Dans La Nouvelle Question Sociale, Pierre Rosanvallon pense en termes nouveaux sa réflexion sur la crise de l'Etat-Providence. Cette crise dépasse à présent la seule question du financement et de la gestion pour devenir une question d'ordre philosophique. Cela découle du changement de nature de la question sociale. Il ne s'agit plus de relégitimer l'Etat-Providence mais de révolutionner le sens que l'on donne à l'Etat, en raison de la fracture sociale. Face aux problèmes nouveaux, il faut utiliser de nouveaux concepts tels que la citoyenneté sociale, approfondir les anciennes notions du juste et de l'équitable, enrichir le droit social et réinventer des formes de solidarité. Cette réflexion entretient un lien étroit avec les notions de nation et de démocratie
[...] La référence d'équité risque bien plus d'être catégorielle. Nous sommes donc conviés à reconstruire politiquement et intellectuellement l'Etat-Providence notamment à travers une réflexion sur la façon de réconcilier l'individuel et le collectif. III) Commentaires Dans la Nouvelle Question Sociale, Pierre Rosanvallon reprend en grande partie les hypothèses d'analyse qu'il avait posées dans la Crise de l'Etat- Providence. Le constat est toujours celui de la maladie de l'Etat- Providence, notamment parce que les dépenses sanitaires et sociales croissant beaucoup plus vite que les recettes. [...]
[...] En second lieu, on peut surtout s'interroger sur la preuve d'un véritable déchirement du voile d'ignorance. A entendre Pierre Rosanvallon, le fait que les médecins puissent aujourd'hui établir la carte du génome humain suffi à mettre en cause l'ensemble de l'opacité du social. Par ailleurs, si sa vision de la décomposition institutionnelle du système semble fondée, son appel à la reconstruction reste vain faute de propositions claires d'alternatives: certes le paritarisme a fait long feu mais quel est la solution à cet effritement de la représentation sociale? [...]
[...] De plus, existe-t'il ou non un droit au travail? La lutte pour imposer un tel droit ne semble pas aboutir: des ateliers de charité de la fin du XVII ème siècle au concept de " workfare " liant l'allocation à l'obligation d'effectuer un travail régulier, l'incapacité de l'Etat à organiser l'offre de travail nécessaire s'est révélée. Pour éviter l'écueil de l'impossible droit au travail et celui d'une dérive de la contrainte sociale, il faut penser en termes d'obligations positives en passant par des circuits intermédiaires et personnalisés. [...]
[...] - L'évolution démographique fait évoluer négativement le rapport cotisants/bénéficiaires. - Le quatrième est plus original: c'est la " déchirure du voile d'ignorance c'est à dire une meilleure connaissance des risques et des comportements individuels qui permet la remise en cause du système. En effet, le montant des cotisations demandées dans le cadre de l'assurance devient sans équivalent avec ce que la personne peut attendre en retour. Quelle est alors la place du système proprement assuranciel dans le régime de protection sociale français? [...]
[...] Ainsi, sa description d'agences sociales aptes à rémunérer les chômeurs reste sommaire. De même en est-il des propositions nébuleuses tendant à créer une société d'insertion formation d'une économie intermédiaire de l'intégration sociale La " diffraction de social " et la séparation de l'économie et du social sont certes expliquées avec rigueur mais le chemin de la création de nouveaux espaces publics et les voies de la nouvelle solidarité paraissent pour le moment hors de portée. Reste que le propos est particulièrement intéressant et que les travers du système sont bien mis en évidence, en particulier le risque de " salarier l'exclusion Le livre transmet son enthousiasme dans les passages où il appelle à la participation sociale de citoyens actifs au sujet du workfare ou du RMI. [...]
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