Pour comprendre les nuits de novembre, il est donc nécessaire de se situer au croisement de deux lignes de transformation : d'une part la question sociale a été ramenée au seul souci de défendre la condition salariale, et ce au détriment de la question de l'exclusion qui avait servi un temps à prendre en compte le problème des minorités ethniques des banlieues, d'autre part, ces minorités ethniques sont de plus en plus souvent assimilées à une entité dangereuse pour la société.
Racaille : une adresse négative à l'intention de la jeunesse des banlieues, lancée par un impétueux ministre de l'Intérieur, aura donc suffi pour déchaîner trois semaines d'émeutes nocturnes dans toutes les cités où cette jeunesse se sentait reléguée. Certes, les jeunes, eux-mêmes, se servaient de ce vocable, mais avec un esprit d'autodérision qui interdisait que l'on utilise sérieusement pour les désigner.
[...] Il serait plus intéressant de faire une politique pour la ville, et non de la ville. Chapitre 1 : La question urbaine ou l'apparition d'une logique de séparation dans la ville L'un des pères fondateurs du logement social moderne, Henri Sellier, ministre socialiste du Front Populaire, s'est employé à calculer le rapport entre criminalité, densité et luminosité du logement. Il voulait que par le double effet de la disposition d'un espace confortable pour la vie familiale et de la normalisation hygiénique de cet espace, le logement social devienne le tombeau de l'émeute. [...]
[...] Il existait en fait un réel tabou relativement à la démolition des grands ensembles. Risque d'offenser les habitants et ceux qui avaient construit ces grands ensembles Le rapport Dubedout fait du développement social une étape nécessaire pour un objectif à long terme : diversifier progressivement la composition sociale desdits quartiers. La LOV, loi d'orientation pour la ville, en 91 établit pour la première fois la mixité sociale comme un objectif légal Danger : LA SARCELLITE : maladie affectant la vie des gens isolés dans les grands ensembles. [...]
[...] Les émeutes plus violentes des années 90 montrèrent qu'elles n'apportaient pas la solution au problème des cités. A partir de cette date, les programmes de soutien à la vie associative passent donc au second plan. Ensuite, la stratégie de discrimination positive territoriale rompt avec l'idée que ces quartiers auraient une richesse propre qu'il conviendrait de développer. Elle postule plus pour compenser son déficit concernant la qualité des services et l'offre d'emplois. Ceci commence lors du discours de Bron du président Mitterand. [...]
[...] Le mot quartier tombé en désuétude reprend du service pour souligner le souci du voisinage, soit l'habitant. A partir des années 90, la visée de l'action se déplace progressivement des gens vers les lieux, donc vers le bâti et sa transformation. Le renouvellement urbain sous la gauche et la rénovation urbaine sous la droite ont les faveurs des politiques en ce début du XXIe siècle. Les trois options –développement social, discrimination positive territoriale, rénovation urbaine sont, en réalité, présentes dès le départ de la politique de la ville. [...]
[...] La politique de la ville vise à faire en sorte que la ville ne fasse plus problème. La ville n'est pas morte puisque vit son esprit. La ville est simplement défaite. Elle peut donc être refaite, autrement, en prenant appui sur les formes auxquelles sa décomposition a donné lieu. [...]
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