La notion de compétence est une notion complexe qui a de multiples sens. Pour Philippe Perrenoud, il s'agit d'"une capacité d'agir efficacement dans un type défini de situation, capacité qui s'appuie sur des connaissances, mais qui ne s'y réduit pas". Les connaissances ne sont en effet qu'une partie des ressources cognitives qu'utilise l'individu lorsqu'il agit. Elle fait encore l'objet de controverse dans les sciences cognitives par exemple où certains chercheurs préfèrent élargir la notion de connaissance en distinguant "connaissances déclaratives", "connaissances procédurales" et "connaissances conditionnelles". Mais comme le souligne Philippe Perrenoud, cela ne permet pas de rendre compte de ce qui fonde le choix de l'individu lorsqu'il choisit d'agir.
S'interroger sur le rôle que doit jouer l'école en matière de compétences n'est pas nouveau. C'est en quelque sorte raviver l'éternel débat qui oppose l'idée selon laquelle l'école a pour mission de transmettre des connaissances et l'idée selon laquelle elle doit avant tout développer des compétences. C'est également tenir compte de l'émergence de cette terminologie dans le vocabulaire ordinaire de notre société et souhaiter entrevoir la portée de cette émergence dans le système éducatif.
Comme le souligne Philippe Perrenoud, "Le système éducatif a toujours été construit "par le haut"". Or, au sommet, la notion de compétence est particulièrement peu développée. Ce n'est donc pas de ce côté qu'il faut chercher ce qui influence l'emploi du terme "compétence" dans le vocabulaire ordinaire de l'institution scolaire. D'autres pistes conduisent Philippe Perrenoud à rappeler l'hypothèse selon laquelle "Le développement plus méthodique de compétences, dès l'école et le collège, peut sembler une voie pour sortir de la crise du système éducatif". Cette hypothèse se fonde sur l'idée que dans notre société, il est préférable de disposer de compétences (plus flexibles et plus transférables que des connaissances) et sur l'idée selon laquelle l'école obligatoire doit former dans l'objectif d'optimiser l'insertion sociale et professionnelle. Afin de mieux saisir l'émergence de ce terme dans le vocabulaire ordinaire de l'institution scolaire, il commence par l'élucider.
Chapitre 1 : La notion de compétence
? Trois fausses pistes
La notion de compétence est parfois confondue avec l'idée d'un simple objectif d'apprentissage. Elle est parfois confondue avec la notion de performance, ou encore avec une "faculté génétique", une potentialité dont on disposerait par héritage génétique (...)
[...] Comme le souligne Philippe Perrenoud, Le système éducatif a toujours été construit le haut' .Or, au sommet, la notion de compétence est particulièrement peu développée. Ce n'est donc pas de ce côté qu'il faut chercher ce qui influence l'emploi du terme ‘compétence' dans le vocabulaire ordinaire de l'institution scolaire. D'autres pistes conduisent Philippe Perrenoud à rappeler l'hypothèse selon laquelle Le développement plus méthodique de compétences, dès l'école et le collège, peut sembler une voie pour sortir de la crise du système éducatif Cette hypothèse se fonde sur l'idée que dans notre société, il est préférable de disposer de compétences (plus flexibles et plus transférables que des connaissances) et sur l'idée selon laquelle l'école obligatoire doit former dans l'objectif d'optimiser l'insertion sociale et professionnelle. [...]
[...] Pour que puisse se construire une compétence, il faut que le sujet dispose d'un certain nombre de ressources qu'il pourra mobiliser dans le cadre de la construction. Aucune ressource n'appartient exclusivement à une compétence, une compétence peut fonctionner elle-même comme une ressource. Analogies et familles de situations Pour notre auteur, les compétences sont intéressantes car elles permettent de faire face à des familles de situations. Ces familles de situations relèvent d'une typologie personnelle que le sujet élabore au travers de son expérience, elles ne sont jamais fermées et s'enrichissent et s'affinent donc tout au long de la vie. [...]
[...] Créer ou utiliser d'autres moyens d'enseignement Ce sont ici les éditeurs qui sont directement visés, l'auteur rappelle cependant qu'il est possible aux enseignants d'utiliser ce que proposent les manuels dans le cadre d'une approche par compétences en les détournant et en les intégrant à projet personnel d'enseignement. Négocier et conduire des projets avec ses élèves La relation pédagogique est une relation asymétrique. Cependant, l'enseignant (occupant la position haute de la relation) doit savoir quelque peu céder la place à ses élèves et négocier avec eux les projets de la classe. Cela permet d'abord de s'assurer qu'un maximum d'élèves s'impliqueront dans le projet, cela marque également une forme de respect appréciée des élèves et fondatrice de la qualité de la relation entre maître et élèves. [...]
[...] Il ne s'agit plus d'évaluer l'acquisition de certaines connaissances mais de percevoir et d'observer les démarches mise en œuvre par l'élève pour résoudre une situation-problème. Comme le précise Philippe Perrenoud, Il importe que les élèves et leurs parents acceptent que le professeur juge les compétences globalement, en situation, comme on le fait en formation professionnelle . Reconnaître l'échec, ne pas construire sur du sable Cela demande à chacun de se focaliser sur les compétences réelles de l'élève à un moment de son cursus plutôt que de se focaliser sur ce qu'on serait droit' d'attendre de lui à ce niveau du cursus. [...]
[...] L'approche par compétences transforme le métier d'élève, Philippe Perrenoud propose un premier recensement de ces changements. L'implication de l'élève dans la tâche d'abord est beaucoup plus forte, les élèves peuvent donc moins se replier et glisser dans la ‘prudente passivité'[22]. La transparence des procédures de l'élève dans la réalisation de la tâche l'expose aux jugements des autres, l'évaluation de l'élève ne relève donc plus uniquement du jugement final de l'enseignant, elle intègre l'évaluation entre pairs. À ce titre, l'élève se voit quasiment dans l'obligation de coopérer, il doit également apprendre à patienter à différer le plaisir d'avoir finie et réussie une tâche (un projet peut en effet prendre plusieurs semaines). [...]
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