Dans cet essai, qui a reçu le prix France Télévisions des Essais, l'ethnologue, philosophe et psychanalyste, Patrick Declerck, nous fait part de la vie d'une population, démunie et exclue, à laquelle il s'est intéressé pendant plus de quinze ans ; celle des clochards de Paris.
C'est ainsi que l'auteur les nomme car « il faut bien leur donner un nom » (p.12). Il aurait très bien pu les nommer autrement : SDF, sans abri, routards, grands exclus, marginaux, mendiants, pauvres, errants, vagabonds. Tous ces termes renvoyant à l'absence de logement, à la rue, à la manche, à la solitude et surtout au phénomène de désocialisation.
[...] Patrick Declerck les aime-t-il ? On ne le sait pas réellement. Il ne répond pas à la question quand on lui pose (p.110) car pour lui l'amour est une émotion, un sentiment. Comme tel il est labile, incertain, ambivalent, trouble et généralement impossible à maintenir longtemps (p.431). Il ne croit pas en l'amour, cependant, on sait qu'il s'est attaché à ces Hommes. Il est des soirs, maintenant que je les ai quittés, où ils me manquent un peu (p.15). [...]
[...] L'état de conscience des clochards est, par conséquent, fortement altéré. La clochardisation peut- être une cause ou une conséquence de l'angoisse, de la dépression, de l'alcoolisme Ces êtres détruits ne peuvent plus être guéris. On ne peut que les accompagner, tenter de les soulager en leur permettant de vivre une vie supportable en les mettant à l'abri et surtout en les acceptant. Pour l'auteur, la réinsertion des clochards est une utopie car pour la plupart ils n'ont jamais vraiment été incérés dans la société. [...]
[...] C'est ainsi que l'auteur les nomme car il faut bien leur donner un nom (p.12). Il aurait très bien pu les nommer autrement : SDF, sans abri, routards, grands exclus, marginaux, mendiants, pauvres, errants, vagabonds Tous ces termes renvoyant à l'absence de logement, à la rue, à la manche, à la solitude et surtout au phénomène de désocialisation. Le titre de l'ouvrage résume bien le sujet que l'auteur aborde ici puisque, à travers se livre, on remarque que les clochards sont bel et bien des naufragés perdus dans l'océan du monde, que les vagues ont fait dériver. [...]
[...] Pour que cela change, il faudrait que le soignant apporte un soutien dans la durée au soigné, malgré ses crises et ses rechutes. En un mot il devrait apprendre à amortir les chutes de son malade sans attendre trop de lui. Le désir de guérison doit donc, ici, être surmonté. La grande désocialisation [qui est une pathologie du lien avec soi-même, avec les autres et avec le monde (p.365)] se maintient, se gère et s'accompagne au cours de la vie et jusqu'à la mort (p.361). Patrick Declerck a su à travers son livre rapporter des témoignages d'une cinglante crudité. [...]
[...] Des corps d'alcooliques, tout blancs, sauf le visage, le cou, les mains, et les pieds qui, eux, sont rouges-bruns (p.53). Un vieillard décharné, tuberculeux, va tousser toute la nuit. Ses quintes sont terribles. En titubant comme un vieux clown, il va cracher dans un coin (p.44) ; il a pu se rendre compte de l'intérieur, mesurer et comprendre l'effroyable détresse de ces Hommes. Il pu aussi observer la violence de certains surveillants et de certains auxiliaires avec les SDF ; une troupe de nombreux indifférents, brutaux et grossiers, auxquels viennent s'ajouter une poignée de sadiques crapules (p.52). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture