Aujourd'hui nous allons présenter le livre « Médecin-chef à la prison de la Santé ». Cet ouvrage a été écrit par Véronique Vasseur alors qu'elle travaillait comme médecin de garde, puis comme médecin-chef, dans la seule maison d'arrêt au cœur de Paris, la prison de la Santé. Basé sur son carnet de bord, le livre relate son expérience de l'univers carcéral. Cependant il est plus qu'un mémoire dans la mesure où il remplit, parfois de manière crue et choquante, une mission politique : dévoiler la réalité de la vie carcérale en France. Vasseur dénonce certes les locaux vétustes, le manque d'hygiène et la violence, mais également le gouffre entre les buts officiels de la prison et la réalité d'un système pénal qui détruit les détenus.
Dix ans après, les choses ont-elles changé ? Quels ont été les apports de ce livre qui a permis à l'opinion française de découvrir la vétusté de ses prisons ?
[...] En 1994, le service médical dans les prisons est placé sous le contrôle du ministère de la Santé, donnant plus d'indépendance aux médecins comme Vasseur. La même année, elle devient médecin-chef, ce qui lui donne plus de responsabilités et lui permet de mieux se rendre compte des dimensions politiques et administratives du problème. Les critiques formulées par l'auteur Vasseur décrit un monde fermé et caché, ou les règles semblent différentes de celles du monde extérieur. Elle dénonce des conditions moyenâgeuses, qui sont dégradantes vis-à-vis de la santé et de la dignité humaine. [...]
[...] En effet, une véritable réflexion sur la prison et sur les peines s'imposent. La prison est certes une sanction mais qui ne doit pas être une fin en soi, seulement une étape du processus de réinsertion dans la société. Or pour elle, ce n'est pas en niant leur statut d'homme aux détenus qu'on pourra les réinsérer. Il faut réfléchir à une politique plus humaine et respectueuse et donc envisager plus de mises en liberté conditionnelle, de permissions de sortie, et développer les solutions alternatives à la prison (contrôle judiciaire, bracelet électronique (PLS). [...]
[...] Par ces premières mesures, le droit entre véritablement dans les prisons. Enfin, en juin 2000, la loi sur la présomption d'innocence crée le juge des libertés et de la détention (JLD) qui statue le placement éventuel en détention provisoire demandé par les juges d'instruction alors qu'une autre innovation majeure rend possible l'appel des arrêts de cour d'assises. Une véritable révolution judiciaire a donc lieu en France suite à la parution de ce livre. De nombreux efforts restent encore à faire. [...]
[...] La presse française mais également internationale s'en mêle dans des éditos édifiants faisant prendre conscience à la population de l'immense misère qui caractérise ses prisons. Deux commissions parlementaires sont constituées et le Président du Conseil de l'Ordre des médecins apporte publiquement son soutien à Véronique Vasseur. Partout en France, les portes des prisons s'ouvrent faisant se succéder des témoignages accablants. La tourmente médiatique et politique entraine l'opinion publique dans l'émotion. Celle-ci découvre avec horreur la honte de la misère carcérale. [...]
[...] Cependant, malgré des ouvrages comme celui de Véronique Vasseur et les nombreux rapports émis, tous ces problèmes demeurent actuels et peu de choses changent. La seule mesure prise ayant été la décision de construire de nouvelles prisons. Conclusion : Pour Véronique Vasseur, il s'agissait d'un devoir moral que de faire prendre conscience à l'opinion publique française que l'état des prisons de leur pays portait un coup de poignard terrible à la belle image qu'ils se faisaient de la République. La patrie des Droits de l'Homme traitait ses détenus dans des conditions indignes. [...]
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