La pauvreté est un fait de société. En effet, considérée comme un mal « honteux », elle illustre, selon les théories : soit un dysfonctionnement de la société dans laquelle elle se trouve, soit elle incarne le prix à payer pour le fonctionnement d'une telle société. Ainsi, le mot pauvreté, toujours utilisé en histoire, sous-entend la pitié. Dans les années 50-60, l'idée que la société de l'abondance peut supprimer la pauvreté suscite un grand optimisme. Le problème de l'égale répartition des richesses apparaît présent tout au long de l'histoire. Cependant, la notion de pauvreté semble plus complexe qu'une simple étude quantitative. En effet, deux thèses s'affrontent sur les comportements des milieux pauvres : celle d'une « sous culture » des pauvres établissant que cette catégorie sociale développe une culture moins importante que les autres groupes, et celle de la « genèse situationnelle » selon laquelle le comportement des démunis est la conséquence du statut qu'on leur accorde. Il apparaît ainsi que la pauvreté se définit par des facteurs internes et externes. Pour D. Matza, la pauvreté s'exprime à trois niveaux : les individus ayant des bas revenus, ceux bénéficiant de l'assistance sociale et enfin, les individus nécessitant un soutient permanent. L'auteur va donc s'intéresser à l'important problème de société que constitue la pauvreté en suivant son évolution à partir du Moyen Âge. Ainsi, il s'interrogera sur les mutations des représentations et réactions collectives face à la pauvreté.
[...] La société assiste donc à une forte augmentation des groupes de pauvres aux XIIIe et XIVe siècles. L'apparition des paysans sans terre constitue également un grand changement ; ainsi, pour assurer leur subsistance, ces derniers doivent vendre leur force de travail. Avec la baisse du prix du travail journalier et la hausse du prix du blé, les pauvres sont obligés de migrer. Ainsi, à cette époque, 2/3 de la population est dans la précarité. La misère rurale connaît deux formes principales ; d'une part, les cas isolés de pauvreté qui bénéficient de l'entraide et de l'assistance sociale, et d'autre part, la pauvreté due à l'arrivée de l'argent sur les marchés conduisant les individus non capables d'assurer leur subsistance à vendre leur force de travail. [...]
[...] En 1545, de programmes se dessinent. Le premier opère une distinction entre les vagabonds et les miséreux obligés de se déplacer pour assurer leur subsistance. Les qualités morales de la pauvreté sont alors exaltées, la distinction entre les bons et les mauvais pauvres ne serait alors pas chrétienne puisqu'elle constitue un risque qu'un nécessiteux soit privé d'aumône. Le second programme, en revanche, défend le mouvement municipal permettant d'assurer des soins aux pauvres et empêchant les mauvais pauvres de bénéficier de l'aumône. [...]
[...] Cette réforme possède un impact social sur les pauvres très important. En effet, les pauvres gens participant aux enclosures sont perçus comme des traîtres par leurs confrères. Dans les villes, la mise en place d'ateliers plus grands suscite une spécialisation des ouvriers. Les artisans voient leur autonomie diminuer avec l'essor du salariat. Ainsi, la prolétarisation semble augmenter le nombre de pauvres. De plus, un grand nombre de personne sont à la limite de la paupérisation. C'est pourquoi on retrouve l'importante pratique d'une aide permanente aux classes les plus défavorisées. [...]
[...] Ainsi, les trois éléments influant le plus sur le paupérisme sont : l'augmentation du niveau de vie, les profondes crises économiques et la persistance de l'inégalité sociale. Avec la mécanisation des usines, les conditions de travail deviennent plus dangereuses mais s'améliorent dans de telles proportions qu'elles sont préférables aux anciennes. Au début du XXe siècle, la société de l'abondance alerte, la société prend conscience de l'ampleur du phénomène de pauvreté, notamment aux Etats Unis et veut œuvrer pour son endiguement. [...]
[...] La lutte contre la misère prend donc des dimensions politiques puisque certains courants de pensée véhiculent l'idée que la pauvreté peut être une menace pour la paix mondiale. Il semble cependant que faute d'amener le chaos général, la pauvreté constitue des enclaves établissant ainsi un monde à part. Cet ouvrage présente donc le paupérisme d'une manière très complète, notamment du XIe au XVIe siècle. Ainsi, l'auteur fait preuve d'une grande documentation. Les exemples, géographiquement très divers, permettent au lecteur d'avoir une vision générale du phénomène de paupérisation en Europe. [...]
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