Ancien député et vice-président de l'Assemblée nationale, Alain Vivien a été secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et conseiller d'Etat. Il a présidé la mission interministérielle de lutte contre les sectes de 1998 à 2002. Dans Les sectes, il brosse le tableau des sectes en France et dans le monde, décrypte leur stratégie et rappelle les dangers qu'elles font courir, en raison notamment de la mondialisation.
L'auteur précise dans l'introduction que 500 000 personnes en France sont directement concernées par le développement du sectarisme : adeptes, prosélytes, entourage proche, anciens adeptes, qui conservent souvent des stigmates, pendant de nombreuses années, de ce qui est une véritable emprise totalitaire. Les victimes appartiennent à tous les milieux sociaux, chaque mouvement se faisant une spécialité de couches sociales et professionnelles censées être plus réceptives à tel ou tel type de propagande.
Alain Vivien indique que les mouvements sectaires revendiquent la liberté de pensée et la liberté religieuse pour des raisons purement utilitaires puisqu'ils en ont besoin pour prospérer. Ils constituent cependant un danger pour la société elle-même puisqu'ils visent à déstructurer l'espace social et combattent les institutions qui leur résistent.
[...] Un dénombrement des sectes a été tenté par les Renseignements généraux dès 1982. Ils faisaient état de l'existence de 116 mouvements sectaires, alors que les associations de lutte contre les sectes mettaient en avant un nombre d'environ 800 sectes. Une commission parlementaire de 1995 a établi une liste de 172 sectes. La difficulté, souligne A. Vivien, dépend du niveau des nuisances retenues : en retenant une faible nocivité, des groupuscules anodins et d'une durée de vie restreinte seront considérés comme sectes. [...]
[...] L'exercice illégal de la médecine y est fréquent, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques pour les victimes. IV) Les méthodes des sectes Les sectes les plus puissantes, telle la Sôka Gakkaï japonaise, se sont dotées de filiales politiques, en apparence indépendantes. En France, des mouvements sectaires, comme le parti de la loi naturelle ou le parti humaniste, se sont présentés à des élections et ont obtenu des concours financiers de l'Etat dans le cadre du financement des formations politiques, et, plus gravement, ont pu accéder aux émissions radiotélévisées précédant toutes les consultations électorales. [...]
[...] La menace est donc aussi grave pour les Etats que pour les individus. Selon l'auteur, le combat contre le sectarisme ne peut être que transnational, mais il se heurte actuellement à l'opposition des Etats-Unis qui refusent de le combattre au nom de principes de liberté, ce qu'il critique très vivement. Qu'est-ce qu'une secte ? Après avoir discuté de l'étymologie latine controversée du terme, Alain Vivien souligne qu'il ne saurait être réservé au domaine religieux puisque les formes contemporaines du sectarisme mettent fréquemment en œuvre des stratégies de pouvoir tendant à substituer aux valeurs fondamentales de la démocratie des contre valeurs élitistes et souvent eugénistes. [...]
[...] Les mouvements sectaires utilisent habilement le droit et savent instrumentaliser l'action judiciaire. Ils rémunèrent des juristes de haut niveau pour qu'ils rédigent des articles favorables à leurs thèses. Les moyens importants dont disposent les sectes transnationales leur permettent également de disposer d'articles complaisants dans les médias et, dans les procès qui leur sont faits, d'avoir recours à des avocats de renom. Dans cette hypothèse, les sectes savent médiatiser à leur avantage les contentieux auxquels ces avocats doivent faire face. Ils favorisent les polémiques qui permettent de présenter la secte sous son meilleur jour, et de discréditer leur adversaire en insistant sur ses points faibles et en tentant de le déstabiliser, de l'amener à renoncer ou à perdre son calme, ce qui aboutit à une condamnation médiatique, la secte et ses représentants apparaissant modérés, et leur adversaire énervé. [...]
[...] Les sectes transnationales, qui sont le plus souvent d'origine américaine, servent parfois de couverture pour des activités de renseignement et ont un rôle de diffusion de la culture capitaliste américaine à l'étranger. La secte Aum, pour sa part, aurait été manipulée par le K.G.B. et le mouvement Falungong chinois est dénoncé comme secte par les dirigeants chinois alors qu'il s'agit davantage d'un mouvement politique d'opposition Dans la conclusion de son essai, Alain Vivien rappelle que les sectes se sont développées parallèlement à l'effondrement des grandes idéologies, qu'elles soient religieuses ou matérialistes. Cet affaissement est déstabilisant pour la société et déstructurant pour l'individu. [...]
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