qu'on a établi un lien de causalité entre les relations entre groupes sociaux et occupation du territoire. Ségrégation scolaire : comment résoudre le problème ? [...]
[...] Une des manifestations les plus saillantes de l'institution de cette confusion par le monde politique est sans doute la création de zones prioritaires (politiques ciblées), comme si ce saut allait de soi, comme si les rapports entre les classes sociales impliquaient de manière non réciproque une seule possibilité d'occupation du territoire (notion de prédestination du territoire) Les médias quant à eux ethnicisent la perception des espaces ségrégués (souvenez-vous du marronnier médiatique de la question des cités La ségrégation, une définition mouvante et complexe Au sens premier du terme, la ségrégation est une description empirique (basée sur l'observation) des distinctions spatiales entre aires de résidence des groupes de population vivant dans une même agglomération, c'est la séparation entre les lieux de résidence de différents groupes sociaux. Par la suite, ce terme s'est empreint de connotations morales négatives et les espaces de ségrégation sont devenus des ghettos caractérisés par les caractéristiques mêmes de la population y résidant. Partant d'une acceptation descriptive du terme de ségrégation on est arrivé à porter un jugement de valeur. Ainsi, la ségrégation est à la fois la cause et l'indice de l'injustice sociale que les groupes défavorisés subissent. [...]
[...] III- Le social et le spatial : du descriptif à l'explicatif. Le problème L'étude des formes de ségrégation scolaire en milieu urbain est un domaine de recherche balisé, riche en angles d'approches et en analyses précises Le problème se situe à un tout autre niveau : ces travaux font appel à bon nombre de présupposés. On a vu dans la première partie que la ségrégation pouvait s'appréhender de façon descriptive ou normative, ce qui correspond lorsqu'on parle de ségrégation scolaire à par la mise en évidence des l'inégale répartition des groupes sociaux dans les écoles (aspect descriptif) et la dénonciation des politiques publiques inadaptées (aspect normatif). [...]
[...] méthodes employées pour lutter contre la ségrégation urbaine :exemple du rapport Fitoussi dont l'approche est économique Dans ce rapport sont construits des indicateurs de ségrégation du point de vue de l'accès au logement, de l'emploi et des biens éducatifs. Il aboutit à la conclusion suivante : la polarisation sociospatiale entraine un chômage de masse persistant, fige les positions et ne permet pas des perspectives de mobilité. En effet, la stratification de l'espace reproduit la stratification sociale, mais elle se transforme en ségrégation urbaine sous l'effet du chômage de masse persistant et agit comme un multiplicateur d'hystérésis (un phénomène peut persister alors même que ses causes ont disparu). [...]
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